Bernadette, +++++

•Sortie France le : 4 octobre 2024
•Synopsis et bande-annonce : bernadette (via Warner Bros France/YouTube)
•Chronique :

 

Film révisionniste ? Film Barbie ou « Potiche 2, » « La revanche d’une blonde » ? Film Historique ?

Non ! Juste un divertissement très grand public qui édulcore peut-être un peu trop la vérité d’une époque, un bon vide-tête qui amuse bien, etttttttt, comme son lancement qui donne le ton, un sacré ton qui annonce la couleur en mentionnant que « C’est avant tout une fiction » , et que par conséquence, « il y a des choses pas toujours vraies » dedans, donc si on s’y  tient, Bernadette, il y a peu de chance d’être déçu.e.s, vraiment !

« Derrière tout grand homme, il y a une femme » , Bernadette, c’est peu de le dire !
La place de la femme en politique, la place de la femme d’un homme politique dont apparemment le destin est d’être au second plan – pas par choix – mais pas de rester inactive, surtout en ce qui concerne les tâches à effectuer pour son mari, haaa, attention, ce biopic qui cache bien son jeu est en fait très intelligent.

Bernadette n’est pas écoutée, pas considérée, Bernadette est souvent rabaissée, humiliée se sent seule, Bernadette ne va pas bien, Bernadette est rancunière, Bernadette se rebelle, et dès lors, Bernadette, la comédie populaire, se transforme en un véritable film témoin de l’évolution d’une époque, où cette femme fière de sa « vieille France » ne voulait plus dépendre de son mari…comme probablement beaucoup d’autres.

Bernadette, la partie comédie !
Légèrement film à sketches, Bernadette s’apparente à un film très nostalgique d’une époque glorieuse française :
// Une femme :
Présentée comme ayant beaucoup d’aplomb et surtout comme étant une femme avec beaucoup d’intuition, le constat est fait que bien malheureusement – pour beaucoup – elle fut trop souvent reléguée en second plan.
Bernadette Chirac est aussi présentée en tant que femme qui comme cela se dit si bien maintenant, s’est sortie de l’injustice de sa condition. N’est pas oublié qu’apparemment elle est une sacrée ‎punchlineuse, une femme très humaine, une femme qui en a vu et en a aussi entendu des choses, une femme humiliée mais qui a toujours gardé la tête haute.
// Son mari de Président :
Tout pour lui et sur lui – il semblait avoir un drôle de concept du dîner en tête à tête avec sa femme – , le feu Président opportuniste est présenté comme un enfant perdu quand sa femme a pris plus d’indépendance qu’elle ne devait, un homme sur lequel il ne fallait pas trop compter pour changer certaines mœurs de l’époque, un homme qui avait un gros souci avec son flaire.
// La classe politique :
– Le film trace un portrait pas vraiment valorisant de nos politiciens et surtout de leurs conseillers qui – propos relevé« ont autant de sens politique qu’un banc de poissons clowns. » Ils vont bien vous amuser !‎
// Jeu d’actrices et acteurs. Elles et ils incarnent des portraits qui sont multiples et très très très diversifiés,‎ c’est du petit lait ! :
– Catherine Deneuve : C’est la récréation dans la justesse.
– Sara Giraudeau : Assure !
– Benoît podalydes, : S’amuse !
– Michel Vuillermoz en Jacques Chirac : Compliqué, mais ça passe !
– Olivier Breitman en Karl Lagarfield : Que du bonheur ! Dommage pour le peu de temps de présence.
– François Vincentelli en De Villepin : L’image de l’homme politique – personne comme l’ensemble des hommes politiques comme lui – prend cher !
– Laurent Stocker en Sarkozy qui tape l’incruste : Quel réalisme et quel régal d’interprétation !
– Des chants par une chorale qui assure : Grave !
C’est simple, dans Bernadette, les seconds rôles pour moi sont des faux seconds rôles, tant sans eux, je pense que le film ne serait pas aussi bon.‎

L’intérêt autre que de passer un bon moment en allant voir ce film ? Se cultiver !
En y regardant de près, il comporte du très sérieux, mais traité avec légèreté.
En effet, la partie moins drôle, la dramatique qui n’est pas éludée et qui pour moi est la mieux traitée, elle comporte une sous partie subtilement engagée qui cultive sur la personne, sur les coulisses, sur l’époque :‎
– Les coulisses sur la vie du couple
– Les coulisses de la vie politicienne avec ‎le machisme en politique.
– Les répercussions de l’incompétence.
– Les us de l’époque avec un traitement lumineux de la condition féminine qui n’épargnait pas les femmes pourtant issues d’une classe sociale élevée.
– La maladie de l’anorexie, avec un hommage – court, mais le fait – à Laurence Chirac.
– En rend un grand à une femme bosseuse, une inflexible dans ce milieu masculin, Claude Chirac. Comme pour incarner la femme libre, indépendante, celle « qui n’a pas eu envie de se sacrifier pour un homme » , cette façon de présenter Claude Chirac n’est pas anodin pour moi.

Fine stratège, mère aimante, femme souvent touchée mais jamais coulée, en fait, ce film, si le contenu est réellement inspiré du vécu de l’ex-Première Dame de France, alors il révèle surtout le côté très féministe de Madame Bernadette qui donc était, voire est à sa façon une féministe et femme politique importante. Oui oui !
Et mea-culpa ! Je reviens sur mes propos en préambule.‎
Bernadette amuse, oui, il le fait tout autant qu’il instruit…comme le film Barbie, dont le faux semblant et le fait qu’il cache bien son jeu rend l’œuvre bien plus intéressante que ce dont on pouvait en attendre.
Le film montre, dénonce, est engagé sur la condition féminine, rend hommage autant qu’il rend – peut-être – justice.
Côté attachement et respect, mais aussi estime, dans les cœurs, il inversera peut-être la place des membres de ce couple.
Bernadette, humour et gravité, le mix est ré‎ussi !
Un petit exemple :
-Lui : « La fidélité ça compte !« 
-Elle : « Ha bien ! En voilà une bonne nouvelle. »
(- Le léger malaise durant cet instant, aie aie aie ! -)
Bonne toile !

 

« Vous n’êtes pas ringarde, vous êtes vintage »

« Pas de contact physique. Chez nous, c’est une question d’hygiène sociale »

« Les français sont peut-être des veaux, mais des gentils veaux. Ils ne sont pas racistes. »

 

  •  p.s :  Le reproche qui pourrait être fait au film, est la très curieuse absence de personnages forts qui ont entouré Jacques Chirac durant son ascension et quand il fut Président (Pasqua, Debré).‎

 

 


 

@cineprochereviews

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