•Sortie France le : 21 février 2018
•Synopsis et bande-annonce : laformedeleau (20th Century Fox France/YouTube)
•Chronique :
— Ambiance Amélie Poulain – Un routinier et intéressant train-train matinal – L’Amérique des années 60 poliment* représentée via les petits écrans et à d’autres instants très courts. L’égratignement n’est pas frontal mais c’est efficace ! —
La Forme De l’Eau ou un conte poétique drapé d’une belle esthétique pour tranquillement nous remémorer ou faire la critique de l’ancienne Amérique, Amérique qui n’aurait peut être pas vraiment changé. Tout un programme quoi !
Un Être différent qui comprend mieux que quiconque un Être différent, mais dont surtout il n’ a pas peur, versus la méchanceté humaine, celle de ceux qui préfèrent soumettre à leur bon vouloir ce qu’ils ne connaissent pas : « J’ai cinq étoiles, je fais ce qui me chante ! » (- L’humain dans toute sa splendeur ! -)
Dans une certaine mesure, Del Toro reviste peut-être aussi une autre face sombre de l’histoire de l’Amérique, celle des colons européens qui après avoir soumis les Africains pour en faire de la main-d’œuvre, ont exterminé les Indiens pour créer leur nouveau monde. CQFD !
« Je n’ai jamais vu un petit homme qui soit sympa »
« Pas de frêres et sœurs ? C’est peu courant chez Vous autres (les Noirs) ! »
Métaphoriquement romanesque !?
La Forme De l’Eau semble être un film en « forme » de message universel pour accepter l’autre, les autres comme ils et elles sont. C’est aussi un film sur les apparences qui sont très trompeuses parfois, celles faisant que vous sous-estimiez trop l’autre.
Œuvre cinématographique à double face avec son côté feutré et poétique qui détonne beaucoup avec le cru ou plutôt le sans complexe de certaines scènes bien osées, il se permet de nous montrer l’Amérique d’antan avec l’incontournable bobonne à la maison, le fameux rêve américain, n’oublie pas d’évoquer le grand cinéma musical d’antan, et avec sa romance improbable entre une femme mutilé et muette qui s’amourache d’un être amphibien, il montre surtout qu’il s’agissait bien d’un film taillé pour les Oscars : culture, enchantement visuelle et auditif, etc…
C‘est beau, le jeu des acteurs est sans faille, Sally Hawkins est surprenante, la parfaite prestation – comme toujours – du très talentueux Michael Shannon qui ici interprète un antipathique sinon odieux personnage est génial, la relation d’amitié, la scène trépignante de l’évasion et la bande son sont probablement ce qu’il y a de plus intéressant dans ce film.
Car malgré le côté fantastique du film pas très appuyé et qui donc passe tranquille, les années 60 dans une juste reconstitution, hé bien cela n’empêche pas la torpeur d’être aussi du voyage, parfois un peu trop.
En dépit de la beauté du film, de la simplicité de son scénario que l’on devine – donc pas trop de prise de tête – certains adoreront, d’autres diront « bof, sans plus. » À vous de voir et bonne toile !
- * « Poliment » : À l’exemple de la scène lors du zapping où un demande à l’autre de ne pas lui infliger ces horreurs et réclame de la légèreté. Donc oui « Poliment » , car sans prise de risque, du fait que lesdits événements ne sont là que pour préciser la période trouble durant laquelle se déroule cette romanesque histoire.