•Sortie France le : 11 octobre 2023 •Synopsis et bande-annonce : leconsentement (via Pan-Distribution/YouTube) •Chronique :
- Film tiré du vécu de Vanessa Springora, qui a raconté les faits dans son autobiographie éponyme sortie en 2020 (Pas lu)
Des actes – Des propos – Des…excuses …
Situation d’ascendance psychologique – hors cadre familial – d’un adulte sur une mineure qui dit oui, quand l’adulte doit dire non, emprise et ascendance psychologique, chantage affectif, abus de pouvoir, consentement, fausses convictions, dupée, proie, victime, utilisée, humiliée, le film Le Consentement, par rapport au livre dont il est inspiré, peut-il être considéré comme un outil pédagogique plus largement et facilement accessible à bon nombre ?
Il se pourrait bien que oui pour bon nombre d’éléments ou de raison que je vous invite à lire.
« -Il a 50 ans, toi 14 ans. »
« –Des grands artistes ont vécu cela. Ils avaient leur muse. »
Le décor est planté !
Entre « honnêtes gens » , une jeune adolescente présentée comme telle, c’est-à-dire juste une ado de 13-14 ans, qui s’amourache d’un homme charismatique bien plus âgé car 50 ans, un génie de l’emprise présenté aussi tel qu’il est, le film montre comment s’est opérée l’emprise de l’homme Gabriel Matzneff sur une de ses proies Vanessa Springora, et comme je le mentionne ci-dessus, je n’ai pas lu l’autobiographie dont le film est adapté, donc mon ressenti objectif se base sur ce qui se passe à l’écran et rien d’autre. J’avoue qu’à bien des moments, ce fut compliqué !
C’est le problème avec le fait d’être spectateur d’un film et de ne pas avoir lu l’œuvre écrite de laquelle il est adapté, parfois, l’innocence du regard non biaisé sur ce qui est présenté provoque des surprises, pas forcément des bonnes, ou parfois, fait que l’on se sent stupide à cause d’un certain décalage côté perception et compréhension !
Et flûte ! Je le dis quitte à passer pour un faible, mais malgré le fait d’avoir entendu – bien longtemps avant l’autobiographie – les dénonciations des actes de Gabriel Matzneff avec l’extrait anthologique de l’émission Apostrophes, je n’ai pas honte d’avouer avoir été troublé, souvent surpris, mais très problématique, avoir moi aussi été envoûté – avec un ralentissement de mon rythme cardiaque – par les paroles de ce beau parleur, cela dès les premiers instants du film.
La voix de Jean-Paul Rouve, sa tonalité, les propos, ces éléments ont été tellement bien travaillés que par moment, j’ai eu l’impression d’être hypnotisé par ces éléments.
Le Consentement nous présente une situation, une époque avec son microcosme intellectuel parisien et ses acteurs, le film nous présente des personnes qui parfois sans avoir rien demandé, sont devenues des protagonistes de la perversité d’un homme :
– // « Le scandaleux, le sulfureux » Matzneff : Une situation anormale que bien des hommes et des femmes connaissaient, savaient tout ce qui se passait dans sa garçonnière parisienne. (La scène du dîner mondain au restaurant, houla !)
Tout le monde savait, tout le monde voyait. Les gens de tout âge ont fait avec, car l’homme ne se cachait pas, reproduisait tranquille ses schémas, et il en était même fier.
Comme avec le drame de l’inceste ou la pédophile au sein de l’Église, Le Consentement tire à boulets rouges sur un milieu social, la haute, la bourgeoise dont les membres vivent à « leur guise » , au-delà des convenances et des lois.
– // On y voit le comportement non décrié d’une époque : C’était dans les années 80, il y a juste une petite bonne génération quoi !
Ce comportement par un entourage complaisant, passif (celui de l’homme comme celui de ses jeunes victimes), le genre qui devrait amener à se questionner sur le fait que lorsqu’on sait et que l’on prend la décision de ne pas s’y opposer, n’est-on pas complice.s ?
Ne pas s’y opposer voire pire, comme l’on fait toutes les personnes qui étaient au courant des actes pédophiles de Gabriel Matzneff, on peut mieux comprendre la réaction de Vanessa Springora quand – une nouvelle fois, durant une tradition bien française – à table, des propos de proches du milieu littéraire de Matzneff laissaient à entendre qu’il serait une pauvre victime de « son époque » et qu’elle serait la faible coupable. (- L’envie de me faire toutes ces personnes à la tronçonneuse a été forte -)
– // Des faits et des petits détails visuels qui ont leur importance : Oui, comme la mise au grand jour d’un milieu avec ses codes, ses faux secrets, sa protection.
