•Sortie France le : 9 juillet 2021 __ Vu le : 1 août 2021 •Synopsis et bande-annonce : benedetta (via Pathé/YouTube) •Chronique :
Un temps et ses procédés — Une habitée très franche — Des paroles d’un autre temps …
On voudrait ne pas trouver intéressant le contenu spirituel et mystique que comporte Benedetta, mais j’avoue que l’interprétation de Virginie Elfira ainsi que celle de Charlotte Rampling, la forme et la singularité de l’intrigue font que, au-delà du sujet, l’attrait est là.
Benedetta ou quand les souffrances des autres sont du plaisir pour une. Ne dit-on pas que le Diable est pernicieux ?
Tout allait bien et d’un coup la tentation s’impose. Le sentiment de la peur ainsi que celui du désir sont ici bien marqués dans ce film qui transpire la délicatesse malgré quelques piques faites à l’Institution catholique, délicatesse plus intéressante que la nudité et les scènes « olé » du film.
Une blonde et une brune, le paradoxe de la juiveté déjà bien présente en ce temps-là, Jésus Superstar, ambiguïté, quiproquos, cachoteries et petits secrets, pouvoir…sans oublier les sujets les plus importants que sont la question de l’existence de Dieu avec des êtres humains qui parlent en son nom, ainsi que la culpabilité du plaisir de la chair bien exploitée via un personnage à double facette.
Ces deux derniers points font poser la question suivante : Pour une femme, jouir bien plus des plaisirs de la chair est-il plus problématique que l’amour de Dieu dont elle se remplit et dont elle devrait parait-il se contenter ?
Benedetta c’est bien-sûr l’évocation de la foi de l’époque mais c’est surtout celui d’un lieu sacré comme probablement beaucoup d’autres. Il nous est décrit comme hébergeant des personnes qui devraient être des modèles, mais qui semblent très blasées ou qui tout simplement seraient très pragmatiques ? Quoi qu’il en soit, comme dans ce film, ils semblent être de sacré.e.s politiciens et politiciennes ?
En effet, le film permet de voir le fonctionnement d’un lieu comme celui-ci, le sens du devoir et du sacrifice. Vous y perceverez des critiques très discrètes à l’encontre d’une institution comme lors de la prononciation de « Mensonge » à un instant qui n’est pas anodin. Cela fera tilt ou pas dans votre tête.
Pas un film qui rendra un mécréant croyant, pas non plus un film qui offusquera un croyant, non Benedetta est un bon film qui trace objectivement le portrait d’une femme dont on respecte la foi et la dévotion mais surtout son attachement à sa croyance. Le film nous laisse libre de penser que peut-être que si ou que peut-être que ça, en somme, il est neutre et là est toute l’efficacité de sa forme. Bonne toile !
« Être intelligente peut être dangereux et pas que pour les autres »
« Ton pire ennemi est ton corps. Mieux vaut ne pas te sentir trop bien dedans »
« La pitié et l’amour n’ont rien à faire avec le devoir »
- p.s : Mention très spéciale à Lambert Wilson, toujours très excellent en salaud ou en homme de pouvoir (cf/ Les traducteurs).