
•Sortie France le : 1er mai 2024 •Synopsis et bande-annonce : etat-limite (via Les Alchimistes Films/YouTube) •Chronique :
Un portrait poignant et d’autres touchants — Des récits de vie peu évidents — Des récits qui informent sur l’état d’un lieu et d’un service public ou plutôt d’une mission d’intérêt général …
Le documentaire se nomme État Limite, mais d’entrée, son atmosphère fait plus ressentir un état d’urgence, une situation d’urgence plutôt !
Clichy, hôpital Beaujon, photos noir et blanc, propos qui informent ou dénoncent, tout est là pour nous faire comprendre beaucoup de choses.
La série de films documentaires de Nicolas Philibert : Sur l’adamant, Averroès et Rosa Parks, La machine à écrire et autres tracas a permis de mettre le projecteur sur le milieu hospitalier, de faire des portraits sur des malades et l’équipe médicale qui les encadrait, ici, nous sommes plus proche de Averroès et Rosa Parks (le second docu de la série de Nicolas Philibert) avec en sus, le fait qu’il montre les liens avec un autre corps de métier, la Police, lui aussi, pas vraiment ménagé.
Si on se permet une micro-analyse, dans ses deux métiers, une évidence est forte, celle qu’il y a des grosses carences côté effectifs.
Si on se réfère à deux définitions d’état limite, le titre du documentaire dit donc tout :
– Déf.1 : « Le concept d’état limite est utilisé dans le langage courant pour signifier la difficulté, voire l’impossibilité de définir une situation, une action ou une personne (borderline) » (cf/ Larousse)
Cette définition correspondrait au contenu du film documentaire « État limite. »
– Déf. 2 : « N’accepte pas l’idée d’être atteint dans son intégrité ni dans son narcissisme. » (cf/ Psychiatrie, Infirmières)
Cette définition, je l’ai retenu pour marquer l’attitude des politicien.ne.s face aux enjeux colossaux qu’il faudrait relever pour éviter des grandes catastrophes dans l’Hôpital public.
État Limite grâce au portrait de ce médecin, on voit, on entend, on comprend un tout petit peu la vie dans ce lieu, un lieu dans lequel le réalisateur parvient à nous projeter.
Portrait d’un jeune homme très investi dans son métier sa mission de service public, le Dr Jamal Abdel-Kader, 34 ans, est là, très très très là et ne semble jamais las de l’être, jamais !
Seul psychiatre de l’Hôpital Beaujon (Clichy, 92) qui contient 464 lits, il conseille, prend surtout le temps de le faire, comme il prend le temps d’expliquer la raison d’une situation pour parfois désamorcer bien des situations. Il dialogue beaucoup, est très dans l’empathie, agit pour faire de sorte que ses patients et patientes se reconsidèrent en comprenant leur état.
Le Dr Jamal Abdel-Kader déambule dans les couloirs d’un lieu qu’il semble connaître par cœur, côtoie bien des personnes victimes de violence ou des personnes violentes qui le sont pour bien des raisons, mais il y a aussi ses collègues qui vivent bien leur métier ou d’autres comme cette stagiaire en psychiatrie qui évoque ses angoisses liées aux cas qu’elle gère. Cet instant et un second – sur la dégradation de la qualité de service et la fatigue côté moral – qui sont des échanges ouverts où la confidence d’état d’âme sert d’exécutoire sont assez forts.
État Limite présente le métier du Psychiatre et les « dilemmes » auxquels le Dr Jamal Abdel-Kader dit être en permanence confronté, autant que les différentes situations psychiatriques qu’il doit gérer.
Simple, sobre, fort, instructif, introspectif, touchant, impliquant, mais rageant aussi avec ces propos sur le manque de considération de la part de la hiérarchie – et au-delà – pour le travail du personnel hospitalier, ce qui se dégage principalement du documentaire, c’est de la bienveillance, mais surtout de l’humanisme.
Avec cette attitude, le Dr Jamal Abdel-Kader est-il hors jeu ou juste, dans le bon sens du terme : hors normes !? Bonne toile !
- p.s : L’explication sur ce qu’est l’État mixte (l’état mélancolique), je pense que cela parlera à pas mal de personnes.
Nous sommes en mai 2024 et selon son compte LinkedIn, le Dr Jamal Abdel-Kader a démissionné de son poste en septembre 2023. Voilà voilà !
« Je fais de la relation, je bâtis des relations (…) cela n’est pas quantifiable (…) »
« Dans ce métier, tout seul, on ne peut pas tenir, il faut être un surhomme pour (…) »
« L’environnement urbain est un facteur aggravant de la maladie psychiatrique »
« Je ne suis pas rentré dans ce métier pour faire des choix (…) »