•Sortie France le : 24 janvier 2021 •Synopsis et bande-annonce : lesmalesdusiècle (via LaM/YouTube) •Chronique :
Du sincère — Du parfois surprenant — Du bien instructif et introspectif …
Une question posée à un vieux monsieur qui se rappelle bien du début des années 70, mais plus pour l’arrivée de l’eau potable que pour le lancement du mouvement féministe et voilà, le ton de ce film documentaire est donné.
Des plans sur des visages féminins qui deviennent de plus en plus serrés, faisant que les yeux dans les yeux, ces femmes sur un ton solennel nous disent, récitent, habitent ou incarnent avec une forte détermination qui se ressent les propos ci-dessous de femmes féministes, propos qui dénoncent des faits et des actes, des propos qui rafraîchissent la mémoire de beaucoup et en informent d’autres (- J’ai une forte préférence pour celle de Bell Hooks, la dernière, qui était si visionnaire à l’époque, 1968 -) :
– « (…). Si les femmes ne se remuent pas le cul en vitesse, nous risquons de tous crever » – Valérie Solanas, 1967.
– « (…). Très peu d’entre-elles réussissent puisque de fait, les femmes professeures, avocates, architectes et ingénieurs n’inspirent pas la même confiance que leurs collègues hommes et ne reçoivent pas le même salaire. Et celles qui obtiennent effectivement cette alléchante égalité, le payent généralement du prix fort de leur bien-être et psychique… » – Emma Goldmann, 1906.
– « (…). Une femme fait le ménage, lave le linge comme elle fait le pipi assise, c’est comme ça ! Moi femme, qu’on a privé de tout ce qui est censé avoir de prix, j’ai voulu dans un premier mouvement farouche, trouver, inventer la valeur de ce qui n’en avait pas et qui m’était attribué. Il ne s’agit là ni d’un caprice, ni d’une vengeance, mais bien du seul pari possible que je pouvais faire, je voulais le bonheur et la jouissance fervente de la vie, mais je ne voulais pas de ce bonheur de femme qu’on me proposait » – Annie Leclerc, 1974.
– « Quand on se lève le matin et que l’on ressent l’inutilité et l’absurdité de la journée qui s’étend devant soi, on prend un tranquillisant et on oublie que tout cela est sans intérêt. » – Betty Friedan, 1964.
– « (…). Plus une fille assume sa situation comme féminine, plus elle se considère fragile et immobile, et plus elle met en œuvre sa propre inhibition. » – Iris Marion Young, 1980.
– « (…)… nous avons besoin d’un discours politique efficace concernant le contrôle social sur nos corps, particulièrement dans le domaine de la féminité, où, tant de choses dépendent de l’acceptation apparemment volontaire de diverses normes et pratiques. Nous avons besoin d’une analyse qui nous permettraient de faire face aux mécanismes par lesquels le sujet s’empêtre parfois dans une connivence avec les forces qui maintiennent sa propre oppression. Je perçois nos corps comme un site de lutte où nous devons œuvrer à ce que nos pratiques quotidiennes restent au service de la résistance à la domination de genre, non au service de la docilité et la normalisation genrée. » – Susan Bordo, 1993.
– « (…). Pour placer au mieux : Le droit commun de propriété. Les hommes mettent en jeu entre eux, des pré-séances de classes, de prestige, aussi bien que la force physique.
Ce concours entre les individus de la classe de sexe dominante pour prendre toutes femmes disponibles, exprime que l’ensemble des hommes disposent de chacune des femmes, puisqu’entre-eux, c’est affaire de négociations ou de lutte que de décider qui emportera le morceau. Des injures, plus ou moins violentes et les menaces traditionnellement lancées à toutes les femmes qui n’acceptent pas les termes de cette relation, de ce jeu, sont destinées à proclamer publiquement, que le mâle garde l’initiative, qu’il n’accepte qu’une femme énonce quoi que ce soit de son propre chef, bref, qu’il n’admet pas qu’une femme prenne une place de sujet. » – Colette Guillaumin, 1978.
