•Sortie France le : 12 octobre 2022 __ Vu le : 7 novembre 2022
•Synopsis et bande-annonce : lesharkis (via Pyramide Distribution/YouTube)
•Chronique :

– Film basé sur des faits historiques –

 

Instructif — Instructif — Instructif …

-Harkis = Mouvement. Est aussi le nom des engagés algériens du côté de l’Armée Française durant la Guerre d’Algérie.
-Mektoub = Le destin‎.
-Entre 35000 et 80000. Estimation – car pas de chiffre officiel –  du nombre d’Harkis tués après la guerre d’Algérie.
Ceci est un petit récapitulatif pour bien comprendre de quoi il en retourne.

1959-1962. Gros rafraîchissement de mémoire, Les Harkis c’est tout simplement un film pour mieux comprendre une dénomination, qui lorsqu’on n’est pas concerné, on ignore les tenants et aboutissants.
On le fait non pas par dédain, mais parce que l’on se dit que ce sujet ne nous apportera rien. Figurez-vous que cela serait une erreur !
Car dans la vie il n’y a pas de mal à être curieux et à s’instruire, surtout quand on est intrigué par une situation comme dans le cas présent avec ce nom « Harkis » , le temps du recul venu, on comprend mieux le pourquoi d’un malaise chez certaines personnes, comme pour Pieds noirs.
Ce film est le genre qui permet de se faire un petit cours de rattrapage.

Court, dépouillé, sobre, le film va à l’essentiel.
Il présente principalement le traitement des Harkis par l’Armée française et sa hiérarchie, ce durant et à la fin de la guerre.
Nous présente ses vérités, celles des dommages collatéraux de mensonges et de lâchetés provoqué.e.s par un abandon, des décisions, des trahisons, cette œuvre qui s’inspire de faits réels ‎ne cherche pas à attiser le ressentiment. Il donne l’impression de pr‎incipalement chercher à expliquer des faits de manière factuelle.

Pas simple. Le film relate une des parts sombres de l’Histoire récente de la France.
On nous présente l’Armée française‎ qui apparemment se donnait le bon rôle dans cette guerre où des Algériens devenus Harkis sous la main bienveillante des français affrontaient les Fellaghas, ‎les autres algériens « hors-la-loi  » du camp adverse.
Non sans conséquences comme choix, il est montré les affres de l’après-guerre et donc le sort ‎des Harkis, qui suite aux fausses promesses qui leur avaient été faites, savaient ‎que quelque chose de grave les attendaient s’ils rentraient chez eux.
Car en combattant pour la France, les Harkis ont risqué leur peau en trahisant les leurs et dans les faits, on comprend qu’ils ont bien plus perdu après la guerre, car leur protecteur les avaient trahi en les laissant aux mains vengeresses de l’adversaire.
Explicite sur ce point, on ne peut que très bien comprendre aujourd’hui les justes raisons d’un départ en France, seule solution pour eux de survivre à la vengeance des Fellaghas – comme cela était entendu au départ – donc partir en laissant leurs familles sur place avec la crainte de représailles envers elles.

Instructif sur le mensonge et la manipulation, instructif sur les conditions d’une guerre civile, instructif sur la trahison, Les Harkis fait partie de ces films qui participent au Devoir de mémoire.
Montrant la trahison des promesses françaises non tenues, le traitement des Harkis à la fin de la guerre, l’attitude de l’Armée française qui a utilisé Ses hommes puis les a salement abandonnés – comme des chiens, en pature – à leur sort, sachant ce que leur ennemi ferait d’eux, ‎Les Harkis est un film qui nous montre la guerre d’Algérie autrement.
Il s’évertue à nous la présenter sous un angle qui est humaniste. On perçoit une volonté d’instruire son public, mais aussi d’interpeller sur une injustice.
Après sa visualisation, il est compliqué de ne pas comprendre ce sentiment lattent de défiance dans les relations Algérie-France quand on accède a ce genre de fait.

Voir Les Harkis permet de mieux comprendre une certaine colère ou rancune légitime, celle habitant des Harkis survivants, mais aussi celle de leur descendance directe ou juste celle des personnes qui connaissent l’Histoire de leur pays, de leur Nation.
Le film Les Harkis en plus de mettre en lumière un état de fait, semble vouloir demander à l’État français, mais aussi à nous, de ne pas oublier des personnes qui ont fait un choix – aveugle – qu’ils estimaient juste pour leurs familles et pays. Choix aussi et surtout pour une – fausse – promesse faite par la Nation France, promesse jusqu’alors pas vraiment tenue avec des conséquences passées qui d’une manière sont toujours bien actives dans le présent, Les Harkis est un film qui aurait pu s’intituler : « À qui la faute ? »
Bonne toile !