•Sortie France le : 29 mars 2023 •Synopsis et bande-annonce : septhiversateheran-vostfr (via Nour Films/YouTube) •Chronique :
Témoignage de sept années d’un combat malgré le fait qu’il semblait perdu d’avance — Découverte d’une et de belles personnes — Un mystère qui demeure entier et qui injustement ne sera probablement jamais résolu, le sort de la femme …
Un pays, des femmes, des hommes, la loi des hommes, les lois et règles religieuses établies par des hommes croyants, le patriarcat et la loi du Talion, inlassablement, malgré les dangers encourus, le monde du cinéma iranien résiste pour en parler.
Avec Sept hivers à Téhéran, en ce qui concerne le sort des femmes iraniennes, on rentre dans une autre dimension de l’effroyable !
Poignant, bouleversant, désolant et révoltant, viscéral, au 21ème siècle, dans de nombreux pays et pas que dans ceux de l’Orient, les femmes ne représentent…rien, rien devant la justice de leur pays quand d’autres doivent toujours faire « le deuil de leur enfant » pour des raisons injustes. Pour ces dernières, c’est une sorte de double peine, juridiquement et émotionnellement parlant !
Sept hivers à Téhéran, amateur des films iraniens pour leur courage de nous exposer et expliquer la manière dont cela se passe là-bas côté us et coutumes, ainsi que pour l’intensité de leur récit (Juste une nuit, Les nuits de Mashhad, Un héros, La loi de Téhéran, Yalda-Lanuit du pardon, Trois visages, Un homme intègre, Téhéran tabou…), je n’ai pas été surpris par ce qui était montré. Néanmoins, ce documentaire dont l’exploration rentre en profondeur dans l’explication d’un système est, bien que rude, o combien instructif.
Pas une énième sacrifiée pour rien !
Des images et des récits pour expliquer les funestes raisons de la disparition de la jeune insoumise Reyhaneh Jabbari (1987-2014) qui fut emprisonnée en 2007 à l’âge de 19 ans, ce parce qu’en se défendant, elle a accidentellement donné la mort à l’homme qui tentait de la violer. Malgré les circonstances, elle fut condamnée à mort.
En même temps que les faits de cette tragique histoire sont relatés, le documentaire évoque le rôle du fameux Ministère de la Sécurité et ses règles en matière de viol. Une nouvelle fois, il est établi cet énième état de fait, celui étant que c’est toujours à la victime femme « faible » de se justifier quand elle est agressée.
Parle respectueusement des femmes, montre que tout est organisé pour qu’Elles – les émancipées ou avides de liberté – ne fassent jamais le poids face aux autorités policières et au système religio-politico judiciaire, l’hommage à Reyhaneh Jabbari est solennel, mais surtout est empreint de dignité. Dignité de la condamnée face au système, dignité de ses parents.
Iran 2014-Iran 2022.
Fait écho à la situation politique et sociale (la révolte suite à la mort de Mahsa Amini), le récit est captivant.
Dans une moyenne salle qui était pleine (environ 60 personnes), le public de tout âge était comme absorbé par la force du récit.
Aux réactions, certain.e.s découvraient les spécificités du pays comme cette loi du Talion qui place la vie d’une victime au bon vouloir de l’accord du pardon de la famille du fautif, lui qui bien souvent est considéré comme LA vraie victime.
Regarder ce documentaire immersif, c’est ne pas avoir peur d’être effaré.e, de souffrir en entendant les cris d’une mère dont l’espoir est resté intact jusqu’au bout.
Le regarder c’est donner aux femmes – dont la condition serait partout similaire – le signal que d’autres personnes savent, réagissent et agissent, c’est aussi dire à celles et ceux qui nous offrent ces récits de vie et mettent la lumière sur ce qui se passe dans leur pays, que leur travail intéresse beaucoup de monde et est très utile, car il permet et permettra de ne pas dire : « On n’a jamais entendu parler de ça. » Force et courage !
« La résistance est une bonne chose face à des hommes comme lui »
- p.s : L’hiver. C’est la saison en Iran où il y a le plus d’exécution dans les prisons. Grâce à cette précision, le titre se comprend mieux.