Un beau soleil intérieur, +++-

 

⌈   JULIETTE – BI-NOCHE   ⌋

Avec une scène d’intro ne mettant pas le masculin sous son meilleur profil, en tant qu’homme, on se dit que l’on va morfler devant ce film avec des âmes en peine qui peinent à vivre.

Hé oui, un début poussif avec un « gros con » et « des belles paroles. »
Exemple de dialogues « soft » entre sa maîtresse et lui :
Elle : « – Tu as fait l’amour ce weekend ? »
Lui : « – Bah, je suis marié ! »
Lui : « – Je ne quitterai jamais ma femme. Tu m’enchantes, mais j’ai une femme extraordinaire. »
Elle : « – Quoi, ce n’est pas passionnant d’être banquier ? »
Lui : « – Mon travail est une aliénation »

Voilà, ce dit début de film donne envie… de gerber devant tant de cynisme et de narcissisme.

Aller voir Un Beau Soleil Intérieur, c’est suivre l’histoire d’une femme en dépression à la recherche d’une chose universelle (pour certains) : l’amour. Mais, c’est aussi suivre celles d’hommes qui ne sont pas à la hauteur, comme cet artiste en peine, qui peine à dire les choses, mais qui comprend sa maîtresse artiste en peine. (- Vous suivez !? -)
En fait, la première demi-heure du film est dure et cruelle car c’est sur la lâcheté et le mal-être des êtres en peine que l’on s’attarde, la mise en scène nous y pousse.
Dans cette histoire de vie, la complication des choses survient du fait que le « un pas en avant et deux en arrière » soit constant.

Ce film est cruel de réalisme, d’où certainement l’impression qu’il s’agisse de la retranscription sur grand écran d’un instant de vie.
L’attente, le désir. Est-ce une question d’âge ? Agir plutôt que de parler, surtout pour ne rien dire.
C’est une comédie dépouillée que vous regarderez, avec des discussions bien en longueurs car il y a des dires dans des dialogues qui ne servent à rien, des gros plans sur les personnages ou juste sur une partie de leur corps pour le côté intimiste, une image pour évoquer une situation ou l’expliquer, le tout pour nous faire travailler les méninges. Le dernier point s’apparente à la fameuse citation : « Un dessin vaut mieux qu’un long discours.« 
Du coup, Un Beau Soleil Intérieur se caractérise comme un film dramatique et un film d’auteur plutôt qu’à une comédie romantique -comme pourrait le laisser entrevoir sa bande-annonce, beau contre-pied- dans sa manière d’être filmé et son ambiance, du coup, il provoque de l’attente aussi chez le spectateur.
Alors, si on le prend comme une œuvre rendant hommage aux films mélodramatiques qui passaient à la télé dans les années 80 et avec ce petit fond de jazz qui parfois l’accompagne, oui, ce film doit se regarder d’une certaine manière pour être apprécié. Ce fut le cas pour moi, qui avant ça, commençais à très sérieusement m’ennuyer devant ces turpitudes et remises en questions permanentes.
Car comme un hamster dans sa roue, notre héroïne, éternelle femme amoureuse malheureuse, tourne en rond dans sa quête du bonheur et du bien-être intérieur. Tout le monde la trouve bien, mais personne ne veut répondre à son attente.
En assistant à ses discussions menant droit au mur et à son volontarisme maintes fois mis à mal, au bout d’un moment, sa situation suscite de l’apitoiement. En effet, on peut se retrouver à avoir de la pitié ou seulement de la peine pour cette femme qui « s’emmerde » avec des personnes qui ne lui apportent rien de concret. Elle ne sait pas ce qu’elle veut, elle s’embarrasse, voilà ! Pourtant, elle est intéressante à l’image de la discussion qu’elle déclenche dans le taxi, qui un apaisant échange. Mélancolique et court, mais agréable !

Ce film dramatique grave est très porté sur la psychologie féminine et la lâcheté masculine, l’affection, la vie enchantée des mondains quoique parfois satirique – involontairement peut-être – enfin, espérons-le.
La discussion au restaurant entre notre héroïne et son pote qui la persuade qu’elle ne sera pas heureuse avec quelqu’un « hors » de son milieu est aberrante, hallucinante surtout et incarne ce côté satirique, mais surtout, contraste avec l’autre discussion, celle dans le taxi.

« Il n’y a pas un couple qui peut vivre dans sa bulle, sans environnement social. » (- Bien dommage -)
Toutefois, ce film nous aide à faire un éclaircissement important sur deux choses que nous confondons : Tomber amoureux et être sous le charme. L’un demande une implication pleine et entière au risque de se consumer. Pour le second, le plus important est de ne pas s’impliquer, car la relation n’est pas faite pour durer.

Sans spoiler, la dernière scène est la synthèse d’un tout, mais surtout du ressenti que ce film aurait pu être une pièce de théâtre. Son face à face final -auquel on ne peut que trouver de la beauté-illustre mon propos. Il est un original épilogue, certainement le plus bel instant du film.
Bon film, et soyez « open » devant lui !

 

  • p.s :  Merci Josiane Balasko. Fidèle à elle-même, spontanée.
    The Julian Siegel Quartet pour la musique jazz, je vous conseille la bande son de ce film.

 

@cineprochereviews