Le combat ordinaire, +++++

 

Nicolas Duvauchelle – Maud Wyler – Des beaux portraits, dans tous les sens du terme.

C’est simple, c’est vrai, c’est fort et beau. Le Combat Ordinaire nous démontre que pour guérir, il faut savoir s’ouvrir aux autres, quitte à se faire violence.
Il est fait de thématiques lourdes qui nous interpellent, très variées et évoquées sans détour.

Dedans, beaucoup de vérités. Que ce soit en regardant ou en écoutant, ce film provoque quelque chose, surtout sur les sujets qui nous touchent intimement et à coup sûr, il y en aura un vous concernant.
Cela ne s’arrêta pas là. Car en un ou deux personnages, le même effet risque de se reproduire.
Mais il n’y a pas que cela bien-sûr. L’atmosphère du film est comme l’environnement dans lequel le photographe se retire. Posé et calme, il apaise ses crises d’angoisses.

Lui en reconstruction et en face de lui, d’un côté en situation négative : d’autres tentant de s’en sortir avec leur passé, avec les incertitudes du présent, et d’autres comme ses parents – dont le père malade – qui ont peur du futur pour lui.
De l’autre en situation positive : le personnage de la vétérinaire et sa belle-sœur enceinte, donc qui avance.
Mention à Duvauchelle qui dégage beaucoup de fragilité et à Maud Wyler dont quelque chose de rassurant émane d’elle, plus que de son personnage. Elle est lumière douce dans tant d’obscurité.
Comme pour montrer qu’il y a toujours pire que soi, le personnage qu’interprète André Wilms n’est pas en reste coté douleur liée à son passé. Malgré le mystère qui l’entoure, au premier abord, c’est l’humanisme qui se dégage en lui que l’on perçoit. On ne sait pas ce qu’il a vécu et où, mais le fait qu’il comprenne si bien le mal de vivre de son jeune voisin – qui lui garde la distance – laisse à penser qu’il en a vu ou fait des Choses.

Malgré la simplicité dans sa mise en image qui est plus austère que la bédé – plus accrocheuse et dynamique visuellement – l’adaptation qui met bien en lumière son personnage bourru habité par ses fantômes et le mal qui le ronge, nous accroche à elle. C’est un tout qui provoque cela ! Les sujets, les hommes, les femmes, les lieux, les métiers… un tout !

Émouvant et parfois énervant, car l’empathie qui nous prend très vite pour cet homme nous pousse à vouloir le meilleur pour lui, oui, c’est un drôle de moment que vous vivrez en regardant Le Combat Ordinaire, car subitement à tous, il nous rappelle que nous menons tous les jours des combats divers et variés pour vivre ou survivre.

Toutes ses rencontres sont belles quels que soient leurs aboutissements.
En effet, il y a beaucoup de belles rencontres, mais celle avec les dockers demeure la plus intense*. Ce n’est l’échange un peu houleux sur fond d’idéologie politique qui est la plus marquante, mais la séance photo avec les portraits de ses hommes que l’on peut considérer comme en détresse. Ces portraits sont très beaux, forts, rendent hommage et témoignent.

Bon film !

 

  • Adaptation cinématographique du premier album de la série de bande dessinée éponyme de Manu Larcenet, paru en 2003 (Lu…après avoir vu le film !).
  • * Scène se déroulant sur le port de commerce de Kergroise.

 

@cineprochereviews