Les algues vertes, +++++

•Sortie France le : 12 juillet 2023
•Synopsis et bande-annonce : lesalguesvertes (via Haut et Court/YouTube)
•Chronique :

 

  •  Adaptation cinématographique de la bande dessinée « Algues vertes, l’histoire interdite » d’Inès Léraud et de Pierre Van Hove, parue en 2019, qui fut inspirée par de faits réels. (Pas lu) –

 

Un truc dysfonctionnait — La Bretagne et sa face obscure — LE journalisme d’investigation …

Portrait robot du H2S, avec des explications sur ce gaz provenant des « algues vertes en putréfaction qui tuent » , film technique, thriller social, sociétal et politique, Les algues vertes est un film où le terme « omerta » prend tout son sens !

« Briser la loi du silence en Bretagne »
Les algues vertes, je n’ai pas lu la bédé, mais j’ai entendu parler de l’affaire dans les médias, et je dois avouer que malgré la gravité des faits, cette présente adaptation des faits de ce rififi et hécatombe en pays breton a été dans l’ensemble passionnante à regarder, bien que la désolation et la colère faisaient partie du ressenti.

On voit et comprend vraiment qu’il y avait, qu’il y a toujours une région divisée en deux, qu’en surface, tout le monde cohabitait, cohabite parfois de façon forcée, parce que les ultras fiers de leur région imposent leurs règles à toutes et à tous, quitte à ce que la situation ressemble à du suicide collectif ou à une attitude kamikaze.

Aurait pu être affublé du titre de l’émission : « Les chroniques bretonnes » qu’Inès Léraud réalisait, Les algues vertes nous offre à voir ou plutôt décortique une affaire.
Des portraits en tout genre, des mises en garde de tout genre, des rencontres de tout genre, des adversaires de tout genre, avec son récit qui donne des frissons, la belle Bretagne qui est sur-protégée par les personnes qui exploitent ses terres et semblent trop le faire, ce biopic écorne l’image de la région, mais cela n’est pas fait à mal, bien au contraire…enfin, le point de vue dépendra de quel bord on est.‎

Ne se contente pas de raconter une affaire, il donne une visibilité aux personnes qui ont vécu et vivent une sale histoire en un lieu. Et comme partout, on voit que le Breton est multiple, les portraits sont bien variés, beaucoup sont très plaisants faisant que sur le moment, cela réconcilie avec l’image de pays fort et accueillant que l’on en a.‎

La Bretagne ?…dans ce film‎, et bien c’est parti, je prends un petit risque !‎
// La Bretagne et son côté pile :
-Un beau pays lumineux, riche de tant de cultures, accueillantes même quand au premier abord cela ne semble pas être gagné d’avance, des lieux multi-facettes dont on tombe vite sous le charme.
// La Bretagne et son côté face, ici celui du monde agricole breton :
-L’histoire de l’agriculture qui se fait bouffer par le capitalisme, les effets d’un système, comment la Bretagne en est-elle arrivée là ?
-‎L’agriculture industrialisée et pilotée aujourd’hui par les coopératives comme la FNSEA (leur poids, leur influence très puissante…).
-Agriculture bretonne et ses conséquences sur l’environnement, sujet très explosif, donc clivant.
// L’affaire des algues vertes en Bretagne :
-Mise en lumière des personnes concernées : des portraits très humain qui contrastent avec la froideur capitaliste de cette économie.
-Les intérêts financiers et politiques avec une excellente mise en lumière de la façon dont s’effectue la pression quand on tape trop sur un système bien protégé ; Le comment on étouffe la vérité ou juste la recherche de celle-ci ; Le politique qui a le cul entre deux chaises.‎
// Sujets attenants :
-Montre avec brio le métier de journaliste d’investigation. En un propos, un instructif distinguo nous est offert : ‎« Les journalistes nationaux savent rien mais peuvent tout dire. Les journalistes locaux savent tout mais ne disent rien »‎ ; Montre qu’il faut vraiment aimer ce métier pour l’exercer.
-N’oublie pas d’évoquer la vie rurale en mettant bien en avant ‎la situation de l’entre-soi : Village à la promiscuité exacerbée pas vraiment prompt au déliement des langues par peur du rejet.‎

« Un élu de la République est amené à gérer des intérêts contradictoires. »
Une diatribe à l’encontre d’un modèle soutenu par l’État sous influence de puissants lobbies locaux, Les algues vertes présente « une guerre économique » dont les victimes innocentes ne sont pas reconnues, car cette guerre jugée nécessaire par les intéressés n’existe pas au yeux de l’État ou plutôt, Il ne veut pas la voir. Gros paradoxe !

Un film hautement engagé car politique au final, il met grandement la lumière sur les conditions de vie des agriculteurs.
Un éloquent face-à-face durant lequel ce qui est dit semblait si juste à l’époque et semble l’être encore aujourd’hui, La FNSEA prend cher. Cet instant – une scène courte et intense – du film, c’est comme se prendre sur la joue une grosse main plate ou un crochet du droit. J’ai été marqué par sa violence…verbale.

Saisissant tout du long, porté les actrices Céline Sallette, Nina Meurisse et Julie Ferrier, l’ambiance oppressante pour faire vivre la tension dans cette affaire se ressent tout du long.
Les algues vertes fait partie de ces films qui contribuent à instruire le public et c’est pour cela que je le préconise malgré le fait qu’il ne soit pas un coup de cœur.
Excellent thriller engagé, il fait comprendre bien des choses et on ne pourra pas, ni plus dire que l’on ne savait pas. Bonne toile !

 

 

« C’est hautement politique »

« Ici l’agro-alimentaire, c’est un État dans l’État »

« Ne vous avisez pas de détruire notre belle région. L’agriculture, c’est ce qui nous fait vivre »

« Il y a du mépris de l’ouvrier dans l’accident du travail »

« Un élu de la République est amené à gérer des intérêts contradictoires »

 

 


 

@cineprochereviews