•Sortie France le : 22 août 2018 // Vu le : 11 septembre 2018 •Synopsis et bande-annonce : blackkklansman-vostfr (via Universal Pictures/YouTube) •Chronique :
— Entrer dans la Police, mais quelle riche idée de la part de ce jeune homme, et que dire de son culot – « Basané » – Il en voulait le gars et pourtant ce n’était pas vraiment des « Happy days. » —
Vous connaissez l’histoire de la création de la richesse des États-unis, ce continent devenu riche au prix de tant de sacrifié.e.s, mais aussi les événements du 12 août 2017** !? Spike Lee avec ce film parle de l’ancienne et de l’Amérique actuelle. Vous aurez deviné que le constat est sans appel.
Basé « Sur des putains de faits réels » comme il est si bien dit dans la bande-annonce, oui, BlacKkKlansman est un film « bordel de merde » qui à l’image de son personnage principal est fait, est présenté avec un culot WFT et un horripilant second degré de dingue.* Côté ton, c’est sans filtre et cela chatouille l’ouïe.
Ce film, c’est un peu Spike Lee qui fait du Tarantino mais avec moins de gratuité côté insultes, donc avec plus d’intelligence…cela se ressent. Il arrive à faire cohabiter humour noir et gravité sans une once de doute, cool attitude et sobriété, pathétisme transpirant du ridicule de certains faits face à une idéologie juvénile pleine de bonne volonté. Il y a beaucoup de contrastes, plein, plein, plein !
Si vous accrochez à cette terrible intro qui fait passer les États-Unis d’Amérique pour un pays de peureux et de paranos, vous n’aurez pas de mal avec la suite. Pour information, ladite intro est faite par un Alec Baldwin que vous n’arriverez pas à détester, et c’est comme ça.
Toutes les scènes, mêmes sérieuses, sont sujet aux rires car il y a toujours un truc qui déconne.
Funky, groovy, jazzy, tantôt léger et fort, tantôt cruel et sérieux, triste de bêtises, ce film allie cool attitude et histoire dramatique qui mal gérées, auraient été une catastrophe. Ici, c’est impec !
Attitude, langage, acteurs mais surtout un acteur qui confirme l’adage : « Les chiens ne font pas des chats » , le fiston Washington assure.
Dans ce film bien dans l’air du temps, il faut apprécier les gros plans fixes façon « Live Photo » avec des contrastes type portraits Studio Harcourt, sur les visages des beaux Êtres noir.e.s que vous offre Spike Lee. Il s’en dégage une force tranquille pour ne pas dire qu’il en fait des faux anges, tant une grâce spirituelle émane d’eux. La photographie lors de ces plans est sublime !
Dans l’air du temps aussi quand le fameux : « ils nous abattent comme des chiens dans les rues de ce pays » retentit, Spike Lee n’oublie pas de faire de la politique avec son nouveau film qui prouve une nouvelle fois à quel point l’ignorance et la bêtise sont deux fléaux, mais aussi que dans cette « Organisation » , il y avait des hommes et des femmes pas très net.te.s dans leur tête ou parfois pardonnables, car la cupidité semblait habiter ces dernières.
En effet, au sein de cette dite « Organisation » , quid de la place de la femme. Ce biopic montre qu’elle ne valait pas mieux qu’un noir, juif, communiste et homo aux yeux de leur.s membre.s . Là encore, l’Homme blanc, le Mâle blanc, les affaires c’était leur affaire, les affaires de l’Homme Blanc… »pure race. » Mouais mouais !
Captivant de bout en bout, ce biopic très politique dans le fond est un film sérieux qui vous remet en question, une comédie qui vous détend et aussi un bel hommage à la Blaxploitation.
En fait, BlacKkKlanman est au-dela du biopic, c’est un film sur les États-Unis d’Amérique tout court, la « Grande Amérique First. »
Petit doute ! Des propos sortant de la bouche de certains membres de « L’Organisation » et qui aujourd’hui sont prononcés par le Président Trump. D’où vient quoi, propos comme chronologie ?
Conte d’actes sauvages et historiques qui vous coupe toute envie de rire et donne des nœuds au ventre versus récréation et propagande festive, très contrastés encore tout ça. Putain ! Quand Spike Lee s’y met, le public prend cher. Le parfait exemple demeurera l’opposition des discours qui est forte, bien vu, car c’est pertinent et éloquent.
Aux questions : « Comme pour le flic qui était physiquement infiltré et qui a eu une crise existentielle en se rendant compte qu’il était vraiment juif, ce après avoir entendu tant de propos antisémites, est-ce qui a poussé ce policier noir à prendre une telle initiative, chose que les réunions pro-noirs n’arrivaient pas à faire ?
Concrètement, le fait de subir et d’entendre des propos et des appellations rabaissantes fait-il prendre conscience de ce que nous sommes réellement, ce que nous représentons aux yeux de certain.e.s ?
Dans son film, Spike Lee ne nous confirme rien, mais cela peut se deviner.
Comme dans Get Out où on nous montrait des blancs qui s’introduisaient insidieusement dans le corps des noirs, chose bien flippante, dans ce film, quand un blanc tente de devenir noir, c’est limite ridicule, car on voit comment l’inverse est facile, du fait que l’un ait sérieusement étudié l’autre, même mieux ceux de sa propre ethnie…question de se distinguer.
Où la parole des orateurs noirs de l’époque faisait peur aux autorités, ce sont celles de certains blancs d’aujourd’hui – surtout au niveau politique – qui font peur, car le contenu de leur discours ne semble pas avoir évolué.
Ce film à différents sens de lecture est à voir, à se procurer dès sa sortie et peut servir d’outil pédagogique, tant son fait historique et la leçon de filouterie sont bien présenté.e.s. Valable aussi à ceux qui veulent comprendre ce qu’est le toupet. Bon ciné !
- *What The Fuck !
- **Événements du 12 août 2017 : Drame lors de la Manifestation « Unite the Right » à Charlottesville.
- Adaptation cinématographique du livre « Black Klansman » (2014) pas lu, qui relate l’infiltration du policier Ron Stallworth au sein du Ku Klux Klan.
- p.s : Il est plus plaisant de voir Adam Driver dans ce type de rôle que dans celui d’un young adult voire ado psychologiquement instable, comme il a joué dans les deux derniers et futurs épisodes de Stars War.