•Sortie France le : 23 novembre 2022 __ Vu le : 5 décembre 2022
•Synopsis et bande-annonce : shesaid-vostfr (via Universal Pictures France/YouTube)
•Chronique :

 

– Film inspiré de faits réels retranscrits dans le livre éponyme primé par le prix Pulitzer (2019) des journalistes du New York Times Jodi Kantor et Megan Twohey –

 

Des femmes — Un système — Un métier dans un lieu et, bien plus encore …

2016. The New York Times, sa rédaction, deux journalistes.
Ce type de film est toujours une valeur sûre pour ce qui est de montrer l’envers du décor. Avec beaucoup de retenue, je m’autorise à dire que vous ne serez pas déçu.e.s de ce que vous verrez et apprendrez grâce à She Said, comme dans Scandale (2019), et L’intouchable Harvey Weinstein (2019).

2017. Sortie d’une enquête.
MeToo, le mouvement naît dans la foulée, des victimes directes ou témoins jusqu’alors muets disent des choses, disent les choses, se remémorent des instants où des choses clochaient, mais elles et ils ne réagissaient pas car il y avait quelqu’un qui contrôlait un système, quelqu’un dont dépendait leur carrière.
Axé d’abord autour des agressions perpétrées par d’Harvey Weinstein, ce mouvement a pris un essor non éphémère, avec un effet de tsunami qui a donné son nom à toutes les formes d’agressions dont sont victimes les femmes dans les milieux professionnels, au sein de leur foyer, partout.

She Said est un film absorbant aux multiples thématiques.
Affaire Weinstein, le journalisme d’investigation, les femmes victimes qui gardent leurs secrets car ne souhaitent pas, ne veulent pas en plus de beaucoup d’autres motifs détruire leur environnement familial et social. Il y a aussi les jeux d’influence, les jeunes femmes qui exercent un métier énergivore et qui pour autant ne sacrifient pas leur vie de femme. On y évoque les affres d’un métier qui ne vous quitte jamais car les sujets de travail vous obsèdent jour et nuit. Et bien sûr, il y a le sujet du pouvoir dans les mains d’un homme malveillant, etcetera …

‎She Said présente un métier, celui du journalisme d’investigation. Mode d’emploi, partie 1 :
Il apparaît comme être un métier qui est plus qu’à temps plein. ‎Doutes, obsessions, obstination, risques, pression, hiérarchie, énergie dépensée, et autres.
Ici, ce biopic qui d’une certaine manière rend hommage au travail des journalistes Jodi Kantor et Megan Twohey, est l’occasion d’une exploration très large sur cet environnement professionnel.

She Said présente un métier, celui du journalisme d’investigation. Mode d’emploi, partie 2 :‎
Dire que ce film est passionnant est peut-être indécent, mais il l’est‎, tout autant que son contenu est effroyable.
C’est un travail de titan qui nous est présenté, un travail qui a été une onde de choc dans les milieux professionnels et sociaux, un travail qui a provoqué une révolution sociétale et qui mérite de dire haut et fort ceci :‎ Vive le vrai journalisme !

She Said ? Le film évoque les femmes.
Le sexisme à leur encontre, ‎mais surtout la peur de l’exposition dans ce cas de figure, un mutisme qui semble représenter une autre prison pour elles.‎
Victimes, ces femmes brisées, en souffrance, ont attendu, attendent que Justice soit faite, parfois elles attendent désespérément que Justice soit faite. Elles le veulent, le désirent, mais !
L’importance de ce film semble être de nous faire comprendre à quel point les victimes de cet homme ont souffert, mais aussi qu’il y a eu des victimes collatérales dont la conscience à besoin d’être soulagée.

She Said ? Enquête sur un homme, ses méfaits, ses crimes, ses méthodes. Il est mentionné que :
-Harvey Weinstein. Pour lui « Femme » égal une proie.
-Harvey Weinstein. L’homme qui ne supportait pas que les femmes lui disent « NON ! »
-Harvey Weinstein. « Un homme puissant de l’ancienne génération, une génération et les suivantes qui sont entrain de revoir la notion de consentement. »
-Harvey Weinstein. Sa protection, il est rapporté qu’effectuée de manière lucide, celle-ci était bien travaillée. On découvre sa méthode d’étouffement de témoignages de ses victimes qui était faite par des compensations financières, ce afin d’obtenir des accords de confidentialité pour le protéger et laisser ses victimes « confortablement » dépérir de l’intérieur avec leurs blessures physiques et psychologiques. Une autre façon d’exercer son pouvoir, son empire psychologique sur elle et de les salir encore et encore.

Succès du film !? Ses actrices – premiers rôles comme les seconds – le contenu, le rythme, l’attractivité du montage.
Ne se contentant pas d’évoquer l’enquête, cette très large exploration dans le métier du journalisme d’investigation permet de comprendre :
-Que l’implication doit parfaitement se coordonner avec la distance, question de rester objectif.
-Qu’il y a une institutionnalisation du viol dans certains métiers (un état des lieux du viol est ici aussi fait).
-Le quotidien des femmes exerçant ce métier.
-La position des personnes qui furent ou pas sciemment complices.
-Comment les deux journalistes ont pu aller au bout de leur enquête.
-Et surtout, ce qui s’est produit suite à la publication de l’enquête, le mouvement MeToo.

She Said ?
Nous sommes dedans, on nous montre des faits, on regarde et écoute ce film en se remémorant beaucoup de choses – directes et satellites – diffusées ‎dans les médias sur cette affaire et ce mouvement.
En effet, se positionnant à l’aube du mouvement MeToo qu’il a généré, l’enquête sur les exactions du très puissant producteur de cinéma hollywoodien Harvey Weinstein est présentée avec une grande intelligence côté forme. Celle-ci est du genre qui attise notre curiosité, ne donne pas envie de le lâcher malgré le malaise qu’il engendre en nous. Oui, il faut voir ce film pour vraiment bien comprendre des choses, il faut accepter de se retrouver dans un certain état de gêne.

En conclusion, ce film c’est très simple !
Biopic très objectif, produit pour informer, si vous aimez les films qui vous captivent par un scénario bien ficelé et surtout un sujet intéressant vous obligeant à suivre une enquête qui vous torture l’esprit (façon Spotlight), alors ne manquez pas She Said !
Les propos tenus durant les récits vous transpercent par moment. Ils sont sans filtres, présents dans le film comme pour dire que c’est ainsi que cela devrait tout le temps se faire : Écouter et laisser la victime s’exprimer, ce sans aucun jugement d’un tiers et encore moins d’un tiers dépositaire de l’autorité policière, She Said est un film qui donne la parole aux victimes et qui le fait très bien !
Film à regarder et à retenir ! Bonne toile !

 

 

« C’est difficile de demander aux femmes de parler »

 

 

• p.s :  La sortie de séance est compliquée !

 

 

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