Detroit, ++++

 

⌈     Une intro très créative qui explique efficacement la situation – Un traitement de l’image qui nous met direct dans l’ambiance – Dimanche 23 juillet 1967. Jour 1. « La nuit n’est pas finie ! »   

Des noirs montrés comme des sauvages, des jeunes militaires à cran qui ne cherchent pas à distinguer sur quoi ils tirent et d’autres qui se font tirer dessus comme des lapins.
Première impression, ma première impression, il ne va pas être simple à regarder ce film.

En effet, pendant un long moment, je n’ai pas su comment regarder Detroit, sous quel angle surtout ! Prendre pour argent comptant une retranscription partielle de faits réels montrant que chacun avaient sa part de responsabilité dans ce drame, ou, me convaincre que la réalisatrice voulait dénoncer les crimes s’y trouvant pour expliquer ce qui se passe encore et toujours dans son pays : L’abandon d’un État et les assassinats – bavures policières impunies – toujours subis par les mêmes, ceux qui sont considérés comme des minorités dans une Amérique Great Again ou always, whatever !!! : Les noirs, indiens, immigrés mexicains…
Ce sentiment mitigé vient aussi du fait d’avoir l’impression que la mise en place est plutôt décousue. Oui, Detroit n’est pas simple à regarder, surtout quand on va à la scéance à reculons, du fait de savoir que l’on va voir des vies brisées parce-ce qu’ils étaient noirs et pas forcément parce qu’ils étaient au mauvais endroit, mais aussi des rêves ainsi que des familles brisées, car la déontologie policière s’était fait la malle.

C‘est une rigolade en forme de provocation qui les a menés dedans. En gros, ce qui leur est arrivé, ils l’ont cherché ou plutôt l’égoisme d’une personne les y a tous entraînés. Choquant comme constat ? Il se pourrait que vous déduisiez la même chose en regardant le strict déroulement des faits, si objectivement bien présenté, donc ce ressenti est factuel.
Quoi qu’il en soit, il est évident que cela ne méritait pas ce macabre événement. Si on parvient à ne pas s’énerver, on arrive à prendre conscience que la réalisatrice n’hésite pas à montrer les torts de chaque partie, surtout des flics pourris. Elle pondère en montrant qu’il y a du bon dans les deux camps.
En gros, l’attitude des jeunes noirs étaient limite, mais celle des flics armés et en nombre bien comme il faut, fut très abjecte et Lâche. C’est ce que j’ai retenu de cette grosse bavure policière soutenue par une « justice » inexistante donnant de fait, le droit aux représentants de la loi la possibilité de poursuivre tranquillement leurs actes.

Detroit c’est l’Injustice, une Injustice aussi immense que peut être ce pays, dans lequel être flic, c’est – et non pas c’était – s’auto-octroyer le droit de vie ou de mort en toute impunité avec une justice à sens unique qui n’écoute pas les victimes…quand elles sont encore en vie.
Fruitvale Station vous avait mis hors de vous et Selma convaincu de la méchanceté d’une certaine catégorie de personnes, je crains que cela ne s’arrange guère pendant, voire, un bon bout de temps après votre séance de Detroit, un film où plutôt un témoignage, dont j’ai longuement repoussé le visionnage, par appréhension.
Si vous aviez déjà l’impression qu’il y a une justice à deux vitesses, ce film fait partie de ceux qui prouvent que cela ne date pas d’hier et que cela ne s’arrangera guère demain !

 

  • Film inspiré de faits réels, ceux des émeutes qui se sont déroulées à Détroit et des événements – les agissements odieux, disproportionnés, criminels – survenus à l’Algiers Motel en 1967.
  • p.s :  Je n’ai pas évoqué l’ambiance côté image et autres. Mais y a t-il besoin de le faire quand on parle d’un film de Kathryn Bigelow, une réalisatrice vraiment à part.

 

@cineprochereviews