•Sortie France le : 7 février 2024 •Synopsis et bande-annonce : green-border-vostfr (via Condor Distribution/YouTube) •Chronique :
Migrer, des portraits qui montre un enfer — Déstabilisant, assommant — Film paradoxe qui montrent une certaine déshumanisation et en même est humaniste en tout point …
Octobre 2021. La guerre en Syrie battait son plein.
Octobre…2021, en Europe, la Pologne loin des yeux, avec un traitement inhumain, s’amusait avec la vie de désœuvré.e.s en employant tout les moyens possibles pour les refouler de son territoire.
Petite alerte ! Si vous avez été touché en entendant parler de ces agissements, alors devant ce qui est présenté dans ce film, en se disant que l’on nous montre les faits de la façon la plus réaliste possible, il faudra vous accrocher. Mentalement et physiquement, Green Border fait mal, il m’a fait encore plus mal que La Zone d’Intérêt vu juste avant, je n’exagère rien !
Syrie-Turquie-Biélorussie-Pologne-Suède. Le plan de vol était simple pour vivre en paix, mais !
Green Border, avant d’apprécier un périple, c’est d’abord le processus d’une réalisation qui se constate.
Tonalité noir et blanc, caméra à la main ou épaule, l’impression de regarder un film documentaire me fut forte, mais un saisissant et éprouvant film documentaire.
Donc Green Border :
– Si voir l’exploitation de la détresse et de la misère vous offusque au point de désirer le pire pour les exploitants, ne regardez pas ce film.
– Si vous voulez comprendre pourquoi des personnes luttent pour venir en aide, pour défendre des migrants en fuite d’un pays en guerre et prennent beaucoup de risques en se mettant hors-la-loi, allez-y !
– Si vous voulez avoir une idée de la façon dont les autorités, les gardes patrouilles des postes frontaliers surveillent et traitent les migrants en fuite, en les trimballant, en les ballottant sans ménagement d’un poste frontalier à l’autre dans leurs zones d’exclusion entre Pologne-Biélorussie, la démonstration ici faite sera explicite.
– Si vous voulez avoir du dégoût pour le genre humain, ce film répondra à votre besoin.
– Si vous voulez avoir un autre point de vue sur ce que vous avez vu, entendu, lu dans la presse sur cette période – qui n’est certainement pas clos – Green Border fera cette mission.
– Si vous ne savez pas comment les gens sont transformés en faisant un travail – même par devoir – dans lequel ils accomplissent des actes allant à l’encontre de leurs valeurs morales, des gens qui par nécessité luttent contre eux-mêmes en faisant ce type de travail, de missions, de tâches, obéissent à des ordres qui interfèrent, agissent sur leur vie psychiquement, et bien après une petite colère, vous éprouvez une certaine compassion pour l’un des personnages, comme cela pourrait se produire dans la vie réelle.
– Si vous avez besoin d’un regard différent sur l’activisme dans ce domaine, le film vous le permettra.
– Si vous voulez voir le comportement de la Police d’un pays en territoire européen, un pays issu de l’ex-union soviétique dont sa Police est dressée pour intimider, donc, question de se rendre à quel point la nôtre, dans une certaine mesure, n’est pas si mal que cela – car tout est question de ce qui leur est demandé par nos décideurs politiciens – l’exemple sera éloquent.
– Si pour une raison X-Y-Z, vous voulez comprendre des choses sur ce qui se passe loin de nos yeux, mais en Europe, n’hésitez pas à voir ce film.
L’Europe, cet Eldorado, une terre d’asile tant désirée, comme dans le temps où les États-Unis d’Amérique représentait ce rêve.
Du suspense devant ce road movie noir qui fait relativiser beaucoup d’irritants légers de notre quotidien, Green Border est une intelligente œuvre, touchante, rageante, elle amène à se poser la question du comment, mais aussi du pourquoi on en est là ?
Film aux contenus parfois très durs et éprouvant à regarder, à la tension contenue, vous y verrez des luttes pour la survie, des périples, des attitudes, vous entendrez des propos parfois bien humiliants dans ce jeu du chat et la souris, vous verrez aussi la fabrique de la haine et de la peur.
Entre la fin de la partie 1 et le discours du début de la partie 2, bizarrement, j’ai été plus pris aux tripes à cause du dégoût des propos tenus.
Le contenu de ce film est fort, gênant, écœurant. Dans le même temps, son fort côté humaniste donne envie de croire en l’espèce humaine.
Nous ne sommes pas grand chose sur Terre et avec des politiques pas enclins à l’ouverture d’esprit, devant ce film, on comprend que pour certains, une catégorie de personnes sont des moins que rien, mais vraiment RIEN !
Pas un film avec effusion et pourtant, il est coup de poing. Green Border n’est pas un film pour tout le monde et pourtant il le faudrait, car d’une certaine manière, il pousse à l’introspection et fait aussi beaucoup réfléchir sur des drames à venir tant les conflits se déclenchent un peu partout dans le monde.
Comportement ignoble faisant subir un calvaire à des êtres humains en détresse qui risquent leur vie comme s’ils faisaient tapis au poker, des êtres humains comme pris en otage qui effectuent un jeu du chat et de la souris pour ne pas servir de balle de ping-pong, je vous accorde que cette dernière image est poussée, mais il y a de ça dans ce que propose à voir Green Border. Bonne toile !
« La Biélorussie utilise les migrants comme des armes contre l’UE »
« Il faut balancer le corps de l’autre côté »