•Sortie France le : 28 juin 2023 •Synopsis et bande-annonce : versunavenirradieux-vostfr (via SOURCE/YouTube) •Chronique :
Petits problèmes culturels du côté de la nouvelle génération — Plein de repères qui foutent le camp — Composer avec ou périr …
Parler dans son film du Parti communiste dans l’Italie des années 50, cela, sans vouloir évoquer le soviétique Staline et en dépouillant visuellement le passé de beaucoup de repères, c’est l’attitude très curieuse d’un homme qui râle parce que les siennes de repères disparaissent.
Vers un avenir radieux, pas dit que tout le monde sera ravi après la séance, mais durant, il y a des belles à voir !
Édulcorer le fait que le parti communiste italien était plus vertueux que le soviétique, c’est semble-t-il le désespéré faux objectif de Nanni Moretti qui joue à Nanni Moretti réalisant un film sur le sujet. Tout un programme en somme !
Oui, avec Vers un avenir radieux, Nanni Moretti a une façon bien à lui de raconter deux époques qui finalement, ne sont pas si éloignées que cela. En fait, ce film, quand on fait très attention, en permanence, deux Italie sont présentées. Parfois, cela s’effectue à travers l’Histoire du pays, souvent c’est à travers des personnages du film via leur culture, leur façon de travailler, ou le questionnement comme avec cette interrogation ici faite : « Le cinéma doit-il être éthique ou esthétique ? »
En permanence, figurez-vous que côté ressenti, c’est pareil, bien des questions se posent.
Mieux qu’un making-off, Nanni Moretti, qui à sa manière, se raconte tout en nous montrant la profession de « Director » , nous divertit tout nous perdant parfois.
Vers un avenir radieux ? Dualités encore et toujours !
Le travail en famille, une tare, surtout quand on va de déconvenues en déconvenues, juste parce qu’il y a en un qui a une idée bien arrêtée sur la violence et qui se met dans dans la situation poussant les autres à ne pas être loin d’avoir des envies de…violence envers lui. Encore un gros point de divergence, encore une dualité dans la vision des choses.
Cette scène qui est un grand instant très comique, elle symbolise le monde d’aujourd’hui ou plutôt est symbolique du temps qui passe avec cette succession de générations qui se croisent et parfois ne se comprennent pas, voire, elle symbolise le remplacement des références dans bien des secteurs, comme avec désormais les asiatiques fortunés qui sauvent l’art européen.
Fichus « sabots » !
Film qui critique intelligemment le monde dans lequel nous vivons, qui provient de belles promesses et qui, comme le dit si bien son titre – après avoir vu le film, on peut aussi cyniquement le dire – se dirige : vers un avenir radieux. C’est caustique !
Foutu « Netflix » !
« Nos « produits » sont vus dans plus de 190 pays, 190 pays,…190 pays »
Critique du monde de la création d’aujourd’hui ?
Une bonne représentation du capitalisme qui contraint la créativité en la cantonnant à suivre des cahiers des charges établis par l’analyse des algorithmes, en effet, Nanni Moretti nous en fait une assez bonne analyse et surtout critique. Mais, sans s’y résigner, il nous fait comprendre qu’ainsi va le monde avec lequel il nous faut composer ou périr…ou ne pas dévier. Toutefois, il fait aussi comprendre que résister en continuant à rester soi tant qu’il y a un public pour des œuvres originales, donc tant qu’il existe de la place pour une proposition cinématographique originale, il ne faut pas abandonner.
Pourquoi va-t-on voir un film de Nanni Moretti ?
L’ambiance, les plans qui mettent toujours en avant la beauté d’une ville, sa manière de raconter une histoire, les personnages de ses films, pour le naturel de l’ensemble, pour la tête qu’il fait quand il est étonné ?
Bah, pour tout cela en fait. Qu’il s’agisse d’une comédie ou d’un film dramatique comme Tre Piani, le charme d’un ensemble s’apprécie.
Film empreint d’une grande mélancolie, Vers un avenir radieux présente un homme dépassé en tout, qui est limite dépressif, avec ce film, Nanni Moretti montre en toute simplicité qu’il est bien le Woody Allen italien, celui des belles heures du réalisateur. Bonne toile !