– « Maintenant, nous avons les mots pour exprimer notre indignation, pour séparer la sexualité de l’agression. Nous avons le courage de manifester en public contre la pornographie et de jeter ses preuves, ses films hors de la maison, de boycotter ses fournisseurs et même de considérer ceux qui la consomment, les amis, les proches, avec le même sérieux que s’ils soutenaient et appréciaient les écrits des pires tortionnaires. Mais tant que nous n’aurons pas éradiqué la domination masculine qui assimile la sexualité à la violence, à l’agression, il y aura plus de pornographie dans nos vies et moins d’érotisme, il y aura de petits meurtres dans nos lits et très peu d’amour. » – Gloria Steinem, 1977.
– « (…)… la baise, où l’homme et la femme éprouvent et veut que la masculinité exige essentiellement l’effacement de la femme en tant que personne. En étant baisée, elle est possédée et cesse d’exister comme individu distinct, elle est subjuguée. Il est remarquable que l’homme ne soit pas vu comme l’être qui est possédé dans le coït, même si c’est lui, son sexe qui s’est enfoui dans un autre être humain et que ce sexe est entouré de muscles puissants qui se contractent avec force comme un poing serré et se détendent contre la tendre chose toujours si vulnérable, si rigide soit-elle. L’homme n’est pas possédé dans la baise, même s’il est terrifié par la castration et même s’il pense parfois que le vagin est muni de dents, il y pénètre quand même par compulsion, par obsession, pas en étant obsédé par elle, une femme donnée, en étant obsédé par cela, la pénétration, entrer en elle. » – Andrea Dworkin, 1987.
– « (…). Le moment féministe où nous sommes ne relance aucune guerre des sexes, tout au contraire ! Il implique les hommes dans des moments tels, que leur participation aux débats est devenu inesquivable. » – Camille Froidevaux-Metterie, 2018.
– « (…). Après plusieurs années de bonnes, loyales et sincères investigations, j’en ai même déduit que la féminité, c’est la putasserie, l’art de la servilité. On peut appeler ça séduction, en faire un truc glamour, c’en est un sport de haut niveau que dans très peu de cas. Massivement, c’est juste prendre l’habitude de se comporter en être inférieur.
Entrer dans une pièce, regarder si il y a des hommes, vouloir leur plaire, ne pas parler trop fort, ne pas s’exprimer sur un ton catégorique, ne pas chercher à prendre le pouvoir, ne pas vouloir le prestige, ne pas rire trop fort, ne pas être soi-même trop marrante, plaire aux hommes est un art compliqué qui demande qu’on gomme tout ce qui relève du domaine de l’impuissance. Pendant ce temps, les hommes n’ont pas de corps, pas d’âge, pas de corpulence, n’importe quel connard rougit à l’alcool, chauve, à gros bide et look pourri pourra se permettre des réflexions désagréables sur le physique des filles s’il ne les trouvent pas assez « pimpantes » ou des remarques dégueulasses s’il est mécontent de ne pas pouvoir les sauter, comme ce sont les avantages de son sexe… » – Virginie Despentes, 2006.
– « (…)…un homme ne commence jamais par se poser comme individu d’un certain sexe, qu’il soit homme, cela va de soi. Le rapport des deux sexes n’est pas celui de deux électricités, de deux pôles. L’homme représente à la fois le positif et le neutre, au point qu’on dit en français « Les Hommes » pour désigner les êtres humains. La femme apparaît comme le négatif, si bien que toute détermination lui est imputée comme limitation, sans réciprocité (…), le fait d’être un homme n’est pas une singularité, un homme est dans son droit en étant un homme. C’est la femme qui est dans son tort ! » – Simone de Beauvoir, 1949.
