Le mal n’existe pas, ++-

•Sortie France le : 10 avril 2024
•Synopsis et bande-annonce : le-mal-n-existe-pas-vostfr (via Diaphana Distribution/YouTube)
•Chronique :

 

Une ode à la vie dans un lieu qui vous donne tout ? Ode sur la transmission de valeurs, sur la défense de celles-ci, la défense de valeurs essentielles pour toutes et tous ? ‎ Film politique zen ? …

« Ce que vous faites en amont aura forcément des répercussions en aval. »
Dit comme ça, cela est d’une logique implacable, mais pas pour tout le monde apparemment. Le Mal N’existe Pas ou comment mettre en image ce mal qui ronge bien des lieux : Le tourisme haut de gamme plutôt cause de gentrification, donc qui exclut.

Chasse gardée du tout venant dans un monde qui avance et qui bien souvent ne regarde pas plus loin que le bout de son nez quant à l’aspect néfaste de ses idées de génie, oui, je considère que ce film empreint de grâce et de cynisme est une œuvre engagée.
La façon dont les gens de la ville « considèrent » ceux des villages, ‎ »Glamping » pour camping de luxe, oups pardon, camping glamour (- ha cynisme et hypocrisie, quand tu les tiens ! -), le film balance, mais en mode zen.‎
Assurément engagé sur la défense de l’habitat naturel, Le Mal N’existe Pas est aussi une œuvre à la fois bienveillante, lanceuse d’alerte, un film qui présente un face-à-face entre des personnes tranquilles dans leur coin et d’autres qui débarquent avec leurs idées saugrenues ou plutôt très mal étudiées.

Dans ce film qui présente deux Japon, la problématique ici traitée est la résistance ou la défense de personnes sans réel moyen face à un projet de glamping, un projet pensé par des personnes qui ont du pognon pour celles et ceux qui ont…du pognon, les élites si je puis dire ainsi.
Donc, dans ce film hybride qui à sa manière présente une lutte des classes et est lanceur d’alerte sur la préservation environnementale, vous verrez :
– Des villageois – des autochtones comme beaucoup aiment les qualifier – qui s’opposent au tourisme de masse et aux nuisances qui seront générées à cause d’un site de glamping dans une forêt vierge, une forêt avec un écosystème généreux qui nourrit les villageois du coin, un lieu qu’ils se transmettent depuis des générations.
– Des représentants – bons citadins – sûrs de leur affaire qui rencontrent de la résistance, mais celle qui est du genre réfléchit et qui fait douter, cela dès lors que les concerné.e.s ont un minimum de bonne volonté côté ouverture d’esprit.
– Les autorités politiques qui sont pour le projet malgré ces conséquences néfastes décriées par les locaux.
Oui, le sujet est universel et on dirait un monde sans fin.‎

J’ai trouvé que cette problématique du glamping était très bien trouvée pour évoquer – même si c’est de façon périphérique – les gens qui pertinemment font ce qu’ils font, l’effectuent avec l’aval des autorités politiques qui misent plus sur les enjeux économiques d’un business venu d’ailleurs – ici, c’est Tokyo – et destiné à une niche de clientèle huppée, plutôt que de parier sur les bienfaits de la préservation d’un lieu et la pérennité du confort de la vie des locaux dont le quotidien s’en retrouvera fortement impacté.
Dans ce récit, il y a l’enjeu d’ouvrir les yeux à certains et le film montre qu’il ne faut pas rejeter les gens de suite, pas avant de leur faire comprendre et ressentir les choses, leur faire prendre conscience des choses en les poussant à les appréhender sous un autre angle.
Parle respectueusement de la nature et un peu moins de certains êtres humains, j’ai trouvé qu’à sa manière, cette part du récit s’adressait aussi à nous.

Bien qu’intéressant sur pas mal d’aspect, ‎Le Mal N’existe Pas, c’est quand même : « Ami.e.s de la longueur, Bienvenue ! »
Longueurs, musique douce qui se coupe trop abruptement, manque de fluidité dans le récit, une méchante impression de remplissage à bien des moments, …désolé si j’exprime principalement ce que j’ai perçu comme les principaux défauts du film, mais étant donné que les irritations causées par ceux-ci étaient fortes, c’est vraiment ce qui m’est resté, alors que des moments comme ce qui se passe durant la réunion sont tout simplement essentiels, très instructifs, même si on sait qu’il ne s’agit pas de la première, ni de la dernière action de ce genre. Donc oui, pour ce qui est de mon ressenti, la forme a vraiment pris le pas sur le fond.

Le Mal N’existe Pas, ‎si vous avez un fort besoin de déconnexion, très bien, mais faites de sortes à ne pas trop avoir besoin de sommeil, car devant l’écran, à bien des moments, le trop zen pourrait vous emporter vers Morphée. Bonne toile !

 

 


 

@cineprochereviews