Doubles vies, +++++ ♥♥

•Sortie France le : 16 janvier 2019 __ Vu le : 5 février 2019
•Synopsis et bande-annonce : doublesvies (via Ad Vitam/YouTube)

•Chronique :

 

Le milieu de l’édition..comme une mini décortication — Échanges sur le milieu politique — Dans ce film de « couples » sinon de duos, il y a des dualités en tout genre, trois thèmes, qui en douceur, font passer quelques pillules…mais parfois de travers _

 

« J’ai plus de lecteurs sur mon blog que des lecteurs de livres. Ils me lisent plus facilement en ligne que sur papier. »

Dans l’air du temps sur ses deux sujets principaux, rarement un film – plutôt cérébral – a autant accroché mon attention, alors qu’à l’écran rien de spectaculaire, mais tout y est intéressant et surtout enrichissant.
Ne paie pas de mine, cache bien son jeu‎, se déroulant pour l’essentiel dans le microcosme parisien‎ – ce qui ne lui enlève rien – on prend du plaisir à écouter ce qui se dit dans ce film, tout autant que l’on prend à le regarder. Serait-ce là une formidable interprétation non dévoilée du concept du livre audio !? CQFD !

Le mépris du politique envers les autres, ‎la différence entre l’ancien monde de l’ecriture et les nouveaux médias (l’accessibilité donc), ‎les différences de point de vue ou plutôt des divergences d’opinions pas tristes à entendre car il y a là beaucoup de critiques pertinentes qui sont empreints d’objectivité, Doubles Vies est une intéressante œuvre entre deux-eaux qui nous plonge dans l’univers de l’édition et de son « impitoyable univers. » Elle évoque, en même temps et de façon naturelle, ses univers connexes attenants.
En effet, ce film dans lequel‎ vous apprécierez Guillaume Canet en mode sobre, très à l’aise dans son rôle d’éditeur impliqué, bien conscient des bouleversements dans son métier et du fait qu’il ne faut pas faire dans l’immobilisme, pragmatique donc, et bien Doubles Vies est comme une étude de cas avec une grosse problématique : « L’avenir du livre en France et dans le monde. » , problématique qui suscite une grosse interrogation type : « Le monde du livre physique est-il incompatible‎ avec celui du numérique ? »
Ici, pas de réponse arrêtée, mais beaucoup de pistes et des intéressantes.
Une chose est certaine, de longs échanges entre-vous sur le contenu du film peuvent se déclencher après son visionnage.

« C’est dingue ! Les gens lisent des livres sur smartphones ! La fausse poule aux oeufs d’or l’ebook (le livre numérique) a reboosté les ventes du livre classique. »

Numérisation donc dématérialisation (qui se transforme) très avancée d’oeuvres intellectuelles versus les œuvres physiques qui remplissent des bibliothèques et librairies  (qui restent identiques), ‎les oppositions sont judicieusement amenées et font preuves d’un non parti pris.
Pas vraiment comédie, ni film dramatique, plutôt philosophique et satirique, les longueurs et échanges parfois tortureux sont intéressants dans cette œuvre cinématographique qui évoque le ‎métier d’écrivain et celui d’éditeur, les liens, les points de vue à respecter mais surtout à prendre en compte.
Vous découvrirez ou redécouvrirez un petit monde qui s’apparente à un noyau, ‎vous y verrez des pourfandeurs du livre pas vraiment contre l’adaptation au marché, entendrez des points de vue discutables, comprendrez mieux les inspirations de l’écrivain, prendrez acte de la valeur marchande de tout, accepterez ou pas le fait que le monde du livre soit désormais un MARCHÉ avec des ses impératifs.
Mais aussi film sur les lecteurs d’aujourd’hui et de demain, Doubles Vies fait la prospection du monde de demain du livre, sans la critiquer, sans s’y heurter. Donc avec une certaine intelligence, il semble dire – et pas se résigne à faire le constat – que c’est un avenir inéluctable, avenir qui avance à grands coups de 0-1-0-1-00-1… malgré l’institution qu’est en France le livre, un « objet » culturel.
Un film moderne qui parle d’un mastodonte que certain.e.s doivent démocratiser sinon désacraliser, c’est en partie ça Doubles Vies.

En somme, ce film défend le milieu littéraire, fait de sorte de ne pas trop faire peur en ce qui concerne « le changement » et peut-être « la fin d’un ‎monde. »
Comme je le relevais en début de ressenti, ce film est à visages multiples – qui aurait peut-être pour seul défaut une impression de longueur…qui se ressent uniquement sur sa fin – sera un précieux outil pour tout.e.s libraire.s s’intéressant à l’évolution de son métier et de tout l’environnement de son univers. Il le sera aussi pour celles et ceux qui s’interrogeraient sur comment cela se passe dans ce milieux…les curieux et curieuses quoi !
Sa conclusion. Le monde du livre doit s’adapter car il n’a pas le choix. Cela n’empêchera pas le support papier de cohabiter avec LUI, le marché du livre numérique.
Bon ! Si avec tous ces arguments, votre curiosité n’est point attisé, je rends les armes…non sans vous souhaiter bonne autre toile tout de même !

« C’est internet qui a libéré la parole ! »

 

  • p.s:  Découverte : « Book machine. » Impression à la carte directement en librairie. Quand on découvre ce que c’est, on se dit qu’il y a encore beaucoup de choses à connaître du monde du livre.‎

 


 

@cineprochereviews