•Sortie France le : 21 février 2024 •Synopsis et bande-annonce : le-successeur (via Haut et Court/YouTube) •Chronique :
– Adaptation libre du roman « L’ascendant » d’Alexandre Postel paru en 2015 (Pas lu) –
Vous aimez la mode, vous serez à l’aise — Vous n’aimez pas la mode, ça ira quand même — Vous aimez être entrainé.e par une musique d’ambiance qui donne corps à une trame paraissant très banale, enjoy ! …
Le tourbillon et labyrinthe du premier plan de la première scène sont-ils un présage trop facile à déduire de ce qui va se passer ? D’une certaine manière oui, mais à ce point là, c’est limite du Denis Villeneuve style dont les twist sont fulgurants. (cf/ Incendies)
S’impose comme un génie de l’étude et de la modélisation des liens familiaux compliqués – surtout dans le cadre de l’intime – quel est le problème du réalisateur Xavier Legrand pour si bien gérer son affaire de ce côté-là, pour parvenir à nous prendre dans le filet du récit de ses thrillers qui provoquent toujours quelque chose en soi ? S’agit d’un lourd passif personnel, de la détestation viscérale de la famille ? Allez savoir !
Évoque fortement le deuil et tout ce qui s’en suit, suivre (Sébastien) Ellias dans cette épreuve de la vie qui nous attend et qui n’est pas forcément chose facile à vivre, ni à voir parfois, j’avoue que là, à la vue de la tournure que prennent les événements, on passe outre la tristesse pour se laisser porter par l’intrigue qui titille sévèrement les méninges.
Timing de merde, cruauté, limbes.
Une liquidation générale pour expédier ce que l’intéressé considère comme une corvée alors qu’en temps normal, il est conseillé de prendre le temps de dire au revoir et gérer l’administratif pour être en paix, là, en effet, pas de bol, il aurait dû suivre son instinct et se barrer vite, très vite.
Hà les pères et leur absence si présente.
De l’état d’ « anxiété anticipatif » à méga stress, comme ce cher Élias, dans la tête, ça y va, surtout en ce qui concerne les apparences.
Étant donné ce qui se passe à l’écran, des réponses, j’en voulais de suite, mais étant dans l’obligation d’attendre pour en avoir car le réalisateur s’amuse bien tranquillement avec nos nerfs, il faut alors se rappeler que la patience est une vertu.
Avec la forte impression que m’avait laissé Jusqu’à la garde et à la réaction du public de ma séance en clôture de film : Pas un mot dans une salle d’une centaine de personnes, j’avais envie de voir si Xavier Legrand pouvait reproduire cette sensation, voire faire plus fort.
Concrètement, je fus moins impressionné que devant Jusqu’à la garde qui était tout du long bien plus viscéral, car son contenu touchait à l’intime et il y avait une identification à ses personnages en danger. Toutefois, devant l’aspect fort malsain de ce qui nous est ici présenté, j’avoue que la situation n’était pas très confortable.
Jusqu’à la garde, on passait de la vie familiale tranquille au drame de la violence conjugale et de l’emprise. Le Successeur, on est vraiment dans l’incarnation de cet instant de vie qui est de passer du paradis à l’enfer.
La marque de fabrique de Xavier Legrand qui est cette faculté de nous plonger facilement et rapidement dans le calme banal d’un récit pour ensuite se retrouver à nous demander ce qui se passe car on ne sait pas quand ni comment, mais un truc à comme changé en nous devant le déroulé du récit. Et effectivement, regarder une œuvre de Xavier Legrand, c’est être en quête de ce moment, cet instant où l’on se retrouve envahi par une tension et une inquiétude qui une fois installés en nous, ne nous quittent pas, oui, il gère. Pardonnez-moi cette familiarité, mais quel enfoiré ce boy !
Le Successeur !? Ce film est…pfuuuu ! La trame du film est… pfuuu ! Bref, le pré-finish du film est d’une perversité absolue, limite abjecte. Inattendue, surtout avec ce qui peut se qualifier de fausse piste à travers l’attitude d’un personnage très bienveillant, OUI, de nouveau, Xavier Legrand réussit à tracer cette diagonale d’un extrême à l’autre et vertigineuses sont les chutes qu’il nous propose.
Le Successeur ou le Destin qui se charge de ton cas en te punissant de ta vanité et t’oblige à t’affronter, on se prend une méchante, mais alors une très méchante claque tant on ne voit pas venir cet instant que j’évoque ci-dessus et surtout qu’avant celui-ci, on pouvait se dire c’est plié, mais alors la couche qui est mise par dessus, oh la la la la la, ça fait mal, mais que ça fait mal.
Avec la présentation de cette merditude des choses qui montre que tous les héritages ne se valent pas, je vous assure que ma comparaison avec les twists de Denis Villeneuve n’est pas galvaudée et encore moins exagérée.
Xavier Legrand est typiquement le genre de réalisateur qui vous met dans la posture du Syndrome de Stockholm. On veut le détester, s’épargner ses œuvres, mais non, car comme il fait tout ça avec un sacré talent, on en redemande. Donc vivement le prochain. Bonne toile !