Les grands esprits, ++++

 

⌈   Un intransigeant – H4* et beaucoup dans leur petit monde – En mode Christophe Colomb débarquant en Réseau d’Éducation Prioritaire dans le 9.3 ?   ⌋

Faire bonne figure quand on va apporter la richesse parisienne aux rats de laboratoire en banlieue ? Vous commettriez l’erreur de ne voir que cela dans ce film plein de bonnes vérités non éludées.
Exemples :

« La résignation acquise, c’est le fait qu’à force d’échec, on se résigne »

« Les élèves auront de meilleur résultats si les professeurs croient en eux. Il n’y a pas de mauvais élèves »

« Les élèves ont besoin d’un métier pas d’un casier »

« Ça sert à quoi tous ces CD ? » (Conseil de Displines)

Oui ok ! En début de film, on assiste à un changement de décor assez caricatural, comme une punition pour un qui aurait dû se taire. Mais bon, il est rare qu’il en soit autrement au ciné, rare que la banlieue parisienne et ses résidents y soient respectés.
Les Grands Esprits c’est observer l’intégration d’un professeur qui ne se résigne pas, à l’inverse de tant d’autres de ses jeunes collègues désabusés, et qui bien au contraire, a décidé de faire les choses avec eux et non pour lui. En somme, il s’adapte et de façon plutôt intelligente.
D’une certaine manière, « les grands esprits » se rencontrent et au final, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un Christophe Colomb mais plutôt un chevalier blanc en lutte contre la fatalité qu’est l’échec scolaire et donc celui de ceux censés transmettre.

« Est-ce que c’est eux qui ne veulent rien apprendre ou c’est toi qui n’arrive pas à les intéresser »

Film sans fard – même si l’esprit comédie est dominant –  sur le rapport humain et le métier de professeur d’aujourd’hui, Les Grands Esprits s’apparente à une gentille critique d’un système à deux vitesses. On y voit des professeurs un peu désabusés, dont une au bord de la dépression, et en face d’eux, ce prof venant d’un grand lycée parisien qui comprend qu’il faut prendre du recul pour bien excercer son métier. Nul héroïsme de sa part, il fait son métier et de manière consciencieuse, en se posant des questions auxquelles il tente d’apporter des réponses.
En effet, ce film est à deux visages ou en tout cas, on peut le voir ainsi. Car, en même tant qu’il est une radioscopie sur un certain système éducatif français, il est une fenêtre ouverte sur la désillusion de membres du corps enseignant. Donc oui, Les Grands Esprits est peut-être une vérité abordée sans gants, sans être pour autant très méchant, malgré le fait  qu’il se peut que vous y voyez un brin de caricature.

Donc sympa comme film. Son principal voire unique défaut, est peut-être, de trop osciller entre la comédie et le dramatique. Car au début, c’est compliqué, du fait de ne pas savoir comment le prendre. Après, cela devient assez intéressant et plaisant. Dès lors, on peut aussi considérer qu’il s’agit plus d’un film sur la détresse du corps enseignant que sur les difficultés des élèves dans un lieu défavorisé mais plein d’énergie. Il ne fait pas dans le pathos du genre : « Ils vont tous être sauvés. » Non ! Il est simple et se veut respectueux de tous.

Ma scène : Celle de la chorale avec les gros plans durant le chant.
Bon film, bonne toile !

 

  • p.s :  Rhaaa ! Insupportable cette figure de style qu’est le « Tchiiiiip » , le fameux son du mépris, que je ne supporte vraiment plus, et ce, malgré le fait de l’entendre depuis mon enfance.
    *Le Lycée Henri IV.

 

@cineprochereviews