La zone d’intérêt, +++++ ♥♥

•Sortie France le : 31 janvier 2024
•Synopsis et bande-annonce : La-zone-d-interet-vostfr (via Bac Films/YouTube)
•Chronique :

 

– Film inspiré de faits réels –

 

Un lancement de film qui pose des grandes bases côté ressenti pour ce qui va suivre Un homme qui… Des plans quasiment tous absorbants quand ils ne sont hypnotiques …

Limbes/Purgatoire : Endroit, état ou sort incertain, flou / Lieu ou temps d’épreuve (cf/ Wikipédia)
Austchwitz : Le plus grand complexe concentrationnaire du Troisième Reich, à la fois camp de concentration et centre d’extermination (…) en raison de sa taille, Auschwitz est considéré comme le symbole des meurtres de masse commis par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale et plus particulièrement comme celui de la Shoah, au cours de laquelle près de six millions de Juifs furent assassinés.
Famille : Les personnes apparentées vivant sous le même toit et, spécialement, le père, la mère et les enfants.
Shoah : La Shoah fut l’entreprise d’extermination systématique menée par l’Allemagne nazie contre le peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale. Il conduisit à la disparition de cinq à six millions de juifs, soit les deux tiers des Juifs d’Europe et environ 40% des Juifs du monde. (cf/Wikipédia) / Pour les Nazis, cette funeste activité était un travail comme un autre, avec des objectifs et un rendement à atteindre.
Travail : Ensemble des activités humaines organisées, coordonnées en vue de produire ce qui est utile ; Activité productive d’une personne.
Juifs : Dans ce type de film, juste des chiffres et des quotas pour des bourreaux, un grand chiffre qui est 6 millions d’exterminés en Europe durant la Seconde Guerre mondiale.
Nazisme : Idéologie politique allemande nationaliste, dictatoriale, totalitaire, expansionniste, raciste et proche du fascisme, eugéniste qui a émergé avec Adolf Hitler en 1933.

Ambiance bucolique, champêtre, le farniente est présenté comme étant de mise. La vie qui suit son cours tranquillement pour certains, quand pour d’autres, quels autres !?
La Zone d’Intérêt, peut-on dire qu’il s’agit d’une interprétation du fameux : Ce que l’on ne voit pas n’existe pas ?

La Zone d’Intérêt, tout d’abord pour moi, on observe.
Le film pousse à l’observation permanente question de voir des détails permettant de comprendre l’anormalité dans toute la beauté d’un quotidien « banal » qui se veut « normal. » Barbelés, murs hauts, avions dans le ciel, uniformes, bah quoi ? Objets trouvés dans des vêtements de luxe dont la provenance est connue et que l’on s’accapare sans une once de compassion ou même l’esquisse d’un questionnement, c’est assez sidérant à voir et encore plus de se dire que cela se passait réellement de la sorte.
La Zone d’Intérêt, on observe aussi la froideur de propos lors d’une réunion d’hommes dans un salon, une scène qui n’est pas sans rappeler celle du film La Conférence.

Dans un film classique, le petit bruit de fond en basse fréquence, on n’y prêterait pas attention.
Dans un film classique, on ne serait pas offusqué par ces nombreux petits détails montrés de manière fugace en quelques toutes petites secondes ou en un plan éloquent.
Dans un film classique, on ne prêterait pas attention ‎à ce ciel aux nuages clairs, qui au fur et à mesure est envahi par des fumées sombres, tout comme on ne prêterait pas non plus attention à une eau clair qui s’assombrit‎. Non, on le ferait pas.
Dans un film classique, les échanges, surtout entre femmes, ne seraient pas aussi nauséabonds, mais d’une très grande banalité.
Dans un film classique, on trouverait le jardin sublime.
Mais nous ne sommes pas devant un film classique et le pire est que nous savons de quoi il en retourne, cela fait mal !

Énervant, enrageant, œuvre puissante dont l’ensemble est géré de main de maître, son contenu‎ révulse.
Voir tant d’ignominie qui pour celles et ceux qui la pratiquait, cela était leur vie, leur choix de vie, whoaw !
Je m’inquiéterais ou il faut s’inquiéter de ne pas ressentir ces sentiments devant ce type de contenu dans un film.

Un peu le Shining de la Shoah, un bon père – pathétique – de famille fait son job dans lequel il est totalement investi et est très ambitieux. Sa femme vénale vit vivait sa petite vie de bonne épouse et de bonne mère de famille qui entretenait la jolie maison faisant face à un grand incinérateur dont les cheminées crachaient du feu et les cendres d’enfants, de femmes, d’hommes juifs, parce que juives et juifs, leurs cendres se répandaient partout. Cendres qui au détour, étaient inhalées par les résidents du coin, donc par les Nazis et leur famille. Vous voyez le truc !?
Shining ? J’effectue cette comparaison, car l’impression que les personnages ici évoluent dans deux univers parallèles me fut forte.

C’est clinique !
Alternance d’instants légers qui dégoûtent avec de très graves mais courts instants, ‎ce film est peut-être l’un des plus efficaces pour comprendre la vie des Nazis durant cette période.
J’ai trouvé que le réalisateur ‎s’est permis le luxe de les humaniser en montrant quelques failles côté « santé mentale »‎ , car certains bruits et une odeur, surtout la nuit, étaient distinctifs et leurs étaient quand même pesants.

