Club Zero, +++++

•Sortie France le : 27 septembre 2023
•Synopsis et bande-annonce : clubzero-vostfr (via Bac Films/YouTube)
•Chronique :

 

Un pur film indé… … Qui certes singulier, est une efficace mise en lumière de la connerie humaine S’apparente à un cas d’école bénéfique à beaucoup, enfin, aux personnes lucides …

N.B : Je vais tenter de rester très objectif sur le fond du film, car côté forme, il n’y a absolument rien à en redire, malgré un ressenti de longueur qui pour une fois s’apprécie positivement.‎

Un quatrième plan (l’instant d’un repas en famille à table) et le suivant qui se suffisent à eux-mêmes pour expliquer notre…monde actuel, lui, ainsi que notre relation à la nourriture, la société hygiéniste en tout, mais qui se prend un sévère retour de bâton, Club Zero, après visio, les concernés qui sont censés s’être pris une bonne leçon côté présence parentale, d’autres d’éducation, devraient réagir…s’il se sont reconnus.
Club Zero, il y a de fortes chances que beaucoup se méfient désormais des personnes qui leur offrent des boîtes de tisanes et qui ont toujours réponse à tout.
Avec un spectre large côté thématiques dans ce film bien à charge, ‎je vous rassure ou plutôt vous assure qu’il n’y a rien de pédant dans l’ensemble de son contenu, bien au contraire !‎

Club Zero nous présente le concept de… « L’alimentation consciente. »
« Pionnière dans son domaine » , Ms Novak est rigoriste, patiente, mais pas trop non plus, et même si elle considère que‎ « Trouver la foi prend du temps » , elle veut rapidement « accomplir sa mission. » Mais laquelle ?
Mia Wasikowska, belle trouvaille pour ce rôle. D’une certaine manière, elle incarne le Diable au visage d’Ange.

Montre formidablement bien ce sentiment étrange qu’il existe DES mondes, ici, vous verrez des jeunes gens de la classe sociale aisée qui s’imposent la faim, qui se laissent volontairement exploiter, car dans leur milieu aisé, pratiquer des nouveaux codes de vies progressistes censés encore plus les valoriser‎, c’est Être.
Le classe sociale aisée est mise en confrontation avec celle des moins aisés et des défavorisés qui sont accusées avec dédain ou de mécréants par les néo-hygiénistes, mécréants accusée de se goinfrer avec de la nourriture – même affectueuse – qualifiée de merde, de mal bouffe, de nourriture modifiée aux apports faibles pour…l’esprit. (- Vous y aurez droit, ce n’est pas une blague ! -)

Club Zero présente aussi celles et ceux tranquilles au centre d’une bataille et qui peuvent être défini.e.s comme les victimes collatérales de la lubie des autres.
Ces personnes au milieu de tout ce bordel en effet sont tranquilles, en osmose avec leur corps et conscience, ont juste envie d’être elles-mêmes et veulent manger ce qu’elles désirent, ce, sans avoir à subir ‎le regard qui juge et les remarques d’influencé.e.s qu’elles ne critiquent pas. Elles font juste le constat de la pente très glissante sur laquelle lesdits influencés se sont engagés.

En effet, le film montre qu’il y a les moutons que certaines personnes qualifieront d’esprits faibles, d’esprits contrariés qui suivent le mouvement sans réellement savoir de quoi il s’agit, dans quoi ils embarquent, la finalité de ce qu’ils entreprennent. Parmi elles, il y a celles issues d’une catégorie sociale moins aisée qui semblent être les plus clairvoyantes, aimantes, mais qui malgré tout, n’arrivent pas à faire de sorte qu’une « perchée » bien sûre d’elle et surtout très posée, une perchée dont on ne sait pas trop non pas ce qu’elle est, mais qui elle est, une perchée qui parvient à ses fins. Pour cause, Ms novak fait ce qu’elle veut sans rencontrer d’obstacles, alors qu’il y a quand même pas mal de faits qui devraient alerter certaines personnes.
Club Zero fera des parents regarder d’un peu plus près qui entoure leur enfant. (- Je l’espère -)
‎L’emprise, oui, il s’agit de cela aussi ici‎.
Soumission sans forcer, embrigadement à l’insu de tous mais qui donne l’impression que l’opération s’effectue avec l’aval des référents (parents comme directrice de l’établissement), c’est ce qui se perçoit dans le film et pas qu’un peu.