– « (…). Formuler aussi radicalement la distinction sexe/genre, suggère que les corps sexués permettent toutes sortes de genres différents, de plus, cela implique que les genres ne doivent pas nécessairement se limiter au nombre de deux. Si le sexe ne limite pas le genre, alors peut-être, il y a-t-il des genres, des façons d’interpréter culturellement le corps sexué, qui ne sont absolument pas limités par la dualité apparente du sexe. » – Judith Butler, 1990.
– « Les féministes visionnaires ont toujours su qu’il était nécessaire de convertir les hommes. Nous savons que, même si toutes les femmes du monde entier deviennent toutes féministes, mais que les hommes restent sexistes, notre vie s’en trouvera toujours diminuée, la guerre des genres sera toujours la norme.
Les militantes féministes qui refusent d’accepter les hommes comme camarades de lutte, ont malencontreusement contribué à la méfiance et au dédain du public envers le féminisme. Ces militantes craignent, de manière totalement irrationnelle, que tout avantage tiré par les hommes qui participent au combat féministe soit une perte pour les femmes et parfois, les femmes qui détestent les hommes, préfèrent empêcher l’évolution du féminisme plutôt que d’affronter les problèmes qu’elles ont avec eux. Il est urgent que les hommes prennent la bannière du féminisme et contestent le patriarcat. La sauvegarde et la poursuite de la vie sur cette planète exige la conversion des hommes au féminisme. » – Bell Hooks, 1968.
Les Mâles Du Siècle, Un film sur ce que le féminisme a fait aux hommes, ou pas… , je vous le dit en toute objectivité, on (certains « mâles ») prend cher, très cher, mais c’est mérité voire nécessaire !
Rien qu’après les deux premières récitations de propos auxquelles j’ai consciencieusement tendu les oreilles, question de bien écouter pour constater à quel point de ces propos passés et repris aujourd’hui à l’occasion de ce film documentaire se dégagent de la détresse, de la détermination, l’expression d’injustice, mais aussi permet de faire le triste constat que les messages ont du mal à être entendus, même en 2024, malgré tous les outils de « communication » dont bon nombre se servent ou disposent librement.
Le contenu est fort, touchant, pousse à l’introspection, à faire un petit bilan sur sa propre condition, à parfois se rendre compte de certaines erreurs, comme des gestes ou propos, de son passé voire du moment.
Le film documentaire présente des « mâles » de 17 à 95 ans, beaucoup de trentenaires et de quarantenaires.
Ils sont de toutes catégories sociales et ethniques, de genres aussi, ils témoignent de leur vécu, parlent des femmes (les êtres, leur rôle, leur rapport avec elle,…), ils se racontent, mais surtout, évoquent leur regard sur ce que le féminisme d’aujourd’hui a provoqué et suscité ou pas en eux, fait bouger :
– Certains d’entre-eux rendent hommage aux femmes, à leur femme.
– Ils parlent sur et assument leur attraction-attirance et regards sur les femmes, l’inverse aussi. Parlent sur le fait d’être en phase avec leur comportement, tout en n’assumant plus certains raisonnements qu’ils qualifient de conneries ayant provoqué des situations malaisantes.
– Ils évoquent le fait qu’ils tentent de faire beaucoup d’efforts de subtilité pour ne pas soumettre les femmes aux injonctions, aux clichés du jugement sur leur physique et leur apparence.
– Des hommes parlent d’eux en tant qu’hommes qui restent des hommes, avec ce comportement aujourd’hui décrié quand ils sont face à des femmes qui s’habillent pour ce qu’ils jugent comme étant au-delà du très court ou du léger.
– Il y a des hommes qui dénoncent l’insupportable machisme ambiant, le documentaire évoque leur désolation de constater des hérésies chez les hommes qui les entourent, de constater la misogynie de ceux-ci, que cela soit dans les propos ou les attitudes.
– Il y a ceux qui ont des trous de mémoire quand on leur demande de se remémorer leur attitude violente ou déplacée vis-à-vis de leur femme ou d’une femme, ceux qui ont eu un geste violent, qu’ils assument et le regrettent.
