Leur Algérie, ++++

•Sortie France le : 13 octobre 2021 __ Vu le : 14 octobre 2021
•Synopsis et bande-annonce : leur-algerie (via JHR Films/YouTube)

Chronique :

 

Des vies  De l’instructif — Une jeune fille, devenue femme, mère, grand-mère puis célibataire très attachante et touchante

Ce documentaire très intimiste, très pudique et chaleureux, je l’ai pris comme un témoignage sans filtres sur la vie de déraciné.e.s qui ont été accepté.e.s ou pas dans le pays pour lequel ils et elles ont tout quitté et qui ont accepté – ou toujours pas – leur vie dans ce pays.
‎Point besoin d’être originaire d’Algérie pour être touché par le contenu de Leur Algérie. Le fait d’arrêter nos regards sur ces Anciens active ou activera en vous (- comme cela fut le cas pour moi -) une transposition des visages de vos parents et grand-parents sur les leurs…et là, attention à l’émotion qui peut monter.

Leur Algérie, mais aussi leur France, ou la France est leur Algérie, au choix ou les deux.
Aïcha Soualem et Mabrouck‎ Soualem, deux visages, deux philosophies de vie, deux caractères – une femme pétillante et loquace, un homme qui représente ces fameux‎ anciens avec leur petit caractère et leur silence – ils témoignent, nous livrent avec beaucoup de pudeur leurs souvenirs d’un autre temps, ainsi que des us et coutumes toujours d’actualité qui ont ou pas évolué.

Ne pas être en phase avec son identité, ne pas se sentir chez soi alors qu’on est né ou l’on a fait sa vie sur le territoire, Leur Algérie fait partie de ces très bons documentaires et fictions sur la thématique du déracinement, cette contrainte de vie imposée ou par choix afin de vivre-survivre, action menant à l’exil vers un mieux qui parfois aboutit à une désillusion que l’on accepte le plus souvent, car on sait qu’il y a – bien – pire ailleurs.
Double peine toutefois. En effet, ces personnes qui deviennent des binationaux identitairement et culturellement parlant, personnes qui doivent composer avec l’exclusion de la part des membres de leur nationalité, donne l’impression d’être nulle part chez soi.‎
La douleur parfois de tout cela, même si la réalisatrice par volonté n’explore pas en profondeur ces conséquences, on les ressent.

« L’algérien français est considéré comme sujet français et non citoyen francais. »
Autant on est touché ou que l’on rit assez souvent, à l’image de la gravité qui se remarque sur le visage de la grand-mère si naturellement souriante, quand son visage se ferme à l’évocation de sujets graves comme la Guerre d’Algérie, on ressent nous aussi le poids de l’histoire.
Mais curieusement – est-ce encore là leur fameuse pudeur et discrétion, la retenue des anciens trois générations avant – point de personnes qui mendient de la reconnaissance alors qu’elles la méritent amplement, dans Leur Algérie,‎ pas d’effusion, pas de mise en avant de ressentiment, l’objectif est vraiment ailleurs et l’impression globale fait ressentir que la réalisatrice n’avait pas envie de perdre son temps avec des sujets qui ici n’en valaient pas la peine.
Sa quête est un vibrant hommage. Celui-ci est très bien rendu‎, le genre que l’on voudrait rendre à nos parents. Bon film !

 

« Quand on est né algérien on est algérien. Pas besoin d’aller en Algérie ! »

 

 


 

@cineprochereviews

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