•Sortie France le : 28 août 2019 __ Vu le : 5 septembre 2019 •Synopsis et bande-annonce : unefillefacile (via Ad Vitam/YouTube) •Chronique :
Le paraître — L’être — Le masculin et/ou versus le féminin _
« Ce que j’aime dans la vie, c’est l’aventure. » « On ne doit jamais rien. On doit tout provoqué par nous-même. »
Ha les vacances ! Instants d’un grand tout ou d’un grand rien, mais souvent instant.s d’un bouleversement selon la ou les rencontres ; Aussi instant.s de villégiature… quand le lieu s’y prête, celui dans ce film en est un, mais est surtout un excellent terrain de chasse pour différentes personnes.
Une Fille Facile. Caricatures mais pas de la personne à qui on penserait. Allez, sans détours, dans ce film il y a des plans comme pour se rincer l’œil sur une fille qui s’assume, assume le fait qu’elle soit une jeune femme désirable et qu’il y a des hommes qui aiment les filles comme elle. Bref, qu’il y a une offre et demande. C’est cynique, mais réel !
Cannes. Une ado de 16 ans sous influence (?) qui a un comportement semblable à celui de la personne dont on nous conte la vie et que l’on a découvert à travers un scandale médiatique, hasard, miroir !? Peu de chances, car la concernée fut à l’écriture du scénario.
Dans ce film, vous aurez donc droit à un récit qui ressemble à un autoportrait, celui d’une grande fille via une représentation qui n’est pas forcément à son avantage.
Ladite grande fille a choisi sa vie, choisi de se la faciliter, choisi de la vivre sans se prendre la tête. Elle montre à quel point le miel qu’elle est, attire si facilement les abeilles et qu’elle aurait tort de ne pas en profiter.
Oui, Une Fille Facile, paradoxalement, c’est avoir l’impression que Zahia se raconte et que ce film profite de son histoire pour montrer, sans vraiment le dépeindre, ce monde du « M’as-tu vu » , monde dans lequel les hommes qui ont le pognon jouent avec des poupées Barbie grandeur nature.
Les codes de ce jeu sont montrés, les différentes parties bien consentantes qui y prennent part auscultées, ce film c’est bien l’autoportrait d’une jeune femme qui comme elle le dit si bien : « Dans la vie, ce qu’elle aime, c’est l’aventure » et « Que les gens soient content.e.s » , bref, Une Fille Facile, vous aurez vraiment l’impression de regarder une explication de texte de ce qu’est la courtisane contemporaine.
Film dont Abdellatif Kechiche aurait pu être le réalisateur, du fait qu’au premier abord on peut se dire à la fois : « – Mouais mouais – » pour la forme et « – Muhmm – » pour les formes, on peut être résulsé par tant de superficiel et de cru. Sauf qu’à la différence d’un film -récent- d’Abdellatif Kechiche, ici, parfois, on se fait cueillir par des propos de très haut niveau intellectuel…si si !
Côté personnage aussi. Il y a de la profondeur chez pas mal d’entre-eux, notamment chez deux masculins : Un jeune homme, l’ami homo, qui se trouve être probablement le plus intéressant des personnages, car il semble avoir la compo avec le plus de corps ; Un homme censé et lucide interprété par Benoît Maginel. Ce dernier personnage est présent comme pour montrer ou incarne le cynisme de ce monde, cette face obscure ou vide de sens du milieu des riches mais catégorie jet set.
Une Fille Facile qui d’une certaine manière raconte « les gens » de tous types, montre aussi le clash des mondes, des choix à faire et à assumer.
Clash ou choc comme une qui vit sa vie en se faisant tout offrir versus une autre, une femme de ménage qui se débrouille pour subvenir aux besoins de sa famille. Dans ce film, il y a exemples et exemples, comme il y a choix et choix. Les contrastes sont marqués et les situations présentées – ainsi que les personnages du film qui les incarnent bien – sont assez éloquentes.
Fait de beaucoup de raccourcis et de caricatures, mais pas de la personne à qui on penserait, en effet, le masculin est mis bien à mal, surtout ses pathétiques réactions. Le film donne l’impression que la réalisatrice suit une fille qui a décidé de se raconter en montrant sa vie avec un naturel assez déconcertant, sans filtres.
Car un peu comme pour l’œuf et la poule, à la question : « Est-ce la réalisatrice qui est allée chercher un sujet auprès de quelqu’un de précis ou est-ce la personne qui est venue à elle ? »
Question pas franchement existentielle, mais quand on regarde Une Fille Facile sans avoir vu et lu quoi que ce soit dessus, on peut se demander s’il y avait un scénario bien ficelé dès le départ et si oui, le choix de l’interprétation principale était-il programmé ou a contrario, si pas de scénar en amont, l’opportunité aurait-elle été saisie de faire un film sur une personnalité médiatique, personnalité qui voulait se raconter, expliquer qui elle était et par la même prodiguer ses conseils pour : réussir sa vie en profitant des mondains et de leurs semblables. Aller savoir !?
Une certitude. Cette courtisane contemporaine que beaucoup voient à tort comme une Call girl voire une Putain – n’ayons pas peur des mots – et dont la devise est Carpe Diem, je puis vous assurer une chose, moi l’homme que je suis, quand désormais j’entendrais son nom, fini les clichés et la critique facile à son sujet… Car il y a bien bien, mais bien pire qu’elle côté comportement…comportement que ses dites personnes n’assument pas, surtout les nuisibles, les vrai.e.s !
Ce film n’est pas désintéressant, loin de là. Tout dépendra sous quel angle vous le regarderez.
Il comporte des contrastes qui sont forts, qui sont intelligemment marqués, même si c’est sans trop de subtilité.
Je lui reconnais beaucoup de voyeurisme, mais ce sont ses côtés sérieux que j’ai retenu, notamment ses nombreux passages philosophiques, ne serait-ce que certains propos.
Oui, Une Fille Facile est aussi un film philosophique qu’un échange sur un yatch rend intéressant, moment que je considère comme étant le lancement de son second visage. En effet, beaucoup d’autres théories étayent ce ressenti.
En résumé, Une Fille Facile n’est pas un film simple !
À travers ce que je qualifie d’autoportrait, il traite de beaucoup de sujets, détruit bien des fantasmes et fait une nouvelle fois la preuve que l’argent ne fait pas le bonheur.
Pour l’un des nombreux contrastes de ce film que représente la beauté naturelle de Clothilde Courau dont le personnage n’y va pas de main morte quand elle aborde le superficiel de son invitée ; Pour le joli sourire plein de vie et positif de la jeune actrice à la fin du film, ainsi que le plan juste avant sur Zahia avec un regard qui dit tout, instant qui rappelle les propos d’une maman à sa fille sur la liberté, pour tout ça et bien d’autres, Une Fille Facile m’a surpris. Bon film !
« Le beau est l’objet d’une satisfaction dénuée de tout intérêt. »
« C’est facile de ne rien dire, c’est facile de se planquer »
- p.s : Bande sonore très intéressante.