Menus-Plaisirs : Les Troisgros, +++++ ♥♥

•Sortie France le : 20 décembre 2023
•Synopsis et bande-annonce : menus-plaisirs-les-troisgros (via Météore Films/YouTube)
•Chronique :

 

4 heures !? Oui ! 4 heures de plaisir 4 heures de pur plaisir, car 4 heures de déconnexion, 4 heures qui font du bien et je n’exagère rien ! …

Une bonne place, gestion de la vessie effectuée, ça passe tranquille, d’autant plus qu’il s’agit d’un film documentaire sans intervention extérieure, c’est-à-dire que la caméra est là, posée, discrète, en nous donnant l’impression d’être nos yeux, il n’y a pas d’intervention extérieure, la prise de vue nous fait suivre en mode in situ, nous fait… « voyager. » Oui, pour ça, on peut lui faire confiance, « on vous fait confiance. »‎‎

Printemps 2022. La Maison Troisgros fondée en 1930 (durant la grosse crise de 1929 « La grande dépression »), trois étoiles depuis… 55 ans au mondialement célèbre Guide Michelin, Respect !
Un film documentaire dans lequel nous découvrons un univers, une entreprise familiale composée du Café-épicerie Le Central de Roanne, restaurant et gîtes La colline du colombier, hôtel restaurant Les Troisgros, Le bois sans feuilles, et donc la famille Troisgros aussi : le Chef Michel, son aventure, sa famille, le personnel et la clientèle de son restaurant -, la diversification avec « Petite cuisine » , une entreprise familiale qui a décidé d’évoluer avec un autre concept du luxe qui est la valorisation d’un lieu naturel qui fait tout.
Ne sont pas oubliés : Des agriculteurs, des fromagers, des apiculteurs, des vignerons très axés sur la biodynamie et dont l’engagement ainsi que le fruit de leur travail épatent certains anciens, Menus-Plaisirs : Les Troisgros on voit, on entend :
‎- On entend des choses qui même si elles peuvent sembler banales sont intéressantes et instructives, comme des conseils, des réflexions, des histoires de vies.
– On entend les bruits dans une cuisine (découpage des aliments, cuisson, ustensiles, …).
– On entend les sons de la faune…qui parfois accompagnent les bruits d’un match de tennis de table, on entend la vie de la faune.
– On entend des échanges de toutes sortes : Ceux des choix des aliments à cuisiner et des vins montrent à quel point le « prestige et la rareté » dont « on paye le prix » influent sur des décisions, sont des ajustements qui ne se prennent pas à la légère, mais dont surtout les restaurateurs sont très dépendants.
– On entend des discours de personnes dont « les convictions » liées à la prise de conscience environnementale et sociétale poussent à prendre des décisions qu’il faut expliquer à leurs partenaires et la clientèle. La portée écologique du documentaire est là : bon sens, technique, observation cf/ la scène d’un entretien avec un éleveur de bovins, l’instant est très enrichissant, des messages à  l’exemple de celui qui suit et semble être une évidence peuvent faire réfléchir ou apporter un début de solution pour un secteur agricole – pas celui de niche – en crise : « Quand on respecte le sol, l’herbe va bien, les vaches vont bien »
‎- On entend avec beaucoup de plaisir les explications des sommeliers à la clientèle, des éleveurs d’animaux et fromagers expliquer leur travail.‎ Expliquer, oui et d’une certaine manière on comprend que cela fait aussi partie du métier.
– On voit un monde, une ambiance, des rapports humains, un univers, celui de l’artisanat culinaire haut de gamme, celui des détails de toutes sortes, ceux qui font ou défont des succès.
– On voit le temps que peuvent prendre des choix, cela juste pour un plat, et là, je peux vous certifier que vous ne regarderez pas votre prochain grand repas – ne serait-ce que dans un bon restaurant – comme à l’accoutumée, c’est-à-dire pas sans penser à toute la réflexion qu’il y a eu en amont.
– On voit que la grande cuisine, en effet, c’est technique ! La recherche des accords parfaits, de l’harmonie, quel sacerdoce !
– On voit des jeunes personnes dans un corps de métier très rigoureux.
– On voit du travail manuel sur des beaux aliments.
– On voit très – malheureusement – une cave à vins qui m’a fait maudire cet instant, surtout celui suivant de la dégustation (- haaaaaaaa ! -)
– On voit le backstage, voit la vie de ce type d’établissements, leur responsabilité envers leurs partenaires, leur décision de s’adapter aux offrandes de Dame Nature, de se plier à faire avec ce que leur donne la nature et ce sans que cela soit subi comme un préjudice, on voit leur prise de conscience sur leurs décisions dans un écosystème très fragile et de plus en plus fragilisé.‎

