•Sortie France le : 22 novembre 2023 •Synopsis et bande-annonce : lariviere (via Météore Films/YouTube) •Chronique :
Des reflets tels des tableaux peints en aquarelle des gaves du Béarn et de la Soule — Presque thérapeutique grâce au son permanent de l’écoulement de l’eau — Une œuvre riche, très riche …
Oui ! Ce documentaire est riche. Son contenu l’est, sa portée tout autant, mais c’est surtout ce qui s’y dit par des hydrogéologues, des écologues, des naturalistes des ichtyologues, des scientifiques et spécialistes de l’environnement, des agriculteurs, de simples habitué.e.s des lieux, oui, c’est la façon dont les choses sont dites par toutes ces personnes que j’ai trouvée saisissante, forte, impliquante.
Prélude important pour comprendre la portée du contenu.
La Rivière, c’est donc pour la richesse des propos tenus que je le préconise à toutes et à tous, que je le préconise surtout aux personnes qui cherchent à faire entendre leurs messages (militant.e.s et politiques), question qu’elles comprennent que ce type de format vaut mieux que des discours avec des éléments de langages de plus en plus inaudibles car parfois trop convenus, que cette forme vaut mieux que des discours alarmistes qui font plus fuir celles et ceux qui les entendent sans pour autant les écouter.
La Rivière, en suivant des personnes en lien avec la rivière pour en faire des portraits, Dominique Marchais nous montre l’homme et la nature, l’homme dans la nature, l’homme et sa nature.
On se nourrit et on se cultive de bienveillance, on peut parfois se désoler que le bon sens et la logique ne sortent pas toujours vainqueurs de certaines situations déplorables.
Montre beaucoup de choses que nous voyons mais que paradoxalement nous ne regardons plus comme les petits bouts de textiles qui polluent partout, le documentaire nous raconte un temps et des lieux, leur évolution pas dans le bon sens à cause de la pollution agricole qui interfère sur la vie des truites, saumons et écrevisses dans nos rivières et donc sur leurs écosystèmes, donc notre environnement, et il ne s’arrête pas là.
Car les explications scientifiques sont de la partie, c’est plaisir, plaisir, beaucoup de plaisir à écouter les propos. La Rivière, il se constate que NON, scientifique ne veut pas dire chiant ou nœuds au cerveau, surtout quand celles et ceux qui s’expriment le font avec leur raison, mais aussi avec le cœur.
« On prône l’hydro-électricité, mais avec la baisse de l’eau, ce n’est pas viable. »
L’enjeu de l’eau et de la biodiversité, les hérésies de décisions en faveur des plus riches, donc contre celles et ceux qui les combattent provocant de fait des duels de titans, les propos d’une jeune femme Manon Delbeck, qui en 5 min dit que des choses pleines de bon sens, ça, ça fait mal. Il faut l’écouter très attentivement.
En fait, parmi les nombreux témoignages qui sont en même temps des portraits, il y en a 5 grands + 1 (celui du groupe de jeunes étudiants qui sont entre pessimisme, le sentiment d’être démunis pour parvenir à changer les choses, la déprime, l’envie d’agir et surtout elles et ils se demandent s’il n’est pas trop tard pour agir).
Chacun des témoignages mélangent : constats en tout genre, alertes, cris du cœur, appels au bon sens, du désespoir parfois, un désespoir qui peut encourager à la « désobéissance civile. »
Mon constat est qu’après chaque témoignage, il aurait fallu les repasser, non pas parce que ce n’était pas clair, mais parce qu’à chaque fois, cela est riche d’enseignements.
Débit d’eau ; Le parcours des poissons pour survivre ; Situation d’urgence sur le poisson et sa reproduction ; Le maïs (sauf le grand roux) qui consomme beaucoup d’eau ; La biodiversité et son importance ; L’impact des activités (sur)productives de l’homme ; Des décisions pas vraiment cohérentes, et ainsi de suite…
Explique de façon simple et très intéressante les raisons d’un désastre et de catastrophes annoncées, ce type de documentaire fait comprendre énormément de choses et se trouve être mieux, plus pertinent que des messages alarmistes de politiciens ou de militant.e.s qui dans les médias radios et télés rabâchent les mêmes messages qui finissent par ne plus être audibles.
