•Sortie France le : 27 septembre 2023 •Synopsis et bande-annonce : leprocesgoldman (via Ad Vitam/YouTube) •Chronique :
2023_166_ LE PROCÈS GOLDMAN +++++ +
(Sorti le 27.9.2023 // Vu le 1.10.2023 à 16:30)
Un combat de jeunes coqs — Combat de classe sociale — Un homme avec un sacré aplomb, dans un film qui magnifie l’éloquence et quel plaisir ! …
Années 1970, la peine de mort était active.
Film de procès très politique et social, mais surtout film sur un homme qui avait des valeurs, donc si comme moi vous aimez les films de procès, je vous recommande vivement Le procès Goldman, très vivement même !
Au passage, question de rester concentré, je vous conseille de choisir une bonne place.
Le procès Goldman, on y est, on assiste à ce procès et ce que l’on vit, ainsi que ce l’on voit, sont passionnants !
Cela peut paraître morbide de ressentir cela, mais le film est exaltant !
Découverte d’un grand orateur qui a su, savait manier les éléments comme le doute et les ambiguïtés liées à ses origines juives, il immisçait ou créait ces sensations avec des sacrées questions qu’il posait au Procureur, à l’ensemble des personnes présentes dans le Tribunal, il est aussi montré le fait qu’il a su se servir du racisme de l’époque avec la présentation d’un cas de figure qui ne pouvait être contesté : celle de l’iniquité administrative avec le traitement côté reconnaissance entre un résistant juif et un officier de réserve militaire noir.
Le procès Goldman, je ne vais pas vous ménager, mais dans cette thématique du racisme, là aussi, il faudra parfois vous accrocher par rapport à ce que vous entendrez si vous êtes noir, arabe, juif.
Le procès Goldman ? Le film présente la Justice, le Droit rien que le Droit.
Même si cela peut sembler parfois injuste au moment du verdict du procès de Pierre Bernard Goldman, il y a juste à retenir cette règle « en apparence » très simple qui est que, sans preuve irréfutable et dans la présence d’un doute, celui-ci profite à la Défense. Après, c’est à soi de faire ce qu’il faut.
Il y en a une autre règle très importante, quand on est avocat.e : La vérité du client, sa vérité est la vérité à défendre. Point !
« Police raciste. Justice pour tous. »
Donc, un procès pour deux meurtres que l’accusé nie avoir commis, procès en Appel durant lequel on nous présente des thématiques sociétales tel que le racisme, mais ne sont pas oubliées :
– La Police judiciaire, avec La PJ dans le dur, en gros, le débat et le fait qu’Elle soit mal aimée de tout bord ne date pas d’hier.
– Le jeune et intègre Maître Georges Kiejman qualifié de « juif de salon » par son client. Le rôle de son assistant est valorisé.
– Un public (témoins, familles, amis, journalistes, curieux) qui participe grandement à « l’action » sinon à l’animation du film.
-Des remises en cause ou/et critiques très frontales comme : « Un juif guerrier = Se libérer de la meurtrission d’être juif. » On entend des récits qui font vivre des périodes sombres de l’Histoire. Celle qui résume la vision de Pierre Bernard Goldman sur les événements de Mai 68, on est en mode « Tient, prends ça ! »
Ce film, il y a du monde, il y a plein de choses, et sa grande force est son montage qui au final ne donne pas l’impression d’être si chargé. Du grand art ? Cqfd !
Un président de tribunal qui ne s’en laisse pas conter et encore moins déborder, un avocat de la partie civile vieux roublard, un jeune avocat de la Défense qui doit tenir son client – cet accusé populaire très persuasif entré en compétition avec lui -, un tribunal très animé surtout par l’aplomb de l’accusé qui rythme tout le film, de nombreuses joutes verbales et du tac au tac qui participent à une présentation de beaucoup de critiques sociétales très instructives, si vous aimez les films comportant un gros jeu d’influence, avec une forme qui captive et qui comme moi, vous fait haïr votre vessie quand elle s’y met, car devant ce type de film c’est simple : IL NE FAUT PAS EN MANQUER UNE SECONDE, Le procès Goldman est une merveille d’œuvre cinématographique.
Biopic ciblé sur une période et présentant un homme qui était complexe, plein de « principes », très convaincant au point où moi spectateur, je me demandais s’il n’était pas un schizophrène qui maniait à merveille l’art oratoire pour manipuler même les plus convaincus de sa culpabilité des meurtres dont il fut accusé, son second procès semble faire de sorte que l’on n’ait pas besoin d’en savoir plus sur lui.
De la lecture de deux lettres, puis l’échange qui s’en suit et jusqu’à sa fin, ce film est empreint d’une grande intelligence dans sa présentation (photographie, plans, échanges, termes parfois heurtants, présentation des faits), et rend hommage aux concerné.e.s.
Le procès Goldman, pour moi, c’est Prix d’interprétation masculine aux Césars 2024, ce sera un minimum pour ce film. Bonne toile !
« On ne guérit jamais de son enfance »
« Un État de droit se doit à s’en tenir à ses principes »