J’accuse, ++++

•Sortie France le : 13 novembre 2019 __ Vu le : 19 novembre 2019
•Synopsis et bande-annonce : jaccuse (via Gaumont/YouTube)

Chronique :

 

Un casting à la hauteur du contenu — Une réalisation à la hauteur du sujet — Un film qui risque de réveiller des démons, notamment chez les nostalgiques de la splendeur d’antan de la France, mais aussi de diviser 

 

– « Ce sont eux les chefs, nous suivons leurs ordres. Sans eux, nous ne sommes rien.
Ils ordonnent, nous excécutons, qu’importe les erreurs qu’ils commettent. » –

 

5 janvier 1895. ‎Dreyfus Alfred. Au nom du peuple français.
J’accuse, c’est une première scène des plus saisissantes qui débouche sur un, excusez du terme, passionnant récit dont le contenu est riche et saura contenter beaucoup.‎
Très vite, on y voit le français d’antan, les méthodes d’espionnage d’antan, la France d’avant 1914 qui fait constater que l’Allemand n’était apparemment pas le seul traqueur de personnes juives et que la participation de certains de ses hauts placés militaires durant la Seconde Guerre mondiale avaient des antécédents ou des exemples.
Bon en gros, allez savoir pourquoi LE juif fait peur à tous !? Ce constat est flagrant surtout quand vous n’êtes pas féru d’histoire et qu’en vous y intéressant dès lors ne serait-ce qu’un peu, tout vous donne l’impression qu’ils ont été désignés pour morfler sur X générations.

J’accuse est plus qu’un film sur une erreur judiciaire historique. Vous ferez aisément le constat qu’il est sur… La France. Oui, la France, la France et ses juifs, la France et ses étrangers, la France et ses divisions, la France et ses contrastes, la France et ses Histoires, bref, une France qui ne semble guère avoir beaucoup changé en ce 21ème siècle, tant les mêmes thématiques sont inlassablement ressassées dans les médias. Ce constat est d’autant plus désolant que récurrent à force, car il y a d’autres items ces temps derniers qui auraient besoin que nous leur consacrions notre énergie. Passons !
Avec ce film, vous ferez aussi le constat qu’il est toujours compliqué, encore aujourd’hui, de réparer une erreur judiciaire, encore plus quand elle est militaire, surtout si celle-ci touche des membres de son corps et pas n’importe lesquels.

L’affaire Dreyfus ! Complexité en tout. Une affaire dans L’affaire. L’histoire d’une Erreur historique, une erreur qui avant qu’elle ne devienne historique rongeait puis hantait un homme, après qu’il ait compris qu’il avait participé à ce qui s’était produit.
L’affaire Dreyfus ! Honneur bafoué d’un homme par une machination parce que juif.‎
L’affaire Dreyfus ! La mise à l’écart d’un gêneur, la chasse à l’homme d’un homme intègre. Le temps passe, mais les méthodes demeurent identiques pour ne pas faire vaciller le système, surtout quand cela touche en haut lieu.
L’affaire Dreyfus ! ‎Sale boulot, rouleau compresseur, obsession à tous les niveaux du corps militaire du juif.
J’accuse, un sacrée cours d’Histoire qu’est ce thriller politique français couillu‎ sur une affaire politique sociale et sociétale qui avait marquée le pays, la marque encore aujourd’hui et espérons-le, continuera, car il le faut, il ne faut pas oublier ce genre d’actes !

Certains qualifiaient l’humiliation publique de ce militaire – à qui on enlevait ses armes – de « Spectacle historique. » Si Roman Polanski l’a reconstituée telle qu’elle fut décrite, alors oui, vous constaterez que le capitaine Alfred Dreyfus a bien été une bête de foire pour les frustré.e.s et haineux parisien.ne.s de l’époque.
Il se dégage de cette mise scène du passé comme une similitude avec la décapitation du Roi Louis XVI (dixit le film Un Peuple Et Son Roi). Le peuple français semble aimer ça le lynchage, l’humiliation, la mise à mort sur la place publique, ou est-ce tout simplement la nature profonde humaine de toujours avoir besoin de quelqu’un au plus haut sommet à humilier publiquement. Cqfd !

Autant l’entrée en matière dans ce film était saisissante et dramatique, autant son procès de fin est captivant même si c’est un peu navrant côté comportement.
Donc J’accuse ! Public ! Si vous pouvez faire abstraction de la polémique sur l’homme, le réalisateur a produit une œuvre qui vaut vraiment le détour. Bon après, si vous ne pouvez vraiment rien faire contre votre aversion viscérale envers Roman Polanski et que vous ne voulez pas l’enrichir en dépensant de l’argent pour regarder ses films et que le sujet de « l’Affaire » vous passionne, je ne m’inquiète pas quant au fait que vous trouverez un moyen de voir cet excellent film qui est une belle reconstitution amenant encore une fois cette question : « La Conscience est-elle compatible avec le Devoir ? »
Bonne séance !

 

 

« La vérité et la justice, c’est le meilleur moyen de servir son pays »

 

 

 

  • Titre du film tiré de l’article intitulé « J’accuse » rédigé en 1868 par Émile Zola au cours de l’affaire Dreyfus. Il s’agit d’une charge médiatique qui révèle le comportement de beaucoup de Hauts placés politiques et militaires en lien avec l’affaire Dreyfus.

 


 

@cineprochereviews