Testament, +++++ ♥♥

•Sortie France le : 22 novembre 2023
•Synopsis et bande-annonce : testament (via TVA Films/YouTube)
•Chronique :

 

« Encore une belle initiative ! »‎ Surprenant résultat que donne cette combinaison du spleen et de l’humour, les genres sont gérés à merveille Le portrait qu’il fait de « convaincus » qui mélangent trop les choses, là, on est en mode pas de quartier, à la sulfateuse, mais gentiment (- Oui, je le reconnais, c’est paradoxal !) …

Film qui se joue des contrastes et qui remet en cause bien des choses comme le wokisme, ce courant de néo-révolutionnaires qui souvent agissent en interpellant des personnes à évoluer sur des idées, choses et autres qui doivent l’être. Mais il y a l’autre versant de ce courant, celui qui impose aux autres bien des contraintes (Steph), comme les obligeant à se réinventer surtout côté langage, donc à se dénaturer oups, à se « déconstruire. »
Je suis allé regarder ce film à l’aveugle, juste sur sa bande-annonce que j’ai vue une fois et whouaw, QUEL BONHEUR !‎

Récit d’un homme qui pense à sa fin… à sa mort, j’avoue que cela n’est pas très engageant comme première sensation pour un spectateur curieux, mais celui qui l’effectue est Monsieur Bouchard (70 ans).
Il est dans son style une personne très attachante, vraiment très attachante et quel plaisir de le suivre dans ce qui s’apparente à un état des lieux qui normalement devrait rendre dépressif. Sauf que, le cynisme qui se dégage du film et le traitement des sujets en mode second degré voire totalement détaché sont si bons que l’on n’a pas le temps d’être triste, même quand des instants s’y prêtent.

L’image d’un génocide annoncé.
Une peinture murale qui interpelle, mais quand on voit comment une génération la regarde, l’interprète, en effet, comme dit un, « On n’est pas sorti du bois ! »
Aller voir Testament, c’est comme regarder nous aussi une peinture pas très engageante ou pas vraiment rassurante.
J’ai aimé ce qui s’apparente à un parallèle entre la fresque murale du XIXème mentionné comme étant de Jean-Joseph d’Aubigny (elle représente la première rencontre de colons français avec des autochtones de l’actuel Québec) qui fait polémique dans le film et les dénonciations de certains actes et comportements de notre ère contemporaine où tout semble subir un recadrage.
Certes, dans quelques cas des recadrages s’avèrent nécessaires, mais parfois, ils semblent friser le ridicule surtout par la méthode ou à cause de la typologie des personnes qui se revendiquent légitimes à les faire alors que non, car le fait de s’être auto-qualifiées missionnaires, et pire encore, quand les personnes qu’elles veulent défendre ne leur ont rien demandé et que cela leur porte plus préjudice qu’autre chose, quelle est l’idée ?
Oui, j’ai aimé ce miroir qui nous fait voir deux rencontres à la potentielle même finalité qui est : la disparition‎ de l’autre.
En effet, le tableau représente une rencontre qui a mal tourné avec les français qui n’ont pas vraiment sympathisé avec les autochtones, quand le film montre monsieur Bouchard, cet homme de culture, tranquille, bienveillant, dépassé par un monde où la forte influence du féminisme, du wokisme, de l’activisme font perdre la boule à des politiciens et politiciennes ici présenté.e.s en équilibristes pathétiques sur leurs échasses et qui se laissent influencer dans leurs décisions, des girouettes en somme.
Donc, un homme désigné comme « boomer » et d’autres de sa génération qui doivent faire face aux nouveaux inquisiteurs que sont ces « néo »de tout, une génération d’activistes qui ne sait rien de tout ce qu’elle pense savoir, mais qui fait la leçon aux autres, impose ses idées qu’elle pense parfois à tort progressistes et qui peuvent faire plus de dégâts qu’autre chose, dénigre les anciens, laisse peu de place aux dialogues et quand il y en a, cela peut très vite tourner vinaigre, vive le XXIème siècle et sa génération dite « Z. »
Mais le film n’explore pas que les oppositions générationnelles entre la « X » et la « Z. » En effet, il y a aussi une loupe sur ‎le nouveau journalisme, celui qui est plus axé sur le sensationnel de l’instant que sur l’objectivité d’un fait qu’il faudrait traiter en prenant du recul.
Si côté forme, j’ai vu juste, alors là très clairement, cette mise en abîme de Denys Arcand* – qui à sa manière se raconte – est le porte voix d’une certaine génération, et ladite mise en abime est excellente ! EXQUISE !