– Il y a ceux qui savent s’exprimer sur l’orgasme masculin, d’autres qui tentent, d’autres qui sont surpris par la question, d’autres qui restent muets sur le sujet.
– Certains évoquent le consentement : « On ne sait pas vraiment ce que c’est d’être harceleur, harcelé…on ne sait pas si une drague lourde est du harcèlement, parce que tout peut être vécu comme du harcèlement. »
– Certains arrivent à parler d’eux et parfois de leur faiblesse face à l’intimité.
– Il y a ceux qui louent le respect de l’envie de l’autre, de ne plus forcément être pénétrant, louent l’évolution d’attitudes comme la gestion de la frustration quand il n’y a pas aboutissement côté acte sexuel, louent – avec humour – la masturbation comme une autre façon de se permettre de faire l’amour à toutes les femmes qu’ils ont connues et dont l’image d’elles est restée jeune dans leur tête.
– Il y en a qui parviennent à parler de l’anatomie féminine sur un plan biologique.
– Ceux qui « déconstruisent » à leur manière des stéréotypes imposés aux genres.
– Ceux qui se posent la question : « C’est quoi être un homme ? » et malgré le fait que les réponses soient toutes intéressantes, ce n’est pas pour autant que cela soit clair.
– Ceux qui se sentent féministes, ceux qui ne se sentent pas féministes, ceux qui soutiennent la cause féministe tout en ne sentant pas féministes. Là aussi, ce n’est pas clair, car malgré l’acceptation ou tout simplement la prise en compte des nécessaires combats féministes, la définition du féminisme, pas mal d’hommes ne savent pas par quel bout la prendre.
– Mais, et c’est un peu dommage, le film parlent très peu des effets du féminisme sur des hommes qui ne savent pas quoi faire, sous quel angle – selon la situation – prendre le désir féminin assumé, exprimé clairement par les concernées qui se sentent en phase avec leur être, le désir ou comportement féminin qui fait peur aux hommes, celui qui donne une position d’ascendance aux femmes sur eux, qui peut intimider, désorienter.
Démonte des mythes attribués aux femmes par des hommes de la société patriarcale, Les Mâles Du Siècle… montre :
– Des « héritiers » de l’éducation patriarcale mais qui ici sont en mode soft.
– Ceux qui ont peur de déranger leur femme dans des tâches par peur de mal faire ou juste parce que pour eux, cela semble naturel que ce soit elle qui effectue lesdites tâches.
– Des hommes qui ont évolué dans la bonne direction ou qui ont naturellement toujours eu une attitude d’accompagnant, des « mâles » ne vivant pas selon les anciens préceptes patriarcaux et qui ont grandi en n’ayant pas été ÉDUQUÉS dans ce mode.
– Des hommes qui pensaient que…, réalisent que…
– Ceux qui utilisent le terme « Charge mentale »
– Un homme représentant ces « mâles » , qui enfin trouvent normal le fait que les femmes revendiquent leur envies, plaisirs, disent qu’ils n’ont pas peur face aux femmes qui éprouvent et assument du plaisir sexuel.
– Ceux qui assument, ceux qui parlent de leur part de féminité et des injonctions physiques qu’ils subissent.
Intimiste, un peu plombant pour son amour propre, l’impression de se prendre en permanence des gifles ou des uppercuts est là.