La Rivière, car la vision écologiste est très vaste et le constat est fait que « tout le monde a des visions très différentes là-dessus » , le documentaire fait comprendre que c’est la proximité qui fait vraiment prendre conscience des choses quand on veut se faire une véritable idée sur la question, mais la proximité avec des personnes qui agissent et qui expliquent leurs actions. Il montre aussi qu’il ne faut surtout pas avoir peur de générer une interaction avec les concerné.e.s qui ont parfois eux aussi, un besoin d’échanger.
Quant à la question générationnelle, on voit que celles et ceux issu.e.s de l’ancienne génération ou juste de la précédente, apprécient d’échanger avec la plus récente…et inversement.
Donc, en y regardant bien, La Rivière s’érige en médium à l’esprit civique.
Biodiversité utile mise à mal par la « simplification des habitats. »
L’Homme détruit son environnement donc tue à petit feu ses semblables. Celles et ceux qui vivent et savent alerter sur les dangers ne sont pas écoutées par les personnes qui prennent des décisions en écoutant d’autres personnes qui agissent pour leur intérêt propre et non pour le bien commun. En substance, devant La Rivière, vous le comprendrez cela sans avoir besoin de connaissances scientifiques sur le sujet.
Écouter les explications des personnes passionnées qui aiment profondément leur environnement, qui le respectent en se battant pour lui, en l’exploitant raisonnablement et intelligemment (dixit l’agriculteur de maïs basque), on a de cela aussi dans le film documentaire.
Mais La Rivière, un énième film documentaire écologique ?
Un énième film documentaire, oui et qui ma foi est bien utile !
Semble plus efficace que x études et rapports dont on a l’impression qu’ils sont pondus pour les apparences du fait que les politiciens qui les commandent n’en tiennent pas vraiment compte, La Rivière, ravira les amoureux de la pêche en rivière, rendra nostalgique des ruraux devenus urbains, ne sera à aucun instant redondant sur l’aspect des dénonciations et alertes écologiques. Il est positivement consensuel et donne très envie de s’intéresser au sujet ou de ne pas s’y désintéresser.
Riche en contenus, plaisant visuellement, les propos sont agréables à entendre et il faudrait les écouter, il y aussi et surtout des portraits humains qui touchent, pas dogmatique donc ouvert ou plutôt s’adresse à tout le monde, j’ai une certitude, une personne comme moi qui a grandi en allant à la rivière pour s’y baigner et ramasser des coquillages comestibles les mercredis et certains dimanches, ne regardera plus une rivière de la même manière, pas sans se poser des questions, surtout s’agissant des rivières dans nos DROM (département et région d’Outre-mer) polluées par le chlordécone.
Économie de masse – la pure qui est productiviste et capitaliste – versus biodiversité, La Rivière présente des petits cours d’eaux qui symbolisent tout une problématique : La pollution invisible, celle loin des yeux de toutes et tous, celle qui se subit sans qu’on la voie – sauf quand au bout d’un moment des séquelles se font ressentir, que cela soit sur le paysage ou sur soi – mais que les personnes vigilantes voient ses conséquences et les dénoncent…avec plus au moins de succès. Bonne toile !
(synthèse de propos)« Variété égale de la diversité et pas une seule espèce, sinon ce n’est pas bon, ça meurt »
« L’union fait la force, il faut avoir l’intelligence de le comprendre »
- p.s : Très forte préconisation aux établissements scolaires et à beaucoup de nos décideurs politiques.
- Intervenant.e.s :
– Patrick Nuques, Directeur du Parc nationale des Pyrénées,
– Pierre-Yves Gourvil, du Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine,
– Florence Habets, Chercheuse au CNRS et professeure à l’École normale supérieure,
– Manon Delbeck, Pêcheuse,
– Philippe Garcia, Fondateur d’associations,
– Jon Harlouchet, Agriculteur bio de maïs variété Grand roux,
– Groupe d’étudiants chercheurs au CNRS.