De cendres et de braises, ++++

•Sortie France le : 25 septembre 2019 __ Vu le : 5 novembre 2019
•Synopsis et bande-annonce : decendresetdebraises (via Docks66/YouTube)

Chronique :

 

Un choix de ton — Un choix d’ambiance — Un choix de présentation _

Les logements de banlieue. Leur raison d’être dans les années 60, leur raison de ne plus être au 21ème siecle… et pourtant.

Usine Renault-Flins aux Mureaux, proche d’elle car conçue pour elle et ses ouvriers à l’époque : une ville (les Mureaux) et ses cités avec ses habitants, le combat de ceux qui vivent ou/et qui y travaillent, des récits de vie.
Docu-film ou film-docu, cette œuvre hybride raconte‎ le passé et le présent d’un lieu à différentes époques, la vie dans une cité des Mureaux, une ville de la banlieue du Grand Paris, une ville de banlieue qui peut être prise comme exemple quand on évoque tant d’autres.

Des plans sur des fenêtres, un quartier en « rénovation » qui grouille de vie malgré le délabrement et l’austérité de certaines constructions, on y voit aussi des anciens travailleurs immigrés et leur descendance qui aimerait sortir de cette spirale infernale qu’est le fait de naître dans ce type de banlieue et de ne se voir  offrir que très peu d’alternatives pour aspirer à un avenir meilleur : De Cendres et de Braises.

Mon dernier propos, la réalisatrice l’a très bien retranscrit dans son recueil de récits de vie.
En effet, quand on écoute la perception de la génération d’aujourd’hui sur un travail à la chaîne à l’usine, mode de travail et lieu qu’elle dépeint, cette génération constituée de jeunes – « les sans diplômes » comme ils s’appellent, alors qu’ils en ont et ils le disent si bien – l’effectue parce-qu’ils n’ont rien d’autre. Jadis, il est vrai que leur parents le faisaient sans broncher, mais pour autant, ces jeunes de la génération d’aujourd’hui, celles et ceux qui savent que pour leurs parents, à cette époque là, c’était une chance pour eux les immigré.e.s d’Afrique Nord, cette chance là, ils n’en veulent pas, ils veulent mieux.
Bien évidemment, ces jeunes femmes et hommes savent que oui, en ce temps-là, l’Européen allait chercher des immigrés africains pour renforcer ses unités de production quand les immigrés italiens et portugais ne suffisaient plus, mais qu’aujourd’hui, Il n’en a rien à faire de leur descendance, de celles et de ceux né.e.s sur le sol français que l’on désignent toujours par un : français.e.s d’origine de.
Toujours avec ce qui semble dominant dans son dessein, la réalisatrice trace des constats tout du long de son film et ‎on comprend mieux parfois le ton noir et blanc. On écoute attentivement certains récits qui parfois sont touchants, surtout celui d’un homme qui sait faire des feux – mais pas des criminels – qui est très enrichissant.

Intelligence et désabusement de jeunes qui se perçoivent dans leurs propos, vous apprécierez leur lucidité ainsi que le fait que s’ils étaient devant une étude de cas avec pour sujet les politiciens et bien, vous ne seriez pas surpris s’ils obtenaient tous 20/20, tant ils semblent trop bien les connaître.
Images d’archives comme genèse pour expliquer le résultat désastreux de politiques ou de non politiques de la ville, sans effusion, tranquille, la réalisatrice nous captive avec son recueil* de récits de vie des habitants et des travailleurs d’hier, qui eux, résident toujours dans des logements qu’ils étaient censer quitter après, car devaient repartir aux pays.

De Cendres et de Braises ! Bonne surprise pour moi, mais deux regrets toutefois : Le fait qu’il n’y ait pas plus de présence féminine et de diversité. J’entends déjà des nationalistes ou des pseudos politiques relever cela. Mais que suis-je con bête ! La culture ne semblant pas être leur tasse de thé, très peu de chance donc qu’ils aillent au cinéma pour voir ce type d’œuvre.
‎Trois plaisirs :‎ La langue française et la culture plutôt à l’honneur ; Que la victimisation ne soit pas le cœur même de ce film ; Les plans de nuit : gros coup de cœur pour eux.
Un constat. Esclave. Ce qualificatif revient souvent dans ce docu-film. Bonne toile !

 

 

« La résistance, cela se gagne millimètre par millimètre »  

« Délinquants et trafiquants = Résistants économiques. »  

« Intérimaires. Esclaves des temps modernes. » ‎

 

 

  • *Car pas d’interaction verbale avec celles et ceux qu’elle filme.

 

 


 

@cineprochereviews