•Sortie France le : 5 avril 2023 __ Vu le : (date) •Synopsis et bande-annonce : letabli (via Le Pacte/YouTube) •Chronique :
– Film basé sur des faits réels. Adaptation cinématographique du livre autobiographique éponyme du philosophe Robert Linhart (1978) –
Un singulier,… — …Et enrichissant… — Film social …
Infiltration d’entreprises par des militants ou sympathisants d’ultra-gauche pour observer leur fonctionnement ou plutôt le traitement des ouvriers par la direction, L’Établi dont le récit se situe avant l’avènement des grands syndicats, montre d’où on vient dans la lutte de droits pour les employé.e.s.
Par la même, il permet de constater les acquis dont des nouveaux qui doivent émerger, question d’être raccord avec la vie sociétale d’aujourd’hui et de demain.
« Établi » un qualificatif, un terme de l’époque ouvrière – celle de l’après mai 68 – pour désigner un infiltré qui souvent était un intellectuel, quelqu’un issu d’un milieu social plus élevé que celui d’un ouvrier, qui était militant de l’extrême gauche, et qui pour étudier, disséminer des idées progressistes, se faisait embaucher dans les grands établissements industriels, cela afin d’initier les ouvriers à la revendication pour de meilleurs conditions de travail.
(- C’est ainsi que je l’ai perçu -)
L’Établi c’est une part de l’Histoire de la France d’antan, celle du travail industriel, du productivisme aigu mais sans les acquis sociaux d’aujourd’hui.
C’est celle avant l’émergence du syndicalisme, une France du travail où la CGT comptait à peine une… « cinquantaine » de membres, une France du travail où les différences de traitement selon sa provenance – de toutes sortes – se dissimulaient à peine.
L’Établi montre cette ancienne France du travail dans laquelle, quand on se battait pour obtenir une évolution des conditions de travail et à quel point il fallait avoir le cuir solide lorsque s’ouvrait la chasse aux sorcières. Oui, il le valait mieux, parce que la rébellion pour la quête de « dignité » représentait un trop gros risque pour l’entreprise, et qu’isoler celles et ceux qui osaient, pour ne pas dire trancher les têtes de celles et ceux qui entraînaient les autres dans leur lubie de changement qui n’arrangeaient pas leur employeur, était une urgence.
L’Établi montre une époque à laquelle le terme « La santé mentale » n’existait pas, mais les séquelles oui, sauf que tout le monde souffrait en silence et acceptait le fait d’être exploité, car ils avaient un travail.
L’Établi montre aussi à quel point il est compliqué de rentrer en lutte pour un mieux ou de juste être un contestataire, surtout quand on n’est pas issu du sérail de la lutte sociale.
Il fait comprendre que l’improvisation peut coûter cher, voire très cher, surtout si vous donnez l’impression aux autres de les prendre pour des cobayes ou de la chair à canon, car vos motivations pourraient s’apparenter à une croisade personnelle.
Comment on génère un mouvement pour dénoncer des injustices sociales et des inégalités ?, la responsabilisation de meneur, les dommages collatéraux et risques qui ne sont pas du même degré pour tous, oui, L’Établi montre beaucoup de choses et se propose à nous tel un rafraîchissement de mémoire.
En effet, le film montre une époque de grandes espérances et de batailles. Tiens, il y a là comme une ressemblance avec ce qui se passe aujourd’hui.
Oui, lutter afin d’obtenir de meilleures conditions de travail, donc de vie, oui, il s’agit d’un éternel combat, jamais une partie de plaisir pour curieux ou curieuse en quête de frisson. Bonne toile !
« C’est une très belle chose de ne pas supporter l’injustice. C’est juste ! »