Notre corps, +++++ ♥♥

•Sortie France le : 4 octobre 2023
•Synopsis et bande-annonce : notrecorps (via Dulac Distribution/YouTube)
•Chronique :

 

Des portraits pertinents De l’instructif Du concret …

« Pathologies gynécologiques, de la jeunesse à la vieillesse, du début à la fin » le corps des femmes vit.
Ce n’est pas moi qui le dit, mais une personne bien plus qualifiée et surtout plus légitime que moi qui résume la vie – en partie – du corps de la femme.

Les femmes, le monde hospitalier, des récits de vie très variés dont les « C’est votre histoire » qui deviennent « Vos expériences » ,‎ ce documentaire est riche en…tout, et ne pas trop déborder, me laisser emporter par mes émotions question de rester cohérent dans mon ressenti est compliqué, mais je me lance !

Brut, intimiste, humain, touchant, pédagogique, inclusif, perturbant, Notre Corps,‎ devant tous les cas de figures présentés, il y en aura au moins qui parlera ou touchera les personnes de son public, car la diversité des situations médicales proposée est aussi vaste que la diversité intérieure comme extérieure des corps féminins.
Employer le qualificatif « aventure » peut sembler déplacé, mais pour beaucoup de femmes, quand elles se rendent dans un service gynécologique, cela s’apparente parfois à une aventure lorsqu’elles sont confrontées à un problème, et qu’il s’agisse d’une occasion triste proche de la galère ou un choix assumé, aller en un tel lieu – ce qui est nécessaire et très vivement ici conseillé – représente pour elles, un ou des moments de découvrir ce qui se passe en elles.
Certaines s’aperçoivent que tant que tout allait bien, elles ne cherchaient pas à en savoir plus d’elles et que parfois cela était à tort, du fait que leur métabolisme interne qui est soumis à bien des variables, ne peut pas faire l’objet d’un manque de vigilance.
Une vérité parfois cruelle et lourde à accepter, car comme cela se ressent en regardant le documentaire, le fait de devoir se tenir en alerte permanente, représente une contrainte supplémentaire.

Hôpitaux de Paris-Assistance publique, Hôpital Tenon (Paris 20), des longs couloirs tout autant que les multiples tiges qui entrent dans ou par le vagin pour diverses interventions, oui, je suis cash, car ce constat, il ne faut pas le nier.
Je pense que pas mal d’entre-nous‎ ne se rendent pas compte de tout ce que subit le corps d’une femme et donc son vagin, cette partie du corps féminin tant fantasmée – encore plus aujourd’hui avec l’hypersexualisation permanente et malgré les campagnes de publicités axées sur la pédagogie question de déconstruire bien des fantasmes ou approches masculines – dans le documentaire, comme cette partie du corps, c’est principalement l’anatomie qui est évoquée.
Et encore oui, je pose là ce constat, le documentaire peut être un tue l’amour car il parle de métabolisme, de biologie, de psychologie, pas de sexe, de sexy, de glamour, zéro fantasme possible, Notre Corps soutient, rend hommage, démystifie, éduque.

La réalisatrice Claire Simon nous livre un récit très intime sur les femmes et leur corps. Celui-ci est sans filtres, donne l’impression de participer aux échanges auxquels nous assistons, tout nous est aussi montré, le corps de la femme nous est montré, donc avis aux personnes qui ont un souci avec lui mais veulent regarder cet enrichissant documentaire, il faudra vous faire à l’idée que de ce côté-là, bruts, crus pour ce qui est des propos mais aussi des images, vous ne serez pas ménagées.

Notre Corps, des portraits :
Des médecins face à des cas médicaux, des personnes avec des problèmes de santé face à des médecins bienveillants et avenants.
Dans ce documentaire, les histoires concernent tout le monde, et parfois, non !, souvent elles rassurent.

Notre Corps, de la pédagogie :
On voit surtout l’accompagnement des médecins et infirmières qui prennent le temps de tout expliquer côté processus d’une action. On nous présente la vie !
Les explications, qu’elles soient simples ou techniques sont limpides, elles m’ont rendu curieux et surtout touché.
Les médecins qui s’apparentent à des psychologues semblent toujours avoir les bons mots, discours, s’adaptent aux patientes personnes leur faisant face.

Notre Corps, la technologie :
La technologie utile qui accompagne le corps médical à accomplir des exploits.
Ici nous est présenté la technologie utile qui malheureusement n’est pas accessible à tous les établissements médicaux publics.

