Tár, +++-

•Sortie France le : 25 janvier 2023
•Synopsis et bande-annonce : tar-vostfr (via Universal Pictures France/YouTube)
•Chronique :

 

Actuel — Riche — Nécessite un minimum de connaissance sur les néo-citoyen.ne.s, et d’être au courant des faits d’actualités sociétaux de notre temps …

Un film nommé désir. À l’image de son introduction, où on regarde des gens se raconter, se lancer des fleurs, bref à être dans leur monde et ses satellites – ici c’est celui de la création musicale d’excellence et de l’exigence – tout du long de ce poussif film, vous découvrirez un milieu professionnel où être gentil.le n’est pas la norme, où souffrir d’hyperacousie‎ n’est pas une chose facile à vivre, surtout quand en permanence, on est en état de stress. Mais Tár, il faut surtout s’installer dans son siège et laisser venir.

Vous ne sauriez pas que Cate Blanchett est une actrice de talent et vous tomberiez par hasard sur la vidéo de son entretien public (la scène d’ouverture), vous diriez : « Je veux voir une représentation de cette Cheffe d’orchestre avant-gardiste ! »
En effet, elle est fascinante quand elle s’exprime et évoque son métier, elle nous fascine par ses propos et sa présence, une présence qui tout du long nous captive. Et là, je ne sais plus qui suscite cela, l’actrice ou son personnage ?

Tár ?
Le POUVOIR de la célébrité, d’être influente, en posséder, en jouir, en abuser ?
Avec une cheffe d’orchestre de renom présentée en femme – lesbienne – de pouvoir, donc une femme qui décide, contrôle, soumet dans le sens que les choses doivent être faites comme elle le veut et n’est pas vraiment du genre à faire dans la concession, elle obtient ce qu’elle veut sans qu’il n’y ait de contestations tant elle fascine plus qu’elle n’est crainte, d’accord ! ;
Le wok anti-universalisme – donc le contraire du projet – avec ses néo-moralisateurs qui desservent en remettant en cause le savoir des personnes ouvertes d’esprit qui prennent le passé culturel comme une richesse, et même si les temps ont changé, estiment qu’il ne faut pas tout mélanger, qu’il faut prendre du recul et éviter les amalgames, d’accord ! ;
La thématique MeToo. Oui ! ;
La problématique du déséquilibre dans un couple – qui ici est lesbien et « travaille » ensemble – avec une qui est obsédée par sa créativité et l’autre qui est pragmatique avec les pieds bien sur terre, et cetera, ‎Tár, en effet, est un film complexe car riche en sujets, faisant que qui aurait fait fi de toute l’agitation récente sur : le genre, le wokisme, MeToo, la cancel culture… passera à côté de beaucoup de choses traitées subtilement dans le film, et ce sera bien dommage.

Oui, Tár est du cinéma d’auteur.
Oui, Tár est un film plutôt intello.
Oui, Tár est un film à la fois inclusif, militant et engagé.
Présentant une dynamique de combat et de revendications mal gérées, on apprécie la tournure des événements, les cinglantes critiques qui s’y trouvent, les remises en question sociétales qui nous poussent à désormais voir certaines choses, situations, et comportements sous un autre angle.

Un constat toutefois, celui que cela va devenir usant si le wokisme qui restreint, annihile la liberté…de réfléchir s’impose. Cette conclusion qui se déduit en une scène et deux actes – le pendant et l’après – durant lesquelles on nous montre ses dérives, dont une conséquence se caractérisant par l’‎accentuation du séparatisme, est inquiétante.
Exemple : « En tant que pan-genre, la misogynie de Bach m’empêche de prendre sa musique au sérieux. »
Et oui, nous y voilà ! Dans ce film, on aborde bien aussi cette problématique qui revient inlassablement : « Doit-on dissocier l’artiste de l’homme ? » (Bertrand Cantat, R.Kelly, Picasso, Bach et consorts.)
Mon propos à suivre n’est pas une réponse, mais la réaction d’une personne qui aimerait qu’on ne lui impose pas les choses, bien qu’être informé ne lui fasse pas de mal, donc :
« Le wokisme qui semble avoir bien été dévié de son objectif de base ou dont une part a mué pour devenir ce que je qualifie de mouvement de pensée excluant, rabaissant, mouvement porté par des néo et pubères moralisatrices et moralisateurs‎ parfois pathétiques qui font plus peur qu’autre chose, voire agacent. Agacent à cause du dogmatisme de certain.e.s qui parfois se mêlent trop de ce qui ne les regarde pas, cela consciemment et sans gêne. ‎Mouvement avec lequel on se dit : fin de la liberté de ton par peur d’écorcher des orgueilleux, ces mêmes qui poussent d’autres à s’auto-censurer question de ménager les susceptibilités ou éviter le « bad buzz » , imposent le politiquement non pas correct mais ultra correct avec s’il vous plaît… de la rétroactivité.
De plus en plus, on trouve cet état de fait dans le monde littéraire avec le changement de termes, titres de livres, mais aussi au cinéma avec des personnages de dessins animés – de l’enfance de certaines personnes qui les ont aimé : R.I.P Pépé le putois – qui sont mis au placard, etc…
Viable par moment, pathétique souvent, c’est usant, à la limite de la répression intellectuelle. » Voilà ! (- Ça c’est dit ! -)

Tár, oui, son point fort est que de multiples sujets sociétaux et actuels y soient traités :
Le narcissisme, propos et comportements condamnables, les réseaux sociaux qui font la loi avec leurs vidéos à charge décontextualisant une situation et qui condamnent sans offrir de prendre le temps du recul ; Le harcèlement dont les protagonistes ont trouvé un terrain idéal qui est internet et ses réseaux « sociaux » qu’elles abritent, avec des pas très courageux et courageuses qui sous couvert d’anonymat se permettent en toute décomplexion des actes et surtout propos répréhensibles. Il serait bon de voir si ils et elles les feraient avec la-les tierces victimes leur faisant face ;
Tár c’est aussi les censeurs de toutes sortes et de générations qui tuent‎ ; Les affres du wokisme dans le milieu de la Culture ; L’attraction physique d’une femme d’un certain âge pour des plus jeunes – inversion et opposition, question de ne pas faire oublier qu’il n’y a pas que chez les hommes hétéros que cela arrive – et cetera, un grand tour d’horizon de ce qui se passe côté attitudes et changements dans notre société contemporaine est réalisé.

Tár !? Pas de grosse tension, car en réalité, il ne s’agit pas d’un pur thriller psychologique avec une noirceur prononcée.
Pour moi, il s’agit d’un film de genre qui parle de la société d’aujourd’hui et le fait que le scénario se déroule dans un milieu de csp+, n’est en rien problématique et c’est peut-être même encore plus éloquent côté exemple.
Ressenti de longueur pour l’ensemble, avec une intrigue qui prend son temps à venir‎, mais le film est passionnant durant les répétitions et les mises au point en tout genre de l’orchestre à la quête de la perfection, c’est sublime, du régal.
Tár, oui, la dramaturgie qui s’en dégage est bien gérée, mais !
Mais désolé, car je trouve qu’il y a eu beaucoup de bruit pour rien autour de ce film. Certes, rien à dire pour l’interprétation de Cate Blanchett et pour la gestion de l’ensemble, mais voilà‎ ! Bonne toile !

 

 

« Aujourd’hui, – à cause de l’influence des réseaux sociaux – être accusé revient à être considéré comme coupable ! »

 

 

 


 

@cineprochereviews

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