Le temps des forêts, +++++ ♥♥

•Sortie France le : 12 septembre 2018 // Vu le : 20 septembre 2018
•Synopsis et bande-annonce : letempsdesforets (via KMBO Films/YouTube)
•Chronique :

 

—   Une plantation versus une forêt, distinguo – « L’ordre établi » mais par les hommes…pardon l’homme, l’ogre exploitant – Le manque de respect flagrant envers l’environnement et le je m’enfoutisme assumé de certains   —

De suite, je vous annonce que vous allez en souper des citations dans cette chronique, mais c’est pour la bonne cause, et c’est pertinent !

Très vite, le distinguo forêt/plantation – qui est important – nous est expliqué…question de bien nous faire comprendre, à nous le public, le type de docu que l’on va regarder.

« La coupe rase. » Jadis effectuée par des bûcherons, désormais fait par des abatteuses.
« Mal forestation. » Régime à ne pas confondre avec la déforestation.
Le documentaire s’évertue à montrer les aberrations entre les bonnes intentions de certain.e.s qui protègent et respectent les forêts, ceux qui en font du business, sans oublier les incohérences des discours politiques.

« Une forêt sans oiseaux, sans animaux est une plantation » , plantation dont les traitements et entretiens sont effectués avec des produits…chimiques.
Pratiquant des méthodes d’exploitation pas vraiment nobles, qui rendent le sol stérile, sol que l’homme qui pour la refertiliser devra employer des méthodes aux antipodes de la pensée écologique d’aujourd’hui, car il doit utiliser des produits chimiques, oui oui, ça tourne en rond ou plutôt pas rond du tout chez certains. Vous tomberez des nus par moment !

« La nature ne fonctionne pas en mode propre. Elle ne fonctionne pas comme ça !« 

‎Plateau de Millevaches dans Le Limousin, landes de Gascogne, les Vosges… Des lieux, des Êtres, des arbres qui petit à petit sont remplacés par des nouveaux arbres Douglas, des pins maritimes transformant de fait une forêt et son éco-système en plantation… Adieu gros bois, adieu sapins, chênes, hêtres…et welcome à toi exploitation monoculture, qui fragilse les terres, la rend sensible car subit des maltraitances.
Avertissement. Il se peut que voir ces plans de forêts dévastées par les machines pilotées par des hommes vous mine le moral. Le risque que cela soit le cas est encore plus grand avec les explications de spécialistes sur le désastre et les arguments-motivations de ceux qui font cela. Et oui, tout cela n’est pas fait dans un esprit axé sur le long terme, donc voir le saccage et entendre les raisons, il y a de fortes chances que cela vous énerve, mais bien !

« Les arbres sont plantés pour être récoltés. La méthodologie actuelle est fait pour répondre à la demande : Couper couper couper »

Aujourd’hui, la Nature pour certains, est vraiment une marchandise comme une autre, destinée à l’import-Export. Pour eux, seul le rendement semble compter.
Volume-rendement par abbatage avec machine à 500.000€ versus bûcheron éthique – dont le témoignage est très intéressant- avec sa tronçonneuse à 1.500€, vous assisterez à deux thèses, deux visions diamétralement opposées qui incarnent des lieux sans âme contre des lieux enrichissants pour l’homme :‎ Business contre culture.
« Des investissements financiers. » Le plus inquiétant est d’entendre que des banques et des assureurs investissent dans des entreprises pratiquant la plantation business, ce qui à terme provoque‎ « La négation du métier de forestier. »

« On a fait des erreurs dans le passé. Aujourd’hui avec nos connaissances, on peut éviter de reproduire cela et envisager d’autres approches forestières.« 

« La mode change, les arbres poussent pour y répondre. »
Une forêt productive. L’exemple des forêts scandinaves et russes sont donnés. En gros, nos forêts sont aujourd’hui victimes d’une‎ « Guerre Économique. »
La forêt productive est l’inverse de nos forêts dites d’agrément, forêts qui exigent des spécialistes locaux et pas « des services centralisés très loin du terrain, qui gèrent ou plutôt pilotent tout par la civiliculture, gèrent pour tirer profit. »
Comme le tourisme de masse est devenu néfaste à beaucoup d’habitants dans les villes concernées, la consommation de masse en ameublement d’intérieur produit les mêmes effets sur la nature. En gros, l’être humain semble vraiment être un parasite qui répète ses erreurs. (- Cette dernière remarque est personnelle -)
Du bois dans les chaudières, cheminées, poêles plutôt que du fuel, donc moins d’énergie fossile consommée ce qui est bien, mais… ; La perfection du style du plancher, être tendance, c’est pas vraiment ça !
En gros, nous sommes tous responsables. Le volume est provoqué par nous, consommateurs et consommatrices.
Le docu fait un peu la morale, mais elle est constructive, donc utile. Il ne nous est pas interdit d’utiliser du bois, il nous est conseillé de réfléchir à notre surconsommation.

« Une forêt est une société, comme nous les hommes. »

Le temps. Il faut laisser le temps à la régénération naturelle, laisser le temps à la forêt de se reconstruire. En effet, comme cela est si bien dit, c’est perdre des lieux au sein duquel il nous est permis d’avoir du sens écologique, du sens social, d’avoir un regard différent sur les choses, un refuge, du patrimoine quand on abîme une forêt, car une forêt représente tout ce qui cité en amont.
Documentaire à l’opposé des très bons L’Intelligence Des Arbres et On a 20 ans Pour Changer Le Monde, Le Temps des Forêts est assurément complémentaire, coup de poing surtout, car engagé.
Les témoignages de chaque protagonistes du business de l’exploitation des arbres et de la gestion de la forêt sont là. Instructif, touchant, poignant, consternant, édifiant. Il faut le regarder, le montrer partout dans tous les établissements scolaires !‎ Bon docu !

« Il n’y a plus que deux producteurs de graines en France« 

 

 

  • p.s :  Parmi tous ces intéressants témoignages, celui d’un des forestiers de l’Office National des Forêts est probablement celui qui dit tout. Ses propos sont un parfait condensé, un résumé de tout une absurde situation.
    35 suicides de forestiers…donc de fonctionnaires attaché.e.s à la terre, fonctionnaires qui ont refusé le modèle économique qui leur avait été imposé.
    Ce témoignage est certainement le plus dur à entendre et leur combat – des ces femmes et ces hommes – pas assez diffusé.

 


 

@cineprochereviews