Il y aussi la religion Catholique, où là, similitude – je l’attaque à nouveau – mais protéger ses enfants plutôt que de les laisser aux mains de personnes qui abusent d’eux et pire, que vous savez qu’elles abusent d’eux, mais quoi, les agneaux et les brebis étaient une métaphore dans la Bible ??????? ;
Des détails, comme une croix portée au cou et faussement inversée, il y en a dans ce film qui dépeint un contexte et fait très bien la même chose avec l’époque et le milieu social ici montrés.
– // Portraits de toutes sortes : avec une ado – ici en manque de repères affectifs qui a trouvé une très grande attention auprès d’un requin qui a senti ou plutôt a repéré cette faiblesse et ce besoin dans sa proie ; Femmes, hommes, milieu social, microcosme, relation homme-femme avec des modèles qui ne sont pas forcément les bons, mais donnent quand même envie ; Une mère – censée protéger son enfant – qui dit des choses parfois très justes comme : « C’est un pédophile. Tout le monde sait ! » , ou a l’air ailleurs du genre : « Oh tant pis ! Mère et femme seule, moi aussi, j’ai mes besoins, surtout d’attention masculine » ;
– // Le film établit pour moi un énième sordide fait qui est que Gabriel Mazneff, avec son ascendant, profitait trois fois de ses victimes : Psychologiquement-Sexuellement-Volait le futur de l’autre dans ses écrits qui relataient ses « initiations » à la découverte de la vie.
Le récit évoque la méchanceté de ce pervers narcissique, dépravé notoire, celle du pédophile fier de lui, lui qui était protégé par les siens et sa notoriété, mais qui perdait pied devant la résistance de sa proie quand elle a décidé de se rebeller.
– // Vanessa Springora ou comment sortir de l’emprise d’une telle personne même quand on dit de vous que vous êtes une fille très intelligente ? En accordant au moins une oreille aux personnes qui semblent vouloir votre bien, un entourage qui malgré votre rejet, ne vous laisse pas tomber ?
Tout ceci, on y a droit dans un film qui n’épargne pas son public et en qui il fait monter graduellement une sacrée gêne tout du long, surtout à l’écoute des propos de l’homme.
Mais oufffff, il montre aussi le courage et la force de résilience d’une victime qui a décidé de ne pas laisser l’acte 4 s’opérer, à et par cet homme qui lui a enlevé beaucoup.
Spoile, et pas vraiment en fait, le film n’apporte pas de solutions sur le comment se réparer d’une relation qui vous a intérieurement démolie, ne le fait pas non plus sur le mode opératoire à effectuer pour reprendre le contrôle sur sa propre vie, non, l’œuvre écrite comme la présente adaptation au cinéma sont des façons de ne plus être que victime, de devenir actrice de son propre drame, elles existent aussi pour alerter les concerné.e.s, bousculer le politique, le pousser à porter son attention sur ce fait de société trop souvent occulté par les gens de cette fameuse « autre époque. »
Le Consentement, j’ai pris un des passages comme un instant qui rendait d’abord un hommage au courage d’une femme d’avoir osé dire très haut les choses sur le plateau et devant les caméras de l’émission française Apostrophes de Bernard Pivot en 1990, il s’agit de feue Madame Denise Bombardier. Puis, le film nous ramène à une triste réalité, celle que les actes de Gabriel Matzneff étaient cautionnés au plus haut, que l’« Abus de pouvoir » dénoncé était un concept d’ « hystérique féministe » , il rappelle une époque durant laquelle Gabriel Matzneff n’a jamais rien risqué judiciairement parlant, et qu’il n’y a jamais eu d’excuses de sa part qui auraient pu permettre à ses victimes de procéder à un début de réparation.
Le film insiste sur ce terme : « C’était une autre époque ! » qui apparemment était la grande excuse pour les hommes comme les femmes qui savaient. (- « C’était une autre époque, » si seulement ! -)
Devant beaucoup de passage du film, il faudra beaucoup prendre sur vous. Bon courage !
Troublant, désarçonnant, allez voir Le Consentement c’est se soumettre à entendre des propos qui traversent le corps et qui au bout d’un moment révulsent.
En effet, Le Consentement, il y a ce que l’on voit et il y a ce que l’on entend.
Les paroles de ce magnétique et charismatique écrivain invité partout, attendu par des fans à la sortie des plateaux télés malgré la connaissance des ses actes, ont agi sur moi, comme s’ils m’endormaient, ils me faisaient baisser la garde, c’est un peu comme l’effet des discours durant un cours de yoga, de sophro, ou lors d’une séance d’hypnose. C’est hallucinant et effrayant comme effet car ces paroles, il faut s’accrocher en les entendant, vraiment !