Les Mâles Du Siècle…, cela faisait trois ans que je voulais voir ce documentaire, question de comprendre les raisons de mon mal-être, du pourquoi depuis le lancement du mouvement MeToo et de la forte présence du féminisme dans les médias (- que je trouve pas encore assez à sa place au sein du débat et trop raillée -), je voulais comprendre pourquoi depuis cela, j’avais l’impression d’être un salaud, un connard, un harceleur, malgré le fait de me considérer comme un contemplatif, un « mâle » qui aime et respecte la femme en tant que femme, en tant qu’être à part entière, un « mâle » qui malgré son féminisme assumé se sent embarqué dans la charrette du rejet des hommes, car la peur de lui, la méfiance et la défiance envers lui sont installées, hommes plus vus de la sorte : Tous des porcs ; Violeurs et frotteurs potentiels ; Fixeurs aux regards (selon le type) oppresseurs, car la pensée n’est pas identique ; Obsédés avec les yeux qui regardent passer non pas des femmes mais des corps objétisés ou objectivés ; Des hommes qui ont des réflexions et font des remarques qui même sans être sexistes sont pris comme agressives et rabaissantes ; Des hommes qui critiquent trop et donnent un peu trop leur avis sur des apparences, situations, sujets qui ne sont pas les siens.
Les Mâles Du Siècle…, et le wokisme est aussi passé par là, la déconstruction très instiguée !
Oui, il y a des changements en cours, des transitions à opérer sans forcément demander à certains masculins – dans toutes les générations – de tout jeter de ce qu’ils sont, mais comme jusqu’ici et après tant de batailles de toutes sortes et pour bien des causes, sur toute la planète, aucune transition ne s’est opérée sans heurts et dommages collatéraux, pourquoi finalement en serait-il autrement en ce qui concerne l’évolution du comportement masculin !?
Gros teaser : Attention à la suite !
Les Mâles Du Siècle…., Un film sur ce que le féminisme a fait aux hommes, ou pas… amène à bien des questions comme : Les hommes ont-ils évolué, voire vont-ils vraiment changer ?
Dès lors, il est clair que le documentaire annonce la couleur avec son sous-titre qui questionne, nous questionne. Donc, si vous vous demandez est-ce que Les Mâles Du Siècle… invite-t-il à voir et à interpeller frontalement des personnes dont – grâce au mouvement MeToo et à l’activisme féministe ou pas – le point de vue sur la question a changé ou auraient entamé une sérieuse remise en question ?, oui c’est bien le cas !
Une fois n’est pas coutume, je m’exprime sur mon propre cas, car c’est un peu le but du film, un peu aussi sa finalité de savoir si on se sent concerné par son contenu, si on se retrouve dans les portraits proposés, comment cela s’est-il passé pour nous, donc :
« Cette chose que je pose là, que j’exprime en mon nom, est le développement de la raison pour laquelle j’avais beaucoup envie de voir cet énième film documentaire sur la thématique du féminisme et qui avec son accroche ou sous-titre, invitait à voir, à entendre une proposition inédite.
Ai-je trouvé une ou des réponses pouvant me rassurer ? Le sondage me concernant est oui, mais en partie !
Donc, encore plus depuis l’avènement du mouvement MeToo, il se ressent qu’une ambiance de suspicion permanente soit désormais instaurée à l’encontre du « mâle. »
Ma vision des choses et position depuis un moment, qui a débuté aussi avec la montée du wokisme, puis du néo-féminisme, ensuite MeToo avec toutes les révélations, dénonciations de violences subies par des victimes dans des nombreux corps de métiers, les féminicides croissants avec sa qualification que l’on entendait peu avant, oui, dans ma tête, il s’est produit quelque chose. Confinements dus à la pandémie de la Covid-19 n’aidant pas et consommation de stand-up d’artistes et humoristes très corrosives et corrosifs sur ces sujets ont enfoncé le clous, surtout quand la sexualité masculine y est fortement moquée, ce même par des hommes (cf / le corrosif Gaspard Proust et son spectacle « Nouveau spectacle »).
En me penchant sur mon vécu personnel et en tenant compte des exemples entendus, je me suis aperçu que je n’avais pas été irréprochable. Alors oui, en réponse au sous-titre du film, un truc s’est passé en moi qui a pris en considération – sans vraiment le chercher – ce qui se passait dans notre société, à quel point le changement était lancé pour – et tant mieux – ne pas s’arrêter de suite.