Dénonciations d’hérésies.
« Je dois pouvoir compter sur vous. »
Tristesse !‎ Avec ce qui se passe côté harcèlement à l’école, entendre un parent dire cela à une directrice d’école, pourquoi je trouve cela si choquant‎ ? Parce qu’Il ne devrait pas avoir besoin de le faire ?
‎Les parents qui tous « ne veulent que du bien » à leur enfant, mais le laissent aux mains d’inconnu.e.s, cela sous prétexte que ces personnes « qui aiment trop les enfants » vont lui fournir une éducation alternative qui lui permettra de sortir encore plus du lot, Club Zero n’y va pas avec le dos de la cuillère dans la critique du rôle des parents en pareille situation.

« Moins manger affaiblit, non ? »
Pose la question de la confiance, de la présence des parents, du libre choix, de la liberté de conscience, de la création de sous-couches dans la société, la fausse bienveillance, la fragilité des adolescents et surtout les adolescentes dans le cas ici présent, sont aussi évoquées les conséquences désastreuses sur le métabolisme du manque d’alimentation. Le traitement de ces thématiques est astucieusement effectué.

Wokisme.
Décadence inversée qui s’apparente à de l’indécence, le film‎ pose la question de la mouvance de la décroissance qui peut mener à une certaine radicalité alimentaire.
Il met le doigt sur ce point aussi, bref, parents, Club Zero vous fait une leçon de morale, un rappel à l’ordre que je trouve utile.
Aurez-vous le courage d’affronter le fait qu’il vous reproche de ne peut-être pas assez protéger vos enfants, que vous n’êtes pas de taille à faire face à ce qui va vous tomber dessus avec cette nouvelle génération et la façon de certains d’entre-eux de vivre avec leur époque ?

En une diatribe.
Le discours très critique du genre engagé d’une ado qui balance le fond de sa pensée à ses parents de l’autre côté d’une porte fermée, ceci est la première grande scène du film pour moi. Elle assoit la portée critique sociétale du film, c’est limite une master class !

Un hors de contrôle très…flippant !‎
C’est clinique. La manipulation, le retournement du cerveau, il faut voir ce film qui dresse un excellent portrait de la fabrique de celles et ceux pour qui être de l’élite, c’est repousser les limites d’actes qui pourtant sont indispensables.
Le deuxième temps fort du film – malheureusement pour encore un fois les parents de son public – demeurera peut-être l’instant où justement, les parents, surtout ceux qui étaient très partants, se rendent comptent qu’il y a quelque chose qui cloche dans toute cette éducation alternative, et ‎comme un jeu ‎dont on ne possède les codes, astuces et expériences, on se retrouve perdu quand cela dérape. Une fois le constat fait, souvent, il est bien trop tard pour reprendre le contrôle. Je ne souhaite cela à aucun parent, même à ceux qui merdent par vanité.‎

Club Zero ou comment un film très dépouillé au contenu qui interpelle, à la mise en scène sobre et maitrisée, qui contient des éléments de langage passe partout peut cueillir son public ?
Club Zero, cela m’est tombé dessus, comme ça ! Contenu, formes, jeu d’actrices et d’acteurs, atmosphère : un upercut, car l’effroyable récit présenté m’a semblé tellement bien géré et m’a paru très efficace dans son action de dépeindre une situation, des classes sociales, ainsi que celle de dénoncer le wokisme du bien-être qui, sous prétexte d’urgence écologique, part dans le ridicule et l’extrême.
J’ai apprécié l’exploitation – entre bien d’autres – de la thématique de l’éco-anxiété et de ses effets sur les jeunes. Boum !‎
J’ai ressenti du dégoût à bien des moments et je mets mon doigt à couper qu’il en sera de même pour vous au minimum lors de deux scènes qui sont l’acte d’une ado sur son lit, puis celui de son chien.

Montre, décortique, alerte, criti‎que, Club Zero, c’est ‎du cynisme à souhait. Il y avait longtemps que je n’avais pas ressenti cela, le fait de me dire : « Whouaw. Intelligent le bordel. Bien vu. Classe l’autopsie sociétale ! »
Non pas que je sois pervers, mais l’intelligence dans le traitement des sujets du film qui met tout le monde dans le même paquet, est tout simplement une réponse parmi de nombreuses sur le drôle de chemin que prennent ou vont prendre les futures générations.
Fait partie de ces films que j’ai vu sans trop rien savoir de lui avant ma séance, comme le récent Sick Of Myself qui donne aussi dans le style film cynique et décalé, ce n’est pas un coup de cœur, mais on n’en est pas loin. Bonne toile !

 

 


 

@cineprochereviews