La couleur de la victoire, +++++

 

⌈   Nazisme, Racisme – Politique ou plutôt diplomatie, sa force, son impact – Et…oui, du sport aussi   ⌋

On se cultive à tous les niveaux (sport, histoire, la volonté, le courage, ambition personnelle, fait historique…) avec ce biopic se déroulant dans la période de l’entre-deux-guerres en Europe, période avec son atmosphère particulière rarement évoquée sur la grande toile.

Oh ! Un énième biopic sur un pan d’histoire ? Oui et tant mieux ! Car au vue de toutes les conneries qui se passent actuellement, une, voire des piqûres de rappel ne sont pas et ne seront jamais de trop.
Donc, vivement pleins d’autres énièmes biopics de ce type.

Côté film ! On y découvre la vie d’un gars et pas n’importe lequel : Monsieur Jesse Owens* et ses exploits, dans une période pas vraiment évidente. Un jeune homme à l’attitude toujours positive, car sa passion l’animait plus que toute autre chose et qui a souvent eu le cul entre deux chaises, mais avait les épaules suffisamment larges pour faire face à tant d’attente. Beaucoup beaucoup d’attentes, sans oublier le poids du racisme aux États-Unis à cette époque.
C’est aussi l’histoire d’une belle et fructueuse rencontre, ainsi que celui du pouvoir de l’esprit olympique où les compétiteurs osent plus qu’ailleurs quel qu’en soit le danger pour eux. Ça, c’est la seconde rencontre et histoire d’amitié dans le film.

Ce biopic est très intéressant, malgré un sentiment que tout cela ait été très lissé surtout côté racisme anti noir américain au profit du racisme nazi envers les athlètes noirs et juifs. Les événements nazis  en Europe, rafles et épurations qui étaient à leur genèse, sont (très) subtilement évoqués, elles aussi.
Mais, cela n’enlève rien au fait que ce biopic soit passionnant, intense, absolument pas ennuyeux. Le montage et les personnages bien incarnés participent activement à ce ressenti général.

Sous un autre angle, curieusement, il montre et donne l’impression, même encore aujourd’hui, que les Jeux Olympiques sont une grande anti-chambre de la Diplomatie internationale. « L’important, c’est d’y participer » disait le Baron de Coubertin. mais participer à quoi !?!
Entre les athlètes qui représentent à leurs dépens bien plus que leur sport et les problèmes sportifs prenant des proportions de conflits internationaux, la question peut se poser.

Le fait historique, celui au cœur du film, le refus d’Hitler de serrer la main d’un athlète vainqueur de couleur et celle d’un athlète juif. La retranscription de ce acte est brillamment mise en image.
Le réalisateur instruit le spectateur en lui montrant ce qu’était l’organisation des Nazis une méticuleuse organisation de propagande que l’on voit encore aujourd’hui, mais qui s’est démocratisée – et explique bien le pourquoi du refus d’Hitler. Car ç’eut été une humiliation pour lui et surtout une infirmation trop visible à sa thèse, celle que la race Aryenne soit la plus forte. Et ça, les membres du CIO (Comité International Olympique américain) l’avait bien compris. Faire de sorte que le monde ne retienne que l’exploit de son champion et non l’avenant du 3ème Reich d’Adolf Hitler, c’était çà !
Jesse Owens aux Jeux Olympiques de Berlin 1936, c’était po.li.tique !!!! 

Pour autant, le réalisateur va plus loin que tout cela. En effet, il ne met pas dos à dos et ne jette pas l’opprobe sur les athlètes allemands choisi par les Nazis. Au contraire, il donne une âme à certains en montrant qu’ils n’avaient tout simplement pas le choix d’être là, comme pour certains soldats. En fait, il y a beaucoup d’humanisme se dégageant ce film et aussi du militantisme.
Le fait de montrer le ralliement de certains athlètes blancs et juifs américains à Jesse Owens « le noir » – car faire briller la Nation était plus grand que soi – et comme pour ses soldats, montrer que les USA ne tiennent pas vraiment compte de ce qu’ils ont fait pour le pays, sont très clairement évoqués ici. Ce dernier point se confirme avec la scène de clôture du film, devant le restaurant, une parfaite preuve. Il n’y a pas de cadeau fait au héros. Ainsi était l’époque pourrait-il prendre comme excuse ! Cette fin est magistrale, car elle accuse et pousse au questionnement.

Bon film !

 

    • p.s :  Allez, coup de gueule time. Tiens ! Un fait pas récent. Ce fameux comportement où l’exaltation de la victoire peut d’un revers de main vite faire passer au second plan la couleur de la peau, les origines exotiques d’une personne et toutes les remarques ou/et insultes allant avec. Exemple : du temps de Marie-José Pérec quand un Antillais gagnait, le commentateur la désignait comme étant Français. Quand elle perdait, elle redevenait antillaise, donc française de second ordre. En gros tu gagnes, tu représente la Nation. Tu perds, tu es le péquenaud voire l’autochtone de ta région, mais surtout, tu es « d’origine » français d’origine, Breton d’origine, Picard d’origine, Corse d’origine. Cette remarque n’est pas pour polémiquer bien sûr, elle n’engage que moi !
    • Athlète américain considéré comme le premier sportif noir de renommée internationale, et comme le meilleur sprinteur de l’entre-deux-guerres. Quadruple médaillé d’or lors des Jeux olympiques d’été de 1936 à Berlin (cf : Wikipédia)

 

@cineprochereviews