Ma fille, +++++ ♥♥

•Sortie France le : 12 septembre 2019 // Vu le : 13 septembre 2019
•Synopsis et bande-annonce : mafille (via Mars Films/YouTube)
•Chronique :

 

—   Les provinciaux qui « montent » à Paris – Roschdy Zem, comme toujours impeccable, surtout quand il joue un personnage qui ne veut pas se dévoiler – Une invitation impromptue   —

Le pitch pourrait être simple, du genre : « C’est l’histoire d’un homme tranquille, dans sa jolie maison, peinard à la campagne. Un père un poil à la traîne, dont le confort de vie l’aurait mis en marge de sa vie de père, et qui par le biais d’une virée obligée, deviendra une autre personne. »
Si‎ seulement le contenu de ce film pouvait être aussi simple que ce pitch, car on se prend une belle de claque !

Se déroulant durant les fêtes de Noël, cette aventure n’a rien d’un joli conte. Vous serez intrigué.e.s devant une histoire où un homme en une nuit devra plonger en lui, se raconter, ouvrir les yeux, se rapprocher, s’ouvrir à sa malicieuse et dégourdie fille cadette, tout en cachant son inquiétude.
Par le biais de cette introspection, la réalisatrice Naidra Ayadi parle des déraciné.e.s arabes en provenance d’Algérie, évoque bien des faits, une culture, mais aussi une ville, Paris.
Paris : surtout son accueil, sa saleté, ses mondes la nuit, où cultures et religions, principes et valeurs ne pèsent pas lourds face à la luxure.

Ma Fille est le type de film dramatique à multiples sujets qui sans trop en faire, arrive à vous surprendre, tant le contenu est bien fait et l’ensemble maitrisé.
Un père qui découvre ses filles avec une qui le rend heureux et une autre qui…va lui compliquer la vie. Ledit père découvre un monde, les tréfonds de Paris et des ses nuits, atmosphères très habillement présenté.e.s. par la réalisatrice. À travers un regard acide sinon amer, elle tire à boulets rouges sur l’attitude, l’égoïsme, le manque d’humanisme qui parfois y règnent. La scène du métro résume tout ce qu’est en partie Paris, la ville lumière, une ville dans laquelle j’ai vécu et que j’aime toujours.
Au fil des captivantes recherches dans ce film, vous verrez un parent tombé des nues, le genre de parents qui a fait beaucoup de sacrifices, tout donné pour que leur.s enfant.s aient tout, qu’ils n’aient pas besoin de trimer comme eux.
Vous aurez avec ce film encore la confirmation de cette relation particulière, qui est comme une spécificité en fait, celle entre les provinciaux et cette grande mégapole qu’est la capitale Paris.
La réalisatrice nous montre la froideur et l’indifférence des gens très pressés qui l’habitent, qui y travaillent ou sont de passage, mais aussi le fameux regard hautain quand il y a un de regard, sans oublier le mal-être de ceux qui y débarquent ou ceux qui s’y noient perdent.
Je n’oublie pas l’un des sujets du film, le déclencheur. La dénonciation d’un fait depuis bien longtemps établi : Ces jeunes filles bien sous tous rapports qui débarquent dans la capitale et qui succombent volontairement – quand on ne les y obligent pas – aux charmes des nuits feutrées parisiennes, aux lumières qui semblent les avoir trop éblouies.

À n’en pas douter, vous serez marqué.e.s – si vous vous sentez un tant soit peu concerné – par ces parents arabes nés là-bas, qui viennent en France pour offrir un mieux à leur.s enfant.s, et dont la déception est parfois grande quand ils voient ce que font certain.e.s de ce sacrifice. Mais pire, vous comprendrez mieux ce que certains de ces dits parents ressentent en constatant le peu de chance qui est offert par d’autres à leur.s enfant.s juste parce qu’ils viennent d’ailleurs.
Oui, il y a de ça aussi dans Ma Fille, un film simple, très bien fait car réaliste, un film‎ coup de génie de la part de sa réalisatrice qui nous fait comprendre que l’on peut être ce père et ces personnes que Paris éblouit surtout le soir.
Un film avec une fin où l’on peut dire que la boucle est bouclée, Ma Fille est comme une lettre ouverte de parents à leurs enfants, une lettre ouverte dans laquelle ils attesteraient de leurs responsabilités parfois oubliées, de leurs erreurs à ne pas reproduire, nous comme eux et leur.s progénitures.
Mais le plus dur pour nous public sera de faire le constat que l’on a regardé un film sur des choix, plaisants ou pas, faits par d’autres, des choix à respecter quand à cause de notre manque d’implication et avec le recul, on sait que l’on a failli.‎ Implacable car universel ! Bonne toile !

« C’est une grande ville ici. À Paris, c’est chacun pour soi »

« Je ne pensais pas que ce serait si dur pour une fille Paris »

 

  • Blédard : Personne française issue de l’immigration, dont le pays natal se trouve en Afrique du Nord ou plus généralement, dont les originessont maghrébines. (définition via Lintern@ute.fr)
  • p.s :  Mention spéciale à la jeune actrice Natcha Krief (Nedjma) et à la réalisatrice qui elle, a osé nous montrer Paris en partie telle qu’elle est et ce, sans prendre de gants. //‎ Voir absolument le film Une Nuit, toujours avec un Roschdy Zem, qui était épatant en flic de nuit faisant la tournée des boîtes et clubs parisiens pour réguler certaines activités. Une scène dans Ma Fille fait penser à ce film. Indice : Dans le taxi.

 


 

@cineprochereviews