•Sortie France le : 20 février 2019 __ Vu le : 14 mars 2019 •Synopsis et bande-annonce : graceadieu (via Mars Films/YouTube) •Chronique :
Une entrée en matière qui n’y va pas par quatre chemins — Des entités — Mécanismes _
« Pourquoi toujours remuer ces vieilles histoires. Je prierai pour vous ! »
Comment vous parler d’un film de la sorte !? Un film qui traite d’un sujet aussi grave, un sujet toujours d’actualité, d’actes qui ne semblent pas vouloir disparaître. Comment le faire sans provoquer en vous une montée de violence, de rejet, mais surtout susciter en vous l’envie d’aller au bout de cette chronique. Et bien, pour vous enlever tout doute sur ce qui va suivre, je dirais que tout ce qui se trouve dans ce film, notamment sa forme, sont d’une intelligente justesse et rendent justice à beaucoup sans pour autant provoquer un quelconque rejet ou nausée.
Lyon. Inspiration de faits réels récents avec le personnage de Monseigneur Barbarin et de sa Politique pour qui « Prêtre et pédophile » sont deux mots « incompatibles. »
Grâce à Dieu s’apparente à la version française de l’excellent Spotlight, même s’il s’agit là d’un tout autre point de vue. Toutefois, la similitude de la réaction de certains, surtout côtés parents, est tout autant énervante.
À l’écran, vous aurez droit à des différents cas de figure au travers de portraits de famille chrétiennes pratiquantes ou non et aussi, à des témoignages intimes d’écorché.e.s vifs et vives qu’il va vous falloir encaisser, mais surtout affronter et écouter. Parfois, cela sera difficile et dur, j’en conviens !
Oui, le récit de certains actes ainsi que certains propos peuvent être compliqué et dur à entendre, des déclarations et révélations qui quelques fois vous feront mal. Ils ne sont là pour le voyeurisme, mais pour nous expliquer la situation peuvent aussi être délicat comme instants.
Cette situation est la sacralisation, par une Institution, d’actes horribles en se mettant des œuillères, en mettant la poussière sous le tapis, en préférerant laver le linge sale en famille plutôt que d’y aller franco pour mettre fin à ces dits actes.
(extrait d’un échange en le prêtre pédophile et une de ses victimes)« Oui il y en a plein d’autres comme vous. C’est une maladie, je n’y peux rien »
« C’est une maladie, je n’y peux rien. »
Une maladie que l’on prend pour excuses, mais que l’on fuit par lâcheté. Le décalage entre ceux qui on fait subir et qui ne comprennent pas la violence de ceux qui réagissent suite à ses abus, même passés, c’est cela qu’incarne le titre de ce film.
« Grâce à Dieu » est une expression vite fait qui minimise la gravité et on la comprend quand elle est prononcée : « Grâce à Dieu, tous ces faits sont prescrits. »
Des mots qui retentissent, vous traversent le corps et que vous devez plutôt entendre de la sorte : « Ouf, heureusement que… »
Pédophilie et tardive prise de conscience qui peuvent s’expliquer par le fait de se sentir petit devant son bourreau ou les responsables muets, ici, les représentants de l’Ordre moral qui protège une puissante institution, laquelle a ses priorités qui ne sont pas les victimes ; Une intermédiaire dont on ne sait pas trop quoi penser, qui en incarne beaucoup d’autres, beaucoup de personnes au courant de ce qui se passe car au premier rang, mais qui n’ont rien dit et parfois rien fait ; Des parents et leurs choix..différents cas ; L’entourage des victimes ; Croyance et foi plus fort que morale et devoir.
Grâce à Dieu évoque beaucoup de chose : La famille, le silence, la douleur, les cachoteries, l’amour, mais point de résilience. En effet, il n’y en a pas dans ce noble combat qu’est d’obtenir la reconnaissance d’une souffrance provoquée par des personnes de confiance ou des référents.
Il aborde aussi les reactions de ceux qui veulent passer à autre chose et préfèrent garder leur souffrance en eux, ceux qui recherchent la sanction contre les prêtres pédophiles…désolé… « pédosexuels » , la question du pardon et de la rédemption, l’impuissance de ceux qui pourtant savent, ceux qui ne veulent pas être salis, des parents face à la souffrance de leur adulte d’enfant, parents eux-même en souffrance.
Il n’oublie pas la culpabilité de toutes sortes et de part et d’autre, la peur, le besoin de reconnaissance pour passer à autre chose, question d’avancer ou de continuer à avancer plus sereinement, la parole qui prend du temps pour se libérer.
Vous comprendrez que le fait d’agir, même tardivement, n’est pas pour se venger, mais pour la justice, ainsi que pour avertir et protéger d’autres. L’altruisme !
Sincérité d’un ensemble. Un ensemble, c’est ce film qui se regarde ou plutôt qui s’écoute malgré la dureté de son contenu qui est sans haine, un ensemble sans ressentiments qui nous offre un film vraiment très intéressement. Ce sont surtout les échanges, faits de façon originale (en voix off) qui donnent du rythme.
Suivre non pas une croisade contre l’institution Église Catholique, mais une quête résidant dans la volonté de faire de sorte que cette Institution évolue pour être pérène grâce à celles et ceux – ses pratiquant.e.s d’aujourd’hui et de demain – qui ont encore confiance en elle, confiance peut-être plus sans réserve, Grâce à Dieu prend ses responsabilités en dégageant cette volonté militantiste.
Forme, fond, personnages, interprétations, ce captivant récit, fort et riche en contenu, est utile, ne souffre – pour moi – d’aucun défaut. 2h25 dont on ressort sans haine, mais pas sans être troublé.e.s ! IL FAUT LE REGARDER !!!
« Mettre des mots sur des actes. Cela fait du bien à la tranquilité de l’esprit »
- p.s : Croyant.e.s ! Rassurez-vous, la Chrétienneté n’est pas n’est pas la cible de ce film. Il est bien au-dessus de ça !