•Sortie France le : 20 mars 2024 •Synopsis et bande-annonce : la-jeune-fille-et-les-paysans-vostfr (via The Jokers/YouTube) •Chronique :
– Quatrième adaptation au cinéma du roman en quatre parties « Les Paysans » de Władysław Reymont, écrit de 1904 à 1909 (Pas Lu) –
Des saisons — Des classes sociales — Des caractères …
Telle une gigantesque fresque d’un grand peintre, mais animée, ce film est un véritable chef-d’œuvre, une œuvre artistique, un enchantement visuel !
J’insiste sur le fait qu’il faut vraiment le voir sur un très grand écran afin d’apprécier l’offre de sa performance technique.
Côté fond, cette œuvre artistique graphique d’une grande beauté nous conte la condition féminine dans une époque très patriarcale et durant laquelle le sort de toutes les femmes était scellé dès leur naissance – par une bouteille de vodka. –
La jeune fille et les paysans qui ne révolutionne rien côté histoire du fait que son récit n’est pas original, nous fait un sacré cours de sociologie.
Le film nous rafraîchit la mémoire en rappelant ce sempiternel cas de figure qui se passe quand la méchanceté est guidée par la jalousie et la peur, avec la transformation de personnes bien sous tous rapports au premier abord, puis se radicalisent quand elles sentent leur petit confort de vie menacé.
La vie en communauté qui comme souvent est parfois imposée, promiscuité étant ou oblige, des ragots et de la jalousie, une mère qui choisit le meilleur partie pour marier sa fille – au charme fou, personnage comme actrice – , fille qui bien sûr désire un autre, donc inévitablement la situation provoque une romance très contrariée avec une bataille père-fils. Résultat de l’addition de tous ces faits : Une mariée qui le premier jour du reste de sa nouvelle vie donne l’impression de vivre un deuil, car non pas le patriarcat, mais le matriarcat a scellé son destin, sauf qu’elle est bien loin de deviner ce qui va lui tomber dessus.
J’ai aimé ce film pour sa performance graphique bien sûr, une performance qui donne de l’attrait à la romance contrariée, au tragique, ainsi qu’à ce qui peut être qualifié de thriller social et de western.
Cette performance artistique polonaise mélangeant beauté visuelle et musique ainsi que des apaisantes mélodies et des beaux chants tantôt douces, tantôt rythmés, tout cela dans une langue locale à la tonalité à la fois dure et ronde avec des pointes aiguës ou sèches, j’ai trouvé que beaucoup de mélancolie se dégageait de cette œuvre à l’identité très forte. Avec la valorisation de la langue, les chants, les danses, les us et coutumes dont les festives s’apprécient grandement.
La jeune fille et les paysans est une assez belle expérience cinématographique à vivre.
Un bouillon de culture polonais qui de par sa configuration pourrait se transposer ailleurs, ce film me rappelle R.M.N., car la décortication de la montée de quelque chose de malsain qui sommeille en des personnes vivant dans des lieux reculés y est tout aussi bien faite, oui la fameuse démonstration qui pourrait se traduire de la sorte : C’est ainsi que cela se passe ici ! est de nouveau très claire. Bonne toile !
« L’amour ça va, ça vient, mais la terre, ça, ça reste »
- p.s : Cette scène de danse durant le bal de mariage avec ses plans sur les visages masculins et celui de la mariée qui disent tout, il donne l’impression que le Petit chaperon rouge va se faire dévorer par plein de loups avides de sa douce peau et de sa tendre chair. L’instant est oppressant et moi homme, j’ai flippé pour elle !