•Sortie France le : 9 octobre 2019 __ Vu le : 10 octobre 2019 •Synopsis et bande-annonce : joker-vostfr (via Warner Bros/YouTube) •Chronique :
La crise — Les innocent.e.s pas vraiment défendu.e.s par le système — « Merde, mais c’est notre monde ça ! » _
« Vous n’êtes pas un gars ordinaire, je le sens ! »
Qu’est-ce qui transforme un être, quel que soit son état mental – sauf si déjà avec un grain – de tranquille à méchant !? La fureur et l’indifférence de son entourage, son environnement peut-être aussi !? De Arthur Fleck à Joker, vous allez comprendre tout cela. De Arthur à Batman, vous allez mieux comprendre…peut-être !
(- En toute objectivité : Joker, TERRIBLE ! Je m’attendais à cela ! -)
Rien qu’arriver à la scène du bus, on s’attache à cet homme après avoir lu ce qu’il y avait à lire et la méchanceté gratuite de beaucoup peut facilement expliquer la raison pour laquelle on prend faits et cause pour lui.
Ce portrait d’homme est intimiste, très bien fait. Il captive, est suffocant, est poétique, est lugubre et son ambiance générale, à vrai dire… pour faire simple, l’ensemble est quasi sans faille. Todd Phillips, son Joker et une certaine idée de sa naissance, je l’adopte !
— Allez, je me débarrasse de ça…qui n’est pas du spoil : Ce film n’est pas un DC Comics et cela se ressent plus qu’il ne se voit, pas un film de super-vilain, mais très film dramatique empreint de psychologie. Des liens subtiles et intelligents avec l’univers de Batman sont discrètement parsemés et un nom revient souvent. On découvre des choses et on en apprend une belle qui fait dire : « WHAT ? » Arthur = fils de….donc…. —
Voilà, retour au film qu’à juste titre, certain.e.s qualifieront d’à part.
Alors, dans ce film implacable qui semble critiquer le cirque de notre monde contemporain, le glissement de cet homme est parfaitement montré, chacunes de ses scènes en sont les témoins.
La folie des affamé.e.s et des désœuvré.e.s est comme une source d’énergie pour lui. Lui c’est Arthur, dont beaucoup se moquent, humilient, que le système brime.
Critique sociétale ouverte et cinglante, comme pour justifier la raison pour laquelle on devient méchant, Joker – pour moi – s’érige en film politique jurisprudence pour tous ceux qui sont à deux pas de basculer vers le côté obscur. En l’espèce, cela ne fait-il pas de lui un film humaniste engagé ?
Film sombre qui fait comprendre que noir c’est noir, à bien des moments il fout les jetons…sans pour autant être extraordinaire côté violence. Tout est bien fait et côté intrigue, il est difficile – jusqu’au bout – de deviner le vrai du faux.
Colorimétrie, musique d’ambiance, des propos et des écrits pour mettre le public à genoux devant une triste réalité qu’il évoque, il y a beaucoup de justesse dans ce qui nous est montré dans Joker.
Avènement d’un méchant, origine d’un sourire et d’un rire : « Sois toujours souriant et aies un visage heureux » (= Happy face), Joker, pas besoin de préciser que Joaquin Phoenix, pour qui c’est showtime, est tout simplement fabuleux dans ce rôle.
Tout dans Joker est fait pour que vous connaissiez mieux le personnage, pour rétablir son image pas du tout bouffon, tout est là pour ne pas le détester. Il y a comme une absence de parti pris ici.
Pour un film dramatique sans réel rythme, il faut avouer que ses deux heures passent vite tant on est absorbé par l’histoire. Et cet épilogue sur le plateau télé : BOOM ! Propos et ambiance lors de ce gros face-à-face, c’est le sens du film, tout ce que ce veut être ce film est cet instant, ce moment qui s’apparente à un verdict, instant où une forme de justice semble emmerger.
Le chaos est là, une jolie chanson l’accompagne, son géniteur : Le Joker, est un méchant bien héros pour beaucoup, une tête de gondole pour frustré.e.s et rejeté.e.s d’une infernale société capitaliste.
Joker n’est pas un film pour celles et ceux qui veulent voir de la violence et des dégâts à tout va. Non, il s’agit d’un film intelligent et intelligemment mis en image où la violence se caractérise plus par cette méchanceté perçue qu’Arthur, un homme malade, va ingérer pour muer en Joker, cet homme qui assume sa violence. Les dégâts sont les séquelles qu’il laissera dans votre tête et attitude en aval.
Le cynisme de certains dans un monde vide de sens, le rire d’un homme qui s’est comme « délivré, libéré, » fait dire qu’est-ce qu’on est bien quand est soi-même ! Ce film le fait comprendre.
Après avoir vu Joker, il vous sera difficile de ne pas aimer ce personnage tant on est pris d’empathie pour lui, malgré la scène dans l’appartement qui amorce la naissance du JOKER. Et que dire de cette sublime danse lors d’une descente d’escaliers, danse qui marque la classe et le bien-être du personnage, que dire hormis : Oui, que la folie semble être chose légère et que se laisser envahir par elle est tentant.
Happy face film… à vraiment visionner en V.O. Faites un gros effort pour voir ce film en V.O, la récompense sera grande, le plaisir immense. Faites-le, faites-le, faites-le ! Re-Happy film !
- Film librement inspiré de l’ennemi juré de Batman, Le Joker, apparu la première fois en 1940. Tous deux évoluent dans l’univers comic book DC Comics.
- p.s : Seul bémol. Autant dans le style esthétique et physique, ce Joker ressemble à celui de « The Dark Night » , autant son âge par rapport à celui de Bruce Wayne pose question.
Mais surtout gros dilemme pour moi qui suis fan de Batman pour Batman est entrain d’aimer Batman pour…JOKER…à cause et je dis bien à cause de CE film. Merde alors !
La présence de Robert De Niro au casting, ainsi que l’un des sujets principaux du film qui est le basculement d’Arthur vers le mal à cause de la violence et du cynisme de son monde = Taxi Driver ? Est-ce un pur hasard ou un clin d’œil de génie ? Le personnage d’Arthur de ce 21ème siècle est-il le Travis Bickle du 20ème ?