Terminal sud, ++++

•Sortie France le : 20 novembre 2019 __ Vu le : 24 novembre 2019
•Synopsis et bande-annonce : terminalsud (via UniFrance/YouTube)

Chronique :

 

Des routes dans les hauteurs — Des spécificités — Un homme dans la tourmente, comme son pays 

Il se passe des choses pas très nettes dans la région et il y a comme des antécédents ou une spécificité régionale faisant que les victimes n’arrivent pas à faire confiance aux autorités locales compétentes. Depuis peu, beaucoup de choses semblent avoir changé, le comportement de certains se sont radicalisés et des innocents trinquent. Comme pas mal le disent : « Je n’avais jamais connu ça en 20 ans, les choses ont changé. »

Terminal Sud dès ses premiers instants surprend et peut-être encore plus quand on va le voir en ne se fiant à rien d’autres qu’à son affiche.
Terminal Sud, c’est avoir la possibilité d’observer comment la terreur était propagée à l’intérieur de l’Algérie durant les années 90 peut-être, voir les agissements de personnes non identifiables sur une population libre pour qu’elles ne le soient plus. Toute gêne était éliminée et nombreux furent les témoins impuissants qui ont vécu cette insécurité venant de ceux qui portaient un uniforme identique à celui que portaient ceux qui représentaient l’Ordre. Confusion !

Oui confusion. Car dans ce film qui a pour unique défaut de ne pas vraiment nous permettre de savoir où on est, nous assistons au glissement de l’Algérie vers la guerre civile, celle qui a probablement eu lieu entre 1991 et 2002. Glissement que l’on comprend sans avoir besoin d’une explication de texte car on le vit avec ses personnages qui sont tout le temps sur le qui vive, il y aussi la tension quasi permanente et la brutalité de certains actes qui nous saisissent !
Mais quid du mystère de l’époque qui est très bien tenu. Est-ce volontaire pour nous pousser à se poser la question !? Si tel est la cas, cela a fonctionné pour moi… mais c’est rageant de ne pas savoir, ne pas savoir s’il s’agit d’une fiction inspirée de faits réels ou d’une œuvre contemporaine dénonciatrice, œuvre qui serait inspirée des stygmates d’un passé pas si lointain que cela ou d’un autre encore plus lointain. Si tel est le cas, il faut constater que les blessures n’ont toujours pas guéri à ce jour et ils gangrènent un avenir que beaucoup de jeunes d’une nouvelle génération attendent depuis bien trop longtemps. (cf. la contestation populaire algérienne commencée en début d’année 2019)

Enlèvements, arrestations abusives et arbitraires‎, ‎le duel entre ceux qui veulent résister de l’intérieur et ceux qui n’espèrent plus rien de leur pays, mais aussi et surtout‎ la France et ses obscurs services qui agissaient, agissent à l’étranger sont encore à « l’honneur » dans ce film pour une certaine illustration du fameux : On (sait) crée nos ennemis !‎
Terminal Sud est pour celles et ceux qui en ont le courage de voir et d’encaisser beaucoup de choses qui font mal, des choses comme lors d’un plan fixe sur des amoncellements de terre fraîche retournée.
Simple, sobre, brut, heurtant, donne des nœuds au ventre, la désolation de son contenu fait mal.
Certain.e.s se feront cueillir par le contenu et aussi par Ramzy Bédia qui confirme à nouveau – cela depuis son interprétation dans Une Vie Ailleurs – que dans des rôles dramatiques, il excelle. Mais cette fois, il prouve qu’il n’a pas peur d’aller sur des terrains glissants. Bravo à lui ! Bonne séance à vous !

 

 


 

@cineprochereviews