Donc, dans ce film, vous verrez un fil rouge qui est une confrontation de générations, avec des « pas des autochtones, mais des personnes concernées, » qui durant des sacrés moments, certains se ridiculisent vraiment tous seuls.
Il y a aussi des décisions parfois lunaires qui vous feront encore bien rire, comme celle qui a été prise de mettre des jeux vidéos en remplacement de livres, car apparemment les jeux vidéos stimuleraient plus le cerveau dixit les politiques du pays.
Comme je l’ai relevé, il y a la presse qui vraiment déforme, amplifie, fout le…non rien, le film traite aussi le sujet de l’ennui et de la solitude, de la condition des séniors, du passage de témoin générationnel, le fait que comme si un coup de peinture‎ pouvait arranger les choses, changer l’Histoire quand il s’agit d’un passé que certains préfèrent recouvrir pour éviter des heurts plutôt que de l’affronter, l’expliquer, le défendre quitte à déplaire, quitte à perdre des voix électorales, pour les concerné.e.s, ce qui est jugé comme étant un précieux et inestimable patrimoine de l’Histoire du pays, est un bombe à retardement, du sable mouvant pour sa petite carrière.
Parallèlement à ce fil rouge, il y a surtout la terreur wokiste qui comme le montre si bien le film, s’apparente à du terrorisme intellectuel auquel beaucoup cèdent trop vite et quand les influencé.e.s comprennent, prennent conscience peu de temps après de leur erreur que bien sûr, les concerné.e.s n’assument pas, comment voulez-vous que les gens posés et réfléchis les prennent au sérieux !?

Allez bien plus léger. Testament présente :
-‎ Le… Québec, mais pas… comment dire, pas sans l’égratigner.‎ La classe politique se prend des sévères côté gifles et dire que l’on n’est pas loin de la satire ne serait pas faux. Pour vite nous mettre dans l’ambiance sur cette thématique, il y a en prélude la présentation du Ministre de la Culture qui a du mal avec son discours, puis il y a la Ministre de la Santé et son secrétaire, je n’oublie pas les deux députées en mode girouette. Sommes-nous réellement dans la fiction là !? Malgré le burlesque ou l’esprit théâtral qui se dégage de cette représentation de la classe politique, la question peut se poser !
– Notre désabusé Monsieur Bouchard qui remet en cause son monde actuel et le futur au moment où la Russie s’apprête à envahir l’Ukraine, quand au même instant‎ le wokisme exclut les hommes, des revendications sociétales de la jeune génération ‎d’activistes sans réel savoir culturel milite en se permettant de réinterpréter l’Histoire comme elle la voit, car cela lui convient mieux pour pouvoir la remettre en cause.
– Un original hommage aux ancêtres, les indiens natifs américains locaux.
– Et de façon moins égo-centrée, la tyrannie, la dictature du bien-être avec la course à la performance et à l’hygiène de vie, qui comme le montre le trailer, vous conduit plus rapidement que prévu et donc de façon inattendue‎ à la mort, car : « On peut pas mourir quand on est forme comme ça. »
L’ensemble de la scène dont est tiré ce propos, que de vérités comme l’évolution d’un de ces personnages.
– Le ridicule des chaînes infos en continu toujours sur le qui-vive pour répondre au dictat de l’audimat et les affres de leur pression de l’instant. Le film dénonce un fait valable partout dans le monde : « On ne gouverne pas avec la réalité, mais avec les apparences » , donc que les politicien.ne.s cèdent trop à la pression médiatique qui influe beaucoup l’opinion publique à qui il faut plaire…pour vendre très cher les espaces publicitaires.
– La condition des séniors et des un peu plus jeunes dans un monde qui va un peu vite pour elles et eux.
– Les apparences dont il faut encore et toujours se méfier.
Ce film qui oscille entre l’humour et la gravité réussit à vraiment nous faire rire de choses graves, tant parfois elles semblent trop ridicules pour être vraies.

