⌈ Caméra en mouvement permanent – Une rencontre – Un environnement ⌋
Un bienfaiteur, dont on ne sait rien, prenant sous son aile un pot de colle qui lui, semble être à la recherche de quelque chose, un père de substitution peut-être, celui-là même qui lui offrirait des bases dans son apprentissage de la vie. Moonlight !
Voilà ! Du début et durant un long moment, on a les yeux rivés à l’écran et l’impression d’être plus témoin que spectateur est le ressenti le plus évident. On se demande comment tout cela va se terminer !? En fait, avec Moonlight , le mystère se cultive dès la première seconde.
Les quartiers noirs paumés d’Amérique, la drogue et ses ravages sont montrés sur un personnage dont l’évolution est très effrayante. À ce sujet, bonne surprise de voir Naomie Harris (007 Spectre et Skyfall, Beauté Cachée,….) dans ce rôle, le plus ramassis des bons à rien dans ce film, une parasite. Son interprétation essentiellement dans la gravité, elle le gère.
« À un moment ou un autre, il faut décider qui tu veux devenir. Ne laisse personne faire le choix à ta place. »
Des questions de curiosité pour des réponses très franches et pondérées. Le respect est – comme – à ce prix. L’échange sur le mot « tapette » est un des plus beaux que j’ai pu voir au ciné ! La sincérité qui s’en dégage peut vous amener à vous poser cette question : « En pareil cas, aurais-je trouvé une meilleur réponse que celle-ci ? »
Moonlight est un film sur la sexualité, que dis-je, l’homosexualité d’un jeune « noir » , oui, mais, dans un lieu et un contexte défavorable à l’épanouissement quand on est un jeune hétéro, alors imaginez en pareil cas. Seule solution, grandir et vivre avec ses secrets dans cet univers très hostile.
Mais attention au réveil du persécuté, pestiféré, souffre douleur, rejeté, qui vit dans un quartier comme lui…paumé et délaissé. Cet ado est tout ça et bien sûr, il n’y a guère grand monde vers qui il pourrait trouver assistance. Problème toujours aussi récurrent !
Film surprenant alors qu’il n’y a rien d’extraordinaire à l’écran, « juste » la vie et une réalité sans fard des sentiments, des choses de ladite vie, intelligemment relatées.
Moonlight est honnête, beau et sérieux. Différent et à part pour bien des choses. Le sujet de fond, le principal, qui y est traité est pour beaucoup, mais surtout la manière dont il l’a été.
Bonne toile !
- Film inspiré de la pièce de théâtre In Moonlight Black Boys Look Blue de Tarell Alvin McCraney
- p.s : L’affiche se comprend mieux après avoir vu le film.
Un regret toutefois, il est lié à ce que je considère comme étant une incohérence. Celle qu’à sa maturité, le personnage principal ne ressemble plus à 50cent* (le rappeur) qu’au personnage du début. Même si à l’évidence, la carapace qu’il s’est bâti est là pour le protéger par rapport à ce qu’il a vécu dans son enfance et à son adolescence, elle peut être aussi la métaphore d’une armure pour ne pas dire une prison à ce sentiment amoureux ne demandant qu’à éclore.
Moi, c’est ce détail, à tort, sur lequel je focalise et qui m’a un peu gâché tout le reste. Mais j’insiste, même si je m’attarde là-dessus, ce film vaut le coup d’œil et l’acte de lâcher un billet pour sa singularité ne sera pas du gâchis !
Une œuvre indé qui porte bien son étiquette.