Ce fut psychologiquement violent que tout arrive comme ça d’un coup, partout, c’était et est toujours, comme être pris dans un étau dont le mouvement de serrage était en mode accéléré…
…Désormais, côté comportement, il y a eu et a des effets sur moi comme sur d’autres :
– Changer de trottoir ou rediriger son regard comme un geste d’auto-protection ou d’auto-vigilence lorsqu’une fille marche devant soi ou arrive en face, question de ne pas laisser sous-entendre que l’on mate son postérieur, ou que l’on va lui rentrer dedans, sauter sur elle, surtout quand vous voyez la personne avoir un geste qui reflète un malaise, comme une peur ou de l’appréhension en elle ;
– S’isoler ;
– Se retrouver soi aussi à souvent baisser ou tourner la tête quand on croise une fille, une femme en short, jupe ou robe courte, avec un décolleté, les nouveaux leggings de. sport ou jeans sculptants, en tenue de sport très court et moulant, en chemisier transparent, en débardeur et en mode no bra, à vélo en jupe, ou encore vêtue d’un vêtement qui attire les yeux car on les connait pour se porter comme des dessous (corset en dentelle par exemple), vêtue de collants dont certains attirent l’œil à cause des motifs décoratifs simples ou subjectifs comme le tissage de la jarretière ou des petits nœuds à l’arrière …, oui cela perturbe les pauvres petits mâles, les pauvres petites créatures que nous sommes, car dans nos références, pour les deux derniers exemples, il s’agit de vêtements intimes avec tout ce que cette terminologie signifie…
…Je recense aussi désormais le fait de me, de se sentir coupable devant une femme avec une belle chevelure et que l’on aurait envie de complimenter, avec une belle coupe de cheveux, un beau make-up, coupable d’apprécier – car cela est qualifié de jugement – même discrètement une démarche, du style dans la manière d’être habillé notamment quand il y a le port d’un chapeau et que l’on trouve que cette apparition rare est cool ou belle, coupable de juste apprécier de voir passer une fille-femme-dame avec beaucoup de prestance ou élégance, d’observer sans parfois le vouloir, comme mécaniquement des tatouages et des piercings, d’avoir de l’émerveillement dans les yeux et qui se voit sur le visage quand on croise une femme enceinte qui met en avant sa féminité, ainsi de suite…, oui, ressentir désormais cela lors de ces instants, me fait maintenant réfléchir à mes attitudes – même sans arrière pensée – et à leur perception, à faire très attention question de ne pas être pris pour un pervers.
Il y a aussi la suppression en soi de la notion de « plaisir des yeux » qui désormais, comme les attitudes que j’ai relevé, est un terme, un acte à proscrire de son propre vocabulaire, toujours question d’éviter tout malentendu ou malaise.
Le plus curieux est de m’apercevoir que les nouvelles attitudes que je m’impose par la pratique consciente de l’auto-discipline, comme c’est le cas de beaucoup d’autres personnes, sont des attitudes de prise de distances qui s’opèrent aussi avec des amies qui nous connaissent et savent que nous ne sommes pas comme beaucoup des décriés…
…Côté réponse au sous-titre rhétorique : « Ce que le féminisme a fait aux hommes ou pas… » , il y aussi le fait d’être désormais dérangé par l’attitude (regards insistants que l’on perçoit chez d’autres), ainsi que des propos-remarques-blagues que l’on entend et que l’on trouve maintenant rétrogrades, cela est encore plus dérangeant quand on se souvient que l’on ne faisait pas mieux. Le fort activisme féministe récent, MeToo et la désormais forte présence d’humoristes féminines avec leurs sketches engagés à l’humour noir ou cinglant, corrosif, cela a ouvert les yeux à certains, c’est indéniable !
Pour d’autres, côté effet du féminisme sur eux, il y a le fait de ne plus parvenir à aller vers une tierce inconnue, à décoder le regard ou sourire d’une inconnue question d’éviter une mauvaise interprétation de propos et regards, ne plus parvenir à savoir l’attitude à adopter pour ne pas gêner une personne.