« On n’est pas sorti du bois ! »
Film très philosophique dans l’ensemble qui tantôt présente la séniorité heureuse dans une résidence sénior et les tristes réalités de la vie avec sa fin inéluctable, tantôt aborde un ancien monde où semble-t-il, les gens s’emmerdaient moins à tout remettre en cause et cherchaient à être heureux, des anciens qui respectent mais n’ont pas envie de s’embêter avec les tendances d’une partie de la génération remplaçante actuelle (cancel culture, jeunisme, wokisme), oui Testament s’érige un peu en une ode du c’était mieux avant.
Pour que vous compreniez mieux mon dernier propos, pour moi, Testament sur le plan générationnel est une mise en lumière du temps qui fait son œuvre avec des générations qui passent et qui inexorablement s’affrontent à un moment.
Oui, les jeunes d’avant qui deviennent les boomers et sont confrontés aux jeunes de leur époque qui deviendront des boomers demain, qui seront… bref, vous avez compris le concept. Le fait que nous serons toujours confrontés à ce que nous étions hier et que l’on critiquait, jugeait avant, en effet, les générations se suivent et trouveront toujours celles d’avant moins bien, en somme, Testament évoque le cycle immuable de la vie, son éternellement recommencement.

Cynique, drôle, profondément humain, Testament est vraiment un film dramatique drôle empreint de beaucoup de philosophie. Il aborde les sujets du bonheur, de la bêtise humaine, du wokisme du 21ème siècle, mais surtout celui des peuples natifs oubliés et de l’évolution des choses pas forcément dans le bon sens.
Tantôt satirique, tantôt revendicatrice, l’œuvre surprend par sa manière détachée à parler de choses et de situations complexes ou graves.
Film qui paraît à l’ouest, dans les faits, il est très actuel, vise juste côté critiques et dénonciations.
Introspectif, il offre à voir et à entendre des belles choses. Actuel, touchant, magnifique, belle surprise ! Bonne toile !

 

« Nous avons réussi à réunir les juifs et les arabes contre nous. Faut le faire ! »

« On ne gouverne pas avec la réalité, mais avec les apparences »

« La vie privée est une valeur ancienne, ce qui‎ compte aujourd’hui, c’est la communauté »

« Les archives sont des traces des hommes qui permettent de ne pas croire au complotisme »

(synthèse d’un long propos)

« On n’est pas ici pour être heureux, mais pour mériter notre place »

 

 

  •  * Réalisateur du : « Le déclin de l’empire américain, Les invasions Barbares, La chute de l’empire américain, »…‎
  •  p.s :  // Grand coup de cœur pour cette scène avec les deux représentants du Patrimoine face à la Directrice de l’établissement de retraite. Il s’agit d’un grand moment révélateur de ce qui se passe dans le monde, « La bêtise du monde » qui rend les ‎gens schizophrènes. Apparemment, la Culture rend chèvre et schizophrène, surtout quand on met en place comme décisionnaires des incultes qui se pensent intelligents…ou comme ici intelligentes.
    // Gros coup de cœur pour la place des personnages féminins dans ce film. Hormis les caricatures, elles ne sont jamais potiches : Suzanne (Charlotte Aubin), Alexandrea Kawisenhawe, Marie-Mai, Katia Gorshkova.

 

 


 

@cineprochereviews