Notre Corps, les cas de figure :
Avortement ; Transitions de genre ; Maladies génétiques ; Règles douloureuses ; Maladie, ici l’Endométriose, cet instant fut le plus compliqué pour moi, car la personne comme certaines parties du récit de cette femme de 30 ans qui « préfère avoir mal que de ne pas avoir envie » , dur !
Notre Corps : Être enceinte, procréer, cet acte est présenté comme étant un « parcours » fait de petites « étapes » qui peut objectivement et sans heurter, s’évaluer via des chiffres, et cela est une science des chiffres valable pour femmes comme pour hommes, jeunes et à une certaine limite d’âge ;
Notre Corps : Fausse couche ; Prélèvement d’ovocytes avec une image qui donne l’impression d’observer une…galaxie ; Don de sperme ; Insémination artificielle ; Accouchement, ici « simple » qui va de l’accueil à la sortie du bébé et sa rencontre avec sa maman, l’impression d’être l’accompagnant de la femme se vit ;  Césarienne ; L’après accouchement, débriefe ; Cancer génétique ; Chimio et chimio durant une grossesse ; Violences gynécologiques ; Ablation du sein ; Le sentiment de la perte d’autonomie, d’être dépendante.
Riche, très riche en sujets, je crois n’avoir rien manqué.

Notre Corps, pas un grief, mais une remarque :
On peut faire le triste constat des nombreuses absences masculines auprès de leur compagne, enfant, ami.e en de tel instant grave. Les concernées le confirmeront peut-être, ce fait que les femmes sont effectivement souvent seules face au médecin.

Notre Corps, des vérités :
– Valorise le personnel médical et soignant : docteur.e.s, médecins, infirmières, sages-femmes,… , il vulgarise le corps féminin, pas de façon péjorative ou rétrograde, non, il le resitue à sa juste place.
– Le TEMPS. Il montre qu’il faut en donner et s’en accorder, non pas par luxe, mais par nécessité. Une grande vérité‎ est exposée.
– Hôpital. Un lieu à protéger, à sanctuariser !‎
Notre Corps, des propos durs, des témoignages pour aider les autres :
« Je vais perdre mes cheveux. Si vous pouvez ne pas me couper le sein (…) d’accord, ce n’est pas la première à qui cela arrive »
« Après le traitement par radiation, il n’y aura quasiment aucune chance de tomber enceinte… »
Courage, résilience, d’un certain âge comme jeune, pour les femmes, encaisser ce type de nouvelles à l’annonce, il faut être forte, comme le dit et l’est la femme qui tient le premier propos, et qui a voulu être filmée pour montrer aux autres comment cela se passe.

Instructif, saisissant parfois, Notre Corps, je le redis. Avec une efficace objectivité, il fait comprendre l’importance de nos établissement médicaux, qui de ce que j’ai ressenti, représente des lieux d’espoir pour celles et ceux qui y entrent, qui s’y rendent.
Un lieu où l’humanisme et la confiance, le savoir, le savoir-faire, le savoir-être sont présents ; Un lieu de science qui donne espoir ou est d’une implacable triste vérité.
Mieux qu’internet, le documentaire nous ramène à la réalité en montrant des situations concrètes sur la façon dont cela se passe dans un service gynécologique de l’hôpital public.
Notre Corps, c’est un peu la science par l’image et l’humain aux commandes. Très sincèrement, j’ai relativisé bien des choses comme le fait qu’au final, nous ne sommes pas grand chose sur Terre, et que la science semble être ou est tout.
J’ai souvent entendu dire que le monde est mathématique. Pour moi, il est science car le corps est une sacrée machine. Il est complexe, mais constat est ici fait que celui de la femme assujettie à beaucoup de menaces et dangers intérieurs l’est bien plus encore !

Certaines personnes sont devenues véganes après des mauvaises expériences. Attention aux effets de ce documentaire sur certaines et certains d’entre-vous.
Le rapprochement peu paraître quel que peu mal venu, mais en sortant de salle, je n’étais pas dans un très bon état et je ne regardais pas les femmes que je croisais de la même manière que juste avant. Bref, c’est peut-être l’une des utilités de l’existence de ce type de d’œuvres : Faire évoluer les choses, dont le regard.

Durée = 2h43.
La vraie vie de femmes, Notre Corps, ‎ parfois éprouvant, souvent introspectif, et pourtant, je n’aurai pas été contre une rallonge de ce documentaire qui démystifie nombres croyances, fantasmes ou encore idées toutes faites.
Bien que réaliste dans le sens qu’il ne laisse aucune place à du faux optimisme, Notre Corps, tous les portraits sont des récits de vie qui sont ou seront utiles à nombre d’entre-vous de son public et par conséquent, malgré toutes les lourdes vérités qu’il présente, ce film documentaire est à préconiser. Donc, bon docu à fortement préconiser !

 

« C’est comme ça, c’est mon histoire »

« Je vais perdre mes cheveux. // Si vous pouvez ne pas me couper le sein (…) d’accord, ce n’est pas la première à qui cela arrive »

« Toute personne qui se trouve face à un médecin est en infériorité »

« Parfois la maladie est plus forte que la médecine »

 

 


 

@cineprochereviews

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