•Sortie France le : 14 novembre 2018 // Vu le : 30 novembre 2018 •Synopsis et bande-annonce : leschatouilles (via UGC Distribution/YouTube) •Chronique :
— Faire un choix quand vous n’avez pas été en mesure d’en faire un avant – Du malsain non éludé – Exploit de parler d’un tel sujet sans que le spectateur ait une nausée aiguë —
Une qui, en se faisant violence, parviendra à mettre les bons mots sur des actes passés, et une autre qui en sortira transformée, du fait d’avoir pris le risque de bousculer ses habitudes en acceptant un appel à l’aide subite, ce, pour permettre à l’autre d’avancer.
Pédophilie. Il en existe plusieurs formes car différents cas de figures ou plutôt de contextes, Les Chatouilles aborde celui se déroulant dans le cercle des proches de la famille.
Innocence volée, confiance aveugle, mais aveugle parce que dans ce type de cadre, vous n’êtes pas censé être méfiant, vous Parents. Parents : ceux qui ne voient pas, qui ne voient rien, qui ne devinent rien, puis se sentent plus coupables – à tort, mais légitimement – que les véritables coupables.
Le film montre une situation qui devrait interpeller certains parents, faire appel à leur vigilance, pour qu’ils portent de l’attention aux alertes lancées si celles-ci se présentent.
Tout en étant un film qui appelle beaucoup à abolir les barrières du silence et de la honte, Les Chatouilles est un puissant plaidoyer à la vie. Sa forme est le témoin de ce ressenti.
En effet, les souvenirs parfois retranscrits en mode fantastique et fantasmagorique apportent un peu de légèreté au contexte. Captivant visuellement et fort dans le fond, le public – qu’il le veut ou pas – est interpellé et poussé dans l’expectative.
À trop se contenir, explosion garantie. Le dommage collatéral : en impliquant les autres, il se peut qu’on les pousse à bout, donc de les perdre, car l’acceptation de l’acte pour les victime.s d’agressions sexuelles, viols, violences domestiques, ne débouche pas que sur des situations simples.
L’effroyable, l’impuissance, des douleurs qui ne sont pas les nôtres et devant lesquelles il ne faut pas tourner la tête – car on sait jamais – on ne pourra que constater que pour avancer, ceux qui ont subi ces violences, ces crimes, n’ont pas d’autres choix que d’Accepter, accepter d’avoir été et d’être une victime, pas le choix de regarder, d’affronter son passé pour mieux avancer, pour vivre.
Ce film fait comprendre la force mentale qu’il faut avoir pour surmonter ces actes et les conséquences engendrées quand on décide de laisser sortir.
Oui, il fait comprendre qu’il ne faut pas avoir peur de son bourreau, ni d’égoïstes qui voudraient ne pas être « salis » afin de protéger leur petite vie paisible et surtout, que parfois, seul le sacrifice et le courage des unes et des uns peuvent sauver un, unes, d’autres.
L’originalité de la présentation de l’ensemble s’apprécie, d’autant que les séquences de danse moderne servant d’exutoire sont de formidables instants qui illumine le récit. En effet, sa valeur ajoutée est efficiente, ce qui permet d’avoir un film accessible à tous, film qui aborde un sujet grave, sans donner dans le glauque ou le voyeurisme.
Les Chatouilles montre des situations d’acceptation, de résilience, et pour contre-balancer : l’éludation, la négation de ceux qui ont peur d’être éclaboussés, ne veulent pas y croire, pensent plus au qu’en dira t-on qu’à la blessure de la vraie victime. Celles et ceux qui ont peur d’être sali.e.s sont souvent des très proches ou des intimes.
Ce dernier cas est excellement bien montré, et Karine Viard qui interprète à merveille un personnage délétère que personnellement j’ai eu envie d’étriper, prouve qu’elle est vraiment tout terrain côté rôle. Elle est au-delà du convaicant dans son personnage de mère indigne et si vous éprouvez des envies répréhensibles quand vous voyez son attitude, mais surtout quand vous l’entendez, raissonnez-vous en vous disant que vous regardez un film et essayez de ne pas penser que ce type de personnes existe dans la réalité, car là, vous risqueriez de pêter un plomb.
Bouleversant, donne la rage, inquiète. Inquiète car comme il le montre, ce type d’acte peut être produit par n’importe qui d’insoupçonnable et n’importe où. À voir, à retenir et soyez vigilent.e.s, car comme le propos suivant – à double sens – est si bien dit dans le film : « Bah oui, on ne peut pas imaginer une chose pareille ! »
« Ça ressemble à quoi un pédophile ? Ça marche comment ? Ça s’habille comment ? »
- Adaptation cinématographique autobiographique de la pièce de théâtre « Les Chatouilles ou la Danse de la colère » qui aborde les violences sexuelles subit par Andréa Bescond (réalisatrice en duo de ce film).
- p.s : Bravo aux deux actrices du personnage principal et le courage de tout ceux qui osent porter ce type de sujet à l’écran.