•Sortie France le : 27 mars 2024 •Synopsis et bande-annonce : le-jeu-de-la-reine-vostfr (via ARP Sélection/YouTube) •Chronique :
Caractérielle — Dégourdie — Émancipée en fait …
Une annonce qui jette un froid laisse à penser que ça va barder. Une Reine à l’esprit tiraillé et qui est tenaillée dans un rôle qu’elle a choisi, laisse là aussi penser qu’elle va bien morfler malgré sa capacité à tenir bon. Son comportement au sein d’une famille dysfonctionnelle montre son esprit libre à bien des niveaux et j’avoue qu’il ne m’a pas vraiment été compliqué de prendre faits et causes pour elle.
J’oubliais et cela est important pour la suite. Dans cette famille royale, les jeunes femmes ne sont pas dupes de leur sort.
An 1546, à l’aube d’une potentielle révolution en préparation par les Réformateurs, les Radicaux et les Hérétiques, il y a encore un fichu collier qui met en danger la vie d’un royaume anglais, mais surtout la tête d’une femme.
Tel un agent double qui se serait infiltré au plus haut niveau du système qu’il s’est mis en tête de remodeler, cette femme qui doute mais possède du répondant, joue à un jeu très trouble pour des raisons qui lui appartient. Agit-elle par amour, par grande amitié, par conviction, par loyauté, si c’est cela, mais alors envers qui ?
Cantonnement à son rôle, soumission, humiliation en public, la délicate condition féminine de l’époque quel que soit son rang est explicitement bien relatée dans ce film. Oui, Le jeu de la Reine n’est pas un simple film historique sur la royauté et comme dans Corsage ou Marie Stuart Reine d’Écosse, et Jeanne Du Barry, on voit comme cela se passait à l’époque pour les femmes, la lutte pour le pouvoir et la survie.
Constat peut être fait que cela n’est pas vraiment différent aujourd’hui…sauf en ce qui concerne les châtiments.
Ça s’épie à tous les niveaux, se regardent, s’interrogent, craignent et se craignent, menacent et se menacent, les tractations vont bon train mais en mode très discret car la sanction est connue de toutes et tous.
Dans cette chasse aux sorcières ouverte bien motivée par la sauvegarde d’un système aujourd’hui nommé le Capital, il est important de distinguer la loyauté façon sororité de l’époque, une loyauté guidée par de la rancœur née de l’attitude et actes délétères d’un homme, un puissant, un Roi, de l’attitude des femmes qui font de sortes d’éviter de déplaire en ne contrariant pas monsieur sa Majesté Henri VIII.
Sa Majesté n’est pas très en forme, sa belle et jeune épouse qui pour bien des raisons n’est pas heureuse, elle a besoin d’action mais ne se laisse pas démonter pour autant, elle sait sur quelle corde tirer pour se replacer au centre du jeu et au jeu du poker menteur, la Reine Catherine est une habile belle-mère, une jeune femme qui veut survivre à sa condition, mais surtout, veut survivre à sa destiné qui semble s’obscurcir à cause d’un époux instable et malade auquel apparemment ses épouses ne lui…survivent pas, la reine Catherine Parr est la sixième.
À nouveau, comme dans tous les films sur cette époque, souvent montré comme parano, pathétique, le Roi n’est pas valorisé et Le jeu de la Reine pousse le vice à se demander que serait un Roi, donc des royaumes, sans une Reine forte.
Film historique qui fait avec beaucoup de subtilité la part belle au féminisme et au progressisme (- chose que j’ai apprécié -), mais malgré cela et les interprétations magistrales concernant les deux rôles principaux ainsi que l’atmosphère du thriller qui est bien présent, il m’a manqué quelque chose.
Est-ce dû à cette petite rengaine survenue tôt devant le film, rengaine qui m’a fait dire : « Bon, c’est bien sympathique tout ça, mais à quand un film contemporain sur les reines d’influences qui ont participé grandement au façonnement et rayonnement du vaste patchwork territoire formé et devenu la France : Reine Aliénor d’Aquitaine et Anne de Bretagne par exemple ? »
Aurais-je d’entrée saboté mon ressenti ? Allez savoir, bonne toile !