Yves, +++

•Sortie France le : 26 juin 2019 __ Vu le : 26 juin 2019
•Synopsis et bande-annonce : yves (via Le Pacte/YouTube)

Chronique :

 

Des raps qui laissent pantois, qui ne sont pas dégueu quand on les décortique et dont le flow fait bouger — Un acteur qui fait tout — Fraîchement Space  _

Yves, l’objet n’est pas s’en rappeler celui du film Robot et Frank qui a cette époque, n’allait pas aussi loin côté assistance.

Conceptuellement bien givré, Yves,‎ l’assistant très bosseur, l’ami parfois intrusif, le compagnon, l’esclave plus écolo-responsable-adulte et moins blessant que l’ensemble des membres de l’humanité, est un ami intime imposé qui doit faire face à un réfractaire loser plutôt grand gamin.‎ Quel tableau ! ‎
Parfois drôle ou volontairement ridicule, sérieux quand des bonnes questions sont posées, Yves dévoile t-il les bases sur les futurs rapports non pas entre humains et assistance à intelligence artificielle, mais plutôt entre les humains sous l’assistanat de l’Intelligence artificielle ?
En effet, entre le fait de les rendre de plus en plus « indispensables » et d’être elles-mêmes passablement envahissantes sauf quand elles sont bien efficientes, les Intelligences Artificielles, créée par l’homme qui a utilisé son cerveau pour les inventer, on en est là, si si, en grande partie, ce qu’il y a dans ce film, on en est vraiment là aujourd’hui !
‎Bref, le grand remplacement est lancé depuis longtemps et attention à l’ogre 0-1-0-0-1 qui « apprend » très vite.

Dans Yves, la question de la responsabilisation est très présente.
Pour bien comprendre ce film, il faut prendre beaucoup de recul, avoir un gros sens du second degré, au risque de trouver cela ridicule. En effet, l’humain qui se rabaisse pour avoir les faveurs de la machine, vous risquez de trouver tout ça kitsch. En fait, si on peut dire qu’il s’agit là d’une hyperbole, alors elle fait comprendre que‎ c’est la complémentarité sinon rien.
Pour mieux décrypter mon propos ci-dessus, petit break. Les questions suivantes s’adressent à vous aussi : Pour atteindre le succès que vous n’auriez pas pu atteindre sans elle, ce malgré tous vos efforts, accepteriez-vous votre nullité d’humain et le fait qu’une intelligence synthétique, créée par des…humains, vous y amène au dit succès ?
Toujours pour atteindre le succès, préférez-vous vous faire violence pour vous élever afin de briller par vos propres moyens donc sans céder à la facilité de l’assistance d’une très intelligente machine ? Quel choix feriez-vous ?

« Yves. Rien inventé de mieux depuis l’amitié. »‎ Bien prétentieux tout ça !
Yves ne révolutionne pas la comédie mais à le mérite de poser la question de la solitude humaine, des droits, de l’avenir des relations entre l’humain et la machine.
Comme dans Her, le fantasme de la compagne, compagnon, assistant ou assistante idéal.e est dézingué, à ceci près que dans Yves, la critique acerbe est présentée de façon loufoque décalée.
La machine qui prend le dessus sur l’homme et le seul moyen pour lui de reprendre le contrôle sur elle est tout simplement de se remémorer qu’avant, il faisait sans et que le résultat n’était pas si mal que cela.
Le second degré dans ce film n’est pas dégeulasse, mais je crains que pas mal de personnes dans son public n’accrocheront pas.‎ Oui, s’apparentant à une critique à peine voilée mais peut-être trop originale, Yves qui à une exception près aurait pu être un film de Quentin Dupieux, risque de ne pas faire l’unanimité. Bonne toile !

 

« Le corps n’oublie pas. La vie nous oblige ! « 

 

 

  • p.s :  Bon, la bande sonore est comme elle est, mais elle s’écoute. À défaut du reste, pour Philippe Katerine dans son élément, William Lebghil avec ses expressions faciales qui font tout, pour son très original plan à trois, Yves mérite le coup d’œil.

 


 

@cineprochereviews