•Sortie France le : 13 juillet 2022 __ Vu le : 17 juillet 2022
•Synopsis et bande-annonce : lesnuitsdemashhadholyspider-vostfr (via Metropolitan Films/YouTube)
•Chronique :

 

Iran. Tout existe mais rien n’existe. Encore un film qui ose le montrer — La double peine toujours pour les femmes — Un film avec des plans qui feraient mal à un non humaniste …

Les thrillers inspirés de faits qui se déroulent en Iran ont ceci de parfait. On sait très vite qui est qui et qui fait quoi sans pour autant que cela nuise à l’attrait du film, c’est tout le contraire ! Les œuvres demeurent très intrigantes, leur contenu attractif, on se plaint rarement de l’originalité de la forme.
À l’attention de celles et ceux qui ont aimé La Loi de Téhéran,  côté intensité et explication de texte sur le fonctionnement de l’Iran, Les Nuits de Mashhad, lui aussi inspiré de faits réels, le contenu côté éloquence, c’est équivalent voire au-delà !

« Je n’ai rien fait de mal. J’ai fait ça pour Dieu ! »
« Le plaisir, c’est de nettoyer ! »

Les Nuits de Mashhad !?
Film à l’intensité contenue malgré un captivant récit, le questionnement demeure toujours : « Quelle est sa limite !? » , oui, quelle est la limite de cet‎ illuminé, un sociopathe qui a décidé d’être un ange expiatoire en appliquant un « Djihad contre le vice » et comme d’habitude, ce sont les femmes qui prennent chère.
Cet homme au-dessus de tout soupçon qui pour cesser de tourner en rond, pour apaiser son esprit torturé c’est donné une mission : Nettoyer sa ville, voire son pays.

Les Nuits de Mashhad !?
C’est une traque effectuée par une ‎journaliste de caractère dans un pays où les agissements – déplacés – des hommes de pouvoir ou pas et de ceux qui justifient leurs actes et crimes par la religion sont davantage pris en considération que les vérités d’une femme à la fausse ou mauvaise réputation.
Sa traque, qu’elle effectue par une investigation qui nous plonge aux tréfonds de nuits intenses iraniennes, une investigation qu’elle effectue en se mettant en danger nous inquiète.
Elle l’effectue ainsi, car elle sait que le sort des femmes importe peu aux autorités policières voire politiques…dès lors que cela ne nuit pas à leur réputation. Ladite traque est captivante et instructive, instructive car ‎par le biais d’une sordide histoire et via une intrusion assez poussée dans l’intimité‎ du foyer des iranienn.e.s, on nous montre les conditions de vie des locaux, celles des femmes en Iran, mais aussi et surtout une confrontation des mondes.
Les Nuits de Mashhad.‎ Ce nouveau film iranien par son contenu est comme un bon documentaire. Il s’agit d’une œuvre qui explique un contexte dans un pays où le religieux domine les lois et dans lequel l’hypocrisie semble être une seconde religion, comme dans de nombreux pays où le système patriarcal assumé ou caché est de mise. (cf / le film d’animation : Téhéran Tabou)

‎Les Nuits de Mashhad, ce sont d’autres dénonciations.
Le film montre la fabrique des futurs tueurs – enfants conditionnés par des mauvais exemples – à qui on fait croire que les actes criminels ne sont pas graves car la religion est au-dessus des lois.
Le contexte fait comprendre qu’il s’agit d’une usine à gaz, que ces jeunes sont des bombes à retardement. Cette dénonciation s’effectue à travers un jeune personnage, le problème de l’Éducation est très clairement mis en avant et décrié, cela est sans équivoque.

Les Nuits de Mashhad, c’est une proposition comme pour dénoncer un état de fait récurrent.‎
Via une opposition façon miroir, il nous montre les agissements des femmes pour survivre versus le comportement des hommes dont ceux de pouvoir, ces infatigables et pervers prédateurs qui bandent quand ils ressentent la peur de la personne, femme, proie sur qui ils imposent leur emprise. Ainsi simplement effectuée, cela est d’une terrible efficacité.

Mais Les Nuits de Mashhad, ce sont aussi des valeurs sûres.
Un. Il y a un incontestable constat qui est ‎que le personnage principal des thrillers iraniens soit toujours excellemment bien interprété, car les actrices ou acteurs sont toujours bien trouvé.e.s.
Deux. Les Nuits de Mashhad, ‎c’est une affiche, le genre qui accroche votre regard, attise votre curiosité, qui vous fait prendre du temps pour la décrypter, le genre que vous comprenez mieux après le visionnage du film. Elle incarne la complexité du récit proposé.

Le religieux donc la Religion et les actes commis en son nom plus fort que la vie des « femmes de mauvaises vies » appelées aussi « femmes corrompues » , la perpétuation de comportement souvent maintenue par d’autres femmes, Les Nuits de Mashhad est à la fois un thriller social et film engagé très complexe. Il l’est comme tous les thrillers iraniens qui ne s’arrêtent pas à la résolution d’une enquête et bien souvent, c’est l’après enquête le plus intéressant, là où la colère monte en nous devant tant de spécificités locales.
À nouveau, devant Les Nuits de Mashhad, le constat est sans appel : Les thrillers iraniens excellent dans cette catégorie !
Avec une originalité résidant dans le fait qu’à la différence des thrillers des autres pays, la religion est un acteur immatérielle très présent, l’honneur ainsi que les us et coutume‎s aussi, ces éléments font des thrillers iraniens des œuvres bien atypiques, originales, puissantes, toujours intéressantes et cela bien au-delà de leur intrigue. Bonne toile !

« Tout homme finit par rencontrer ce qu’il cherche à fuir »

« La Fatwa est un avis religieux, pas un ordre »