Bande de filles, +++

 

Code de cité – Des beaux portraits – Un choix, trouver l’échappatoire.

Banlieue, violence, jeunes de cité. Encore vous direz-vous ! Mah oui, sauf qu’ici, tout est abordé sous un tout autre angle, un point de vue féminin, non dénué d’intérêt.
Comme si tout était écrit d’avance, et que donc les jeux étaient déjà faits, Bande de filles met la lumière sur un problème sociétal prenant de plus en plus d’ampleur.

L’histoire de ces quatre filles, pas vraiment dans le vent mais bien avec leur époque, est relatée de la façon la plus objective qui soit pour que les spectateurs puissent comprendre, bien se mettre dans la tête une bonne fois pour toute qu’être une fille, c’est déjà quelque chose, mais en être une en ces lieux, ce n’est absolument pas chose simple.

Famille (plus la soutenir qu’elle n’est un soutien), grand frère, potes du frère, aspiration d’un lendemain meilleur en sachant qu’il n’y a rien à attendre de l’école…donc à quoi bon s’y rendre, la mode, Paris et ses lumières, s’affirmer, ne pas forcément suivre le même chemin que les parents (femme de ménage, éboueur, épicier, qui reste à la maison…), marquer son territoire.
Ce dernier thème est pour moi, l’un des plus grands points d’intérêt de Bande de Filles.

Pour être, se faire respecter, il faut devenir aussi féroce que les mecs de cité. Le problème est, encore une fois, que ce sont eux qui en tirent un bénéfice, celui de voir celles qu’ils ne considèrent déjà pas comme leur égal se rabaisser à s’entre-déchirer et donc, à s’offrir en spectacle. Spectacle dont les mecs se régalent, la même extase que lorsqu’ils regardent un combat de pitbulls, ou un mec se faire lincher.
Dans ce film, les jeunes femmes ne sont pas à l’honneur, mais les jeunes mecs, malgré le fait qu’ils ne soient pas au cœur du film, ne sont tout simplement pas épargnés. Leur attitude est dépeinte sans que la réalisatrice ait eu à forcer le trait.

On en revient à cette fatalité. Celle que les mecs ont le contrôle sur les filles. D’elles-mêmes, elles semblent se soumettre à l’insipide dictat territorial. Apparemment, en plus de faire attention au regard des mecs, elles doivent aussi composer avec le fait que la solidarité féminine : « c’est mort ! »

Bande de Filles, la cité et ses interdits pour le féminin, ne se veut pas être un film déprimant sur la condition féminine en banlieue difficile, je l’ai perçu comme une énième alerte sur le devenir des jeunes de banlieue, un film qui prend le pouls d’une jeunesse sacrifiée, de nos jeunes délaissés pour des raisons x y z.

Tout n’est pas noir non plus. RER ou Transilien, descente à Paname, l’échappatoire, traîner à la Défense ou au Trocadéro, se vider la tête à Bercy, seul ou entre potes ou/et cop’s -(des souvenirs très persos)- pour vivre avec légèreté des instants, parfois futiles et légers, mais tellement bons, et surtout qui n’appartiennent qu’à vous.

Ne snobez pas ce film. Ce serait encore une fois tourner le dos aux nôtres.

Bon film, bonne toile !

 


 

@cineprochereviews