Ses propos, sa voix, sa tonalité, c’est l’écœurement…en ce qui m’a concerné en tout cas, mais ce fut pire en pensant que la Justice n’a réagi que 30 ans après la dénonciation publique des faits par Madame Bombardier en 1990.
Donc, si vous en aviez envie et que la possibilité durant votre séance vous aurez été offerte de vous saisir d’un marteau pour lui défoncer le crâne, ne vous en voulez pas !
Le Consentement attire aussi l’attention de toutes et tous en montrant le danger dans certains cas des hommes qui savent manier les mots pour embrouiller jusqu’au trouble l’esprit des jeunes gens, les affres sur la vie sexuelle d’une telle relation avec la reproduction d’actes comme par automatismes ou réflexes qui peuvent se traduire par le fameux : « On m’a appris à faire comme cela, donc je fais comme cela. C’est, ce sont mes références ! »
Le Consentement, désolé pour les personnes qui l’étrillent, mais comme certaines personnes le sous-entendent, ce film est très loin d’être aguicheur, racoleur ou de faire fantasmer.
Fait le portrait d’un prédateur sexuel, un pédophilie assumé qui avait sa cour ses entrées partout, un mondain qui n’était pas rejeté du milieu bourgeois auquel il appartenait, lieu où bon comme mauvais, l’entre-soi est exacerbé, peut paraître comme un mode d’emploi pour pédophile ou violeur en herbe allez savoir, Le Consentement, disons que si le jeune public va voir ou échange au sujet de ce film, cela leur permettra d’en reconnaître certains avant de tomber dans leur piège, mais rien n’est moins sûr !
Pas lecteur de l’autobiographie, mais connaisseur de l’histoire via la presse, cela faisait longtemps que je n’avais pas été autant mal à l’aise sur mon siège et devant un récit de vie, c’était bien pire que devant Le Ravissement.
Le Consentement, le film, je l’ai pris comme la dénonciation d’un tout : La pédo-criminalité impunie ; Un pédo-criminel (sa manière de faire, son univers) ; L’incompréhension de la psychologie juvénile face à l’emprise d’un homme profiteur ; Les hommes et le vrai visage de certains qui se dévoile quand une opportunité se présente ; La tolérance qui régnait en ce temps-là, cette fameuse « une autre époque » où la littérature et ses auteurs semblaient au-dessus de la morale.
Un bémol toutefois pour moi, pourquoi le terme Le Consentement plutôt que « Abus d’autorité » qui durant la séance, me paraissait plus adéquat ?
Est-ce parce que le premier qui concerne la victime est plus éloquent que le second qui concerne celui proférant l’acte ?
Don de son accord entier pour un acte (Consentement) avec dans le cas présent, des relations sexuelles et amoureuses… et aussi abusives, car la mineure de 14 ans qui tombe amoureuse et l’a donne à un homme adulte de 50 ans sans sens moral (Abus d’autorité), oui, ce n’est pas parce qu’elle a consenti qu’il fallait. Le film le montre, le fait comprendre, mais comme tout sujet complexe abordé au cinéma, il faut que la visualisation du film par le jeune public soit suivi d’échanges et d’explications, car les propos et images toutes percutantes qu’elles soient, ne doivent quelques fois pas se passer d’un bon débriefing, même si cela peut être parfois houleux.
Le Consentement est encore un film qui provoquera une dualité des sentiments côté ressenti, cela du fait d’être attractif et malaisant.
Le film est beau, instructif – peut-être un peu trop pour certaines personnes qui agissent ou sont dans l’idée de passer à l’acte – et en même temps, il fait rager.
Le contenu est là, entier, sans filtres, mais j’avoue que la détestation du personnage interprété par Jean-Paul Rouve – qui est excellent dans son incarnation de ce carnassier pédophile qu’est Gabriel Matzneff, cet homme qui avait un discours et un processus très bien rodés pour perpétrer ses actes durant un bon moment et cela sans trop être inquiété – fait une grande partie de l’atmosphère malsaine et malaisante du film. Bonne toile ou plutôt bon courage !
« On écrit quand on va bien »
- p.s : Côté actrices et acteurs :
-Jean-Paul Rouve en serpent façon Kaa, le serpent dans Le livre de la jungle : froid, pernicieux, envoûtant : c’est du grand art côté interprétation.
-Kim Higelin lui donne le la.
-Laetitia casta n’est pas en reste.