Les Rascals, +++++ ♥♥

•Sortie France le : 11 janvier 2023
•Synopsis et bande-annonce : lesrascals (via The Jokers/YouTube)
•Chronique :

 

Surprise — Grosse surprise — Bonne surprise …

1977-1984. Paris dans les années 80, une période à forte effervescence sociétale. Sa proche banlieue, ses jeunes‎ insouciants et leur espoir, ses jeunes violent.e.s, sa Police, son racisme, ses antillais, ses arabes, ses immigrés, ses fachos, le début d’un mouvement, Les Rascals, boum, uppercut !

Les Rascals, ce film pourrait vite se résumer ainsi : Des faux semblants avec des personnes qui cachent bien leur jeu ; Des discours qui entraînent les esprits fragiles voire désespérés, esprits en quête d’un place et que les fameux discours protègent de leur tort même très grave ; Le karma et des effets papillon de folie. Voilà !
Mais Les Rascals peut aussi se résumer de la sorte :
Un qui semble tout faire pour ne pas s’attirer d’ennuis, mais malgré sa bonne volonté, oups ; ‎C’est dans l’adversité que l’on reconnaît ses amis.
Mais voilà, Les Rascals, il y a tant d’autres choses intéressantes à dire dessus, qu’il m’est impossible de restreindre mon ressenti à ces quelques lignes, donc let’s go !

Il n’y a pas de fumée sans feu ! Comment bascule-t-on ?
Un acte passé avec de la rancœur en suspens, une vengeance, des divergences d’opinions, une rencontre, un téléphone arabe avec de la grosse friture et c’est le début d’emmerdes qui ne semblent pas partis pour se régler en mode tranquille. En gros, à peine à moitié de film, on redoute la suite et donc l’épilogue. Oui, déjà à ce moment du film, nous sommes conditionné.e.s au pire – tant cela semble inéluctable – tout en espérant qu’il ne se passera rien de trop grave.

Instructif. La montée en puissance de l’esprit fasciste en France qui était dans toutes les classes surtout dans la haute société est, par le biais de ce récit, présentée d’une intelligente façon.
Si vous aimez les histoires originales, alors celles qui vous sont ici proposées comme cette réponse aux Skinheads français, avec des jeunes personnes qui sont montrées comme ayant été les membres de la première heure du mouvement AntiFa en France, vous trouverez le film très intéressant.
Il y a bien d’autres qui sont – je me répète – originales et qui vraisemblablement ont été tirées à tous les niveaux de faits réelles ou de ‎vécu personnel, Les Rascals étonne.

Ce film c’est de la DÉCOUVERTE pure, surtout quand on est antillais, avec justement‎ des antillais dont on n’a pas trop envie de se moquer. Il présente l’Extrême droite – pas le Front National, non les u‎ltras ultras qui trouvaient ceux du Front trop mous, mais qui les ont aidés à monter.
Les Rascals relate aussi l’époque de la France et ses enfants d’immigrés devenus français ou la France et ses noirs français, tout deux très conscients du rejet qu’ils subissaient.
L’amitié, le rejet, les rancœurs, la haine, l’amour, l’enrôlement, etcetera…, ce film paradoxalement est une bouffée d’air qui présente une époque où la jeunesse Française pluri-ethnique, c’était quand même autre chose.

Du rock chanté en créole, ça c’est de LA découverte pour moi !
La grosse surprise qui est d’entendre du kréyol dans une bonne partie du film (- Pas de caricatures ici, ouf, enfin, cela a pris du temps à venir au grand cinéma -), des histoires qui sont tout aussi belles que poignantes, musique de toutes sortes, gueules de beaux gosses dans une bande de potes très hétéroclite, un rythme plaisant car dynamique, très sérieux, aussi haletant qu’intéressant, Les Rascals est un film respectueux de tous, les faits et agissements même révoltants sont montrés de façon assez objective.
Les Rascals est aussi un bouillon de culture (rockeur antillais, Black Panther parisiens, Skinhead,…) qui comporte bon nombre de clins d’œil pour rappeler le sort d’antan – pas vraiment disparu – que subissent des personnes issues de certaines communautés.
Une scène incarne cela, elle est flagrante, comme pour aussi se remémorer un nom : Malek Oussekine. (voir film « Nos Frangins » )‎

Les Rascals. Me concernant, le ressenti est pour l’histoire mais aussi pour une agréable découverte, le travail d’un réalisateur que je vais suivre…si tant est qu’il continue dans ce créneau, c’est-à-dire dans le cinéma de genre, le sociétal et engagé, celui qui rend justice en dénonçant de manière efficace et objective, en se mettant à la portée de tous, celui qui rend justice en rappelant des choses, celui qui met en avant des oublié.e.s méritant que l’on parle d’elles et eux, celui qui éveille ou tient éveillé. Bonne toile !

 

 


 

@cineprochereviews