Il y a désormais de la contrainte aussi pour (les hommes) les « mâles » , et est-ce un mal ?…
…Sous-Titre : « Ce que le féminisme a fait aux hommes ou pas… » , c’est aussi un acte très important sur lequel il est compliqué d’agir : Prendre les choses contre soi, se sentir juger (l’interprétation).
Cela concerne le fait de ne pas mal prendre ou plutôt de ne pas prendre pour soi le fait que la personne vous faisant face réajuste son décolleté, baisse sa jupe quand on arrive en face d’elle, accélère son pas parce que malheureusement pour nous, elle se retrouve seule à marcher devant nous dans une rue peu éclairée, le fait qu’elle accélère le pas et empresse le mouvement quand elle est devant de son immeuble pour rentrer chez elle et que nous passons par là et qu’elle nous observe au cas où … oui, il y a chez certains la gestion à faire de ce sentiment de culpabilité, de gérer aussi cette impression que l’on dérange, d’avoir l’impression d’être souvent considéré comme un potentiel agresseur, d’être le causeur d’une atmosphère d’insécurité.
En effet, cela marque, est pesant, dégoûte de trinquer à cause des autres, donc, certains se referment, se replient sur eux, question de ne pas, de ne plus risquer une accusation injuste voire cruelle.
Point de castration côté effets du féminisme sur certains « mâles » , je dirais plutôt un effet de mise à plat de pas mal de choses dont on ne se rendait pas forcément compte auparavant…
…Il peut se comprendre qu’il nous est demandé de changer notre regard, comportements, envies, désirs dans une époque où nous sommes toujours soumis au dictat de l’apparence physique, à l’hypersexualisation du corps féminin, mais comme je l’ai dit plus haut, cela ne se fera pas d’un coup et encore moins sans heurts, sans conséquences psychologiques sur les personnes qui se retrouvent embarquées dans le rouleau compresseur du changement et surtout, cela ne sera pas sans conséquences sur les rapports hommes-femmes.
Si la forte croissance des échanges et fréquentations sur les applications et les sites de rencontres est un signe significatif de la transformation des rapports humains sur ce plan, cela est donc très éloquent et un peu inquiétant aussi.
Il va d’abord falloir que certaines personnes apprécient les petites évolutions sur le sujet, avant un jour, un grand changement ne s’opère. Il faut aussi tenir compte des largués et paumés de la situation actuelle, de ne pas se moquer d’eux, de juste constater leur mal être et les rassurer, ou juste tenter. Mais surtout, il faudra comprendre leur malaise lors de moments intimes, du fait que leur regard sur la sexualité aurait changé et entraîné une approche bien différente – voire de l’indifférence sur le sexe – car au final, le message rentre insidieusement dans la tête de ceux qui écoutent et entendent. Voilà, c’est dit ! »
La nature humaine masculine, dans son ensemble, ne changera pas du jour au lendemain et donc le regard ainsi que l’attitude de beaucoup dans le camp opposé, idem. Mais, j’avoue que c’est parfois très violent, avec des conséquences inattendues sur soi – mentale, comportementale, comme sexuelle – produit par ce sentiment d’accusation permanente, de méfiance et de rejet.
Un constat toutefois ! Les hommes et certains de leurs comportements sont amenés à changer automatiquement, car il y a les conséquences d’un effet miroir qui font prendre conscience de certaines choses et actes passés ou/et présents, qui si l’on est capable d’auto-discipline, amènent à se remettre en question, à se réguler, à modifier son logiciel.
Cela qui n’est pas ou ne sera pas sans dommages collatéraux vis-à-vis des rapports humains, surtout désormais avec ce sentiment, par les non réellement concernés, qu’il faut s’excuser de tout, comme quand un regard maladroit et sans arrière pensée se pose mécaniquement sur une proéminence supérieure du corps féminin, comme je le mentionnais, il ne faudra pas tout prendre pour soi, et surtout pas contre soi. (Cf/ comme les nombreux sketches piquants d’humoristes féminins comme masculins).