Oui, cuisiner, c’est du travail, un sacré travail !
L’art de la table, surtout en France, ce sont des lettres de noblesses que le monde entier nous envie, il y a des raisons à cela, Menus-Plaisirs : Les Troisgros, regardez-le et vous comprendrez. Oui, vous comprendrez le pourquoi et cela encore plus quand vous ressentirez de la fierté vous envahir en regardant toute la diversité de personnes qui s’y attellent pour ce faire.

Rythme lent, de sénateur oserais-je dire, mais est pile ce qu’il faut, tantôt rend jaloux pour ce qui est de faire de la cuisine, tantôt rend fier, tantôt donne faaaaaaiiiiiiiiim, certes, Menus-Plaisirs : Les Troisgros n’est pas des documentaires hypers instructifs qui vous poussent à remettre certaines choses en question, il n’est pas introspectif car existe pour rendre hommage, un hommage solennel.
Non, avec son très grand tour d’horizon, il montre et valorise un art de vivre, un savoir-faire, que dis-je, un important savoir-faire et savoir-être par des personnes responsables qui de part leur comportement, font‎ souvent prendre conscience de l’importance des détails et des choix.
L’air de rien, à sa façon, le documentaire effectue un brillant travail pédagogique du fait que les thématiques de la responsabilité sociale et de la transmission se ressentent bien. Implication à tous les niveaux !

À nouveau un film documentaire attractif et instructif tout de même car bien riche en propos, je vous soumets un constat très personnel et donne donc un avis pas vraiment objectif : Et si le véritable avenir du cinéma était plus de diffusion de films documentaires, surtout de ce type.‎
Toujours utiles, très instructifs, souvent pédagogiques, de plus en plus engagés sans jamais donner dans le frontal, donc pas rebutants, donc plutôt inclusifs, ont un rôle sociétal très important car mettent des univers et des mondes à la portée de public à qui souvent, il ne viendrait pas l’idée de s’y intéresser, sont parfois pédagogiques et introspectifs, très humains, variés, exemples rien qu’en 2023 on a eu : Toute la beauté du sang versé, Dancing Pina, Les gardiennes de la planète, Sur l’Adamant, Notre Corps, Invincible été, La Rivière, le futur Voyage au Pôle Sud … qui sont des preuves et des arguments de mon propos, donc oui, si les personnes s’intéressaient encore plus‎ aux films documentaires qui nous montrent et nous expliquent bien des choses, notre société ne se porterait-elle pas mieux !?
Un grand point‎ commun de tous ces films documentaires : Toujours excellemment montés et présentés.
À la fin de cette très intéressante invitation en cuisine et à des enrichissantes rencontres, hormis toujours cet irritant qu’est la fraîcheur des salles de cinéma climatisées même en hiver, je confirme que outre le fait que cela creuse et pas qu’un peu, les 4 heures, c’est fingers in the nose*. Menus-Plaisirs : Les Troisgros, il s’agit d’une invitation à passer un bon moment et cela en bonne, que dis-je, en excellente compagnie. Bonne toile !

 

 

  •  n.b :  Présentation d’un livre « Ukraine, Cuisine et Histoire » par Olena Yuriivna Braichenko, Editions La Martinière, 2022.‎
  •  p.s :  « Un sol vivant, » « observation. »‎ Ces deux qualificatifs de bon sens se font souvent entendre dans le docu.‎
  • *Les doigts dans le nez, ou facile ou tranquille.

 

 


 

@cineprochereviews

Une réflexion sur “Menus-Plaisirs : Les Troisgros, +++++ ♥♥

Les commentaires sont fermés.