Les femmes, avec le portrait de cette femme incarnée à merveille par la désormais incontournable Sandra Huller,‎ en fait, les femmes dans leur confort, ce n’est pas la question.
Comprendre que la normalité n’avait de sens pour elle que si leur « espace vital » n’était pas menacé, le reste, surtout quand il s’agit de choix assumés effectués en connaissance de cause, là, il y a juste à constater.
Désolé, mais devant ce film, je comprends celles et ceux qui n’ont eu aucune compassion quant à leur sort pendant et à la fin de la guerre.
Montre que certaines, malgré leur confort, ne résistaient pas au fait de vivre si près de l’horreur qui leur était imposée, de fait, ce comportement de fuite montre-t-il à quel point les gens qui acceptaient de vivre à proximité du camp d’Auschwitz et de ses cheminées de hauts fourneaux vivaient dans du faux dédain car intéressés par le confort matériel offert, par des prestations qui les situaient dans un rang, avec un statut et une hiérarchie qu’en temps normal, ils n’auraient jamais pu y accéder ?

Montrer sans expliquer, faire comprendre sans avoir besoin d’expliquer comme avec ces amas d’objets derrière des grandes vitres qui m’ont fait beaucoup d’effet, La Zone d’Intérêt, des plans, des bruits, des sons, des contrastes, des détails, de l’horreur, de la banalité de vie, du mystérieux, de l’éloquent, du décalage, comme les habitants et habitantes nazis, mais aussi les autres, on sait sans le voir ce qui se passe‎ côté extermination.
Cet effroyable film rendrait presque inhumain certaines personnes de son public, tant tout du long, il donne envie de massacrer du nazi.

Donc, confirmation !
Et non ! Pas besoin de voir où d’entendre des actes horribles pour ressentir du dégoût ou de la colère.
La Zone d’Intérêt, comme le récent « Les Chambres Rouges, » sont deux parfaits exemples de films qui contiennent de l’horreur, de l’effroyable, de l’indicible, qui font leur effet sur le public, sans que pour autant, ladite horreur soit montrée de manière formelle. Tout s’effectue par le ressenti. Bon courage !

D’une certaine manière, le film fait un effet miroir. Effet recherché ou pas !?
En effet, avec tous les drames d’aujourd’hui, nous continuons à vivre notre vie tranquille, car cela ne se passe pas sous nous yeux. Mais pire ! Quand bien même que ce serait le cas, est-ce que l’on serait armé pour réagir dans un monde qui semble être désormais fait principalement de divertissement pour consommer, ou est-ce qu’on lutterait ?
Les réactions avec la guerre en Ukraine agressé par la Russie, une guerre sur le territoire européen au 21ème (après celle de la Yougoslavie au 20ème siècle) qui se déroule pas très loin de nous, mais aussi les réactions suite aux massacres perpétrés le 7 octobre 2023 par l’organisation terroriste du Hamas en Israël contre des non pas israéliens, mais des juifs ou personnes considérées comme juives car elles se trouvaient sur le territoire israéliens, témoignent de beaucoup de choses quant à l’acceptation des affres et horreurs‎ de la guerre de nos jours.
Il va falloir s’inquiéter de la chose, car il semblerait que tant que celles et ceux vivant dans leur petit confort ou comme le dit si bien le personnage féminin au bord de la rivière : dans « leur espace vital »,  ne sont pas trop dérangés, tout va bien !

Pour vous resituer, La Zone d’Intérêt‎ :
– Une vie de famille tranquille, des fumées, des nuances de gris pour des contrastes en tout.
– Il s’agit d’un film ingénieux ‎qui nous fait vivre, en nous positionnant en observateur, une tragédie humaine durant la funeste période que fut la Shoah.
– Sidérant, au-delà de voir l’indifférence affichée par celles et ceux qui savaient ce qui se passaient, car ils étaient là pour mettre en œuvre un macabre plan, c’est vraiment ce traitement de ladite indifférence en situation d’anormalité qui sidère, qui est marquant.
– Oui, un petit coin « calme » , des gens qui vivent tranquille leur quotidien d’une grande banalité, tandis que pas très loin, mais loin des leurs yeux et oreilles, d’autres vivent l’enfer, ce film montre et prouve que l’horreur a plusieurs facettes. Celle ici présentée interroge sur la faculté de l’Homme à être pire que l’espèce animale qu’Il a qualifié de sauvage quand Lui ne se gêne pas à être barbare.
– Il montre qu’une famille de nazis était une famille comme une autre, comme aujourd’hui, elle serait une famille comme la vôtre. Là, nous sommes à la limite de la mise en abîme avec une sévère critique sociétale.
– Exactions et cruauté au programme, mais l’humanisme n’est pas oublié avec les prises de risques nocturnes de la part d’une jeune fille, ces instants du film sont très particuliers, je pense que chaque personne les vivra différemment.

La Zone d’Intérêt. Film historique que je classe aussi dans la catégorie Devoir de mémoire est instructif‎ à toutes et à tous et cela à bien des niveaux. Dire qu’il est surtout marquant ne serait pas exagéré. Bonne t…Bonne séance !

 

 

« C’est notre espace vital »

 

 

  • p.s. :  Il y a un travelling en plan large : Il est Captivant ! Comme je le relevais au début, tous les plans dans ce film semble avoir un intérêt. Ils sont effectués comme pour produire un effet sur la personne qui les regarde.
    Mais que dire de ce plan large avec cet homme de dos en costume blanc qui regarde ses enfants jouer dans la piscine lors d’une journée qui semble être un dimanche pascal festif, alors qu’en fond, une fumée qui défile, nous permet de constater qu’un train passe par là et évidemment, vous et moi savons de quoi il en retournait.
    Pour conclure, j’ai apprécié de me dire qu’avec toutes ces particules dans les fumées que respiraient les Nazis sur place, d’une certaine façon, les morts juifs les ont parfois puni.

 

 


 

@cineprochereviews