Mais, à son sous-titre bien rhétorique qui est comme un sujet de bac philo que je rappelle au cas où : « Un film sur ce que le féminisme a fait aux hommes, ou pas… » , j’ai trouvé qu’hormis trois témoignages, il n’offrait pas de réponses franches et qu’il était plus là pour vraiment nous pousser à l’introspection.
Les multiples témoignages font bien preuve de quelques avancées, surtout côté prise de conscience, mais rien de réellement significatif, pas vraiment l’expression de mea-culpa. Ils font comprendre qu’il y a un changement en marche, mais surtout que cela va être très long pour arriver à une situation significative.
Critique sociétale cinglante d’1h37, Les Mâles Du Siècle – Un film sur ce que le féminisme a fait aux hommes, ou pas… sorti en VOD en 2021 pour seulement 5€ on bénéficie de 30 jours pour le visionner, le re-re-re-re visionner (en période de pandémie Covid-19), présente plus à voir une remise en question de soi – directement concerné ou pas – tout en faisant un petit compte-rendu des vieux « privilèges » issus de la société patriarcale qu’il est toujours bon de rappeler.
Car cela est si bien dit en langage courant : « Pour savoir où on va, il faut savoir d’où on vient » , en version originale par Otto Von Bismarck : « Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va car il ne sait pas où il est. E ce sens, le passé est la rampe de lancement de l’avenir » , Les Mâles Du Siècle est de ces films documentaires instructifs, à fort apport pédagogique, donc est bien utile pour s’y retrouver dans l’évolution sociétale nécessaire d’aujourd’hui, même si certains des intéressés se sentent victimes.
Que ces derniers se disent que celles qui depuis très longtemps parlent, dénoncent, réclament s’expriment sans être écoutées – quand elles sont encore vivantes -, l’étouffement et le peu de prise en compte de leurs paroles et parfois supplications, ça c’était et est violent.
Bonne visio !
« Ce n’est pas parce qu’une soirée se termine avec une fille, qu’elle t’accompagne, que c’est dans la poche. Il ne faut pas prendre pour trop vite acquis la fille. »
« Entre mecs, on discute très peu de sexualité finalement. Autant entre femmes on discute énormément de sexualité, c’est très libre des fois – un des plaisirs d’être femme, c’est justement de pouvoir discuter de tout ça, c’est un bonheur ! – et par contre entre mecs, on n’en discute très peu, ou alors, c’est pour dire : « Celle-ci est un bon coup ! » / Mais entre « Cette nana c’est bon coup » et « Est-ce que toi tu as été capable de gérer ce bon coup ? » , voilà c’est surtout cela la question implicite : « Est-ce que tu as su gérer ce bon coup, est-ce tu as été performant ? Est-ce que tu as bandé tout le long ? Est-ce que… » , c’est ça qui est implicite et c’est ça qui met une vraie pression.
Quand je disais que les hommes sont tout le temps dans la compétition, effectivement, oui, ils sont dans la compétition, même sur ce point là, alors que les hommes qui auraient des discussions de femmes sur la sexualité, ce serait : « Comment tu fais pour prendre ton plaisir ? Est-ce que tu connais le point P justement, le point prostate, les positions, …. » , cela pourrait être ces dialogues là entre hommes, s’ils avaient une attitude féminine »
- p.s : Apporter des réponses ou des pistes, la force du cinéma et des films documentaires est aussi cela, permettre de s’enrichir. Je vous préconise vivement ce film documentaire dont le contenu est plus facile à entendre qu’un documentaire explicite hyper orienté – tout excellent, bien construit et instructif qu’il soit – de Maïa Mazaurette (« Ce que veulent les hommes », « Vous saurez tout sur le pénis ») qui quand il s’agit d’évoquer la sexualité masculine, bah, y va très cash, ce qui peut beaucoup perturber, tant cela est efficace, même si à double tranchant.