Mignonnes, +++-

•Sortie France le : 19 août 2020 __ Vu le : 4 septembre 2020
•Synopsis et bande-annonce : mignonnes (via Bac Films/YouTube)

Chronique :

 

Dévergondage versus us et coutumes — Culture versus passion — Bienveillance versus œillères

Avec son titre que l’on peut considérer à double sens de lecture, Mignonnes, selon le degré de maturité intellectuelle et cérébrale des personnes de son public, il sera plus ou moins bien perçu et compris, mais assurément, il y aura divergence sur son contenu ou/et sur sa forme aussi !

Premier constat. La réalisatrice nous offre un regard probablement inédit sur la vie des femmes sénégalaises en banlieue parisienne, celles seules avec leurs enfants et qui doivent composer avec les spécificités de coutumes qui leur tombent dessus.
Second constat. Elle nous propose aussi un focus sur certaines ados dans ce monde hyper-connecté et dans lequel la gente féminine à tous les âges est hypersexualisée, monde où la banalité de certains actes et images tellement répandue, fait que celles et ceux qui y sont soumis.es s’oublient, faute de prise de recul liée à leur immaturité.‎
Troisième constat. Elle nous entraine bien sur le terrain de la perception, la leur, la nôtre, car elle développe beaucoup le second constat, certes pas de manière frontale, mais avec la dose qu’il faut pour percevoir sa volonté.
Donc oui, les adolescentes influencées par ce que font les grandes surtout côté danse, mode et apparences physiques, Mignonnes montre les conséquences des actions des influenceuses d’aujourd’hui. Certes, la reproduction de ce que font les adultes quand on est enfant ou ados ne date pas d’hier et à même toujours existée, mais la problématique du contexte pudibond à l’extrême où tout semble désormais être pris au premier degré change des regards sur des innocentes qui profitent ou ne demandent qu’à tranquillement profiter de leur vie.

Religion musulmane ou d’un tout autre culte religieux fort incompatible avec certaines attitudes, du coup incompatible avec la volonté d’émancipation hors sérail traditionnel pour certaines ; ‎La pression sociétale ; La pression du quotidien où il est acté que ton apparence montre qui tu es, détermine ta place parmi les autres ; ‎La pression que se mettent les pré-adolescent.e.s pour faire partie d’un groupe ; La pression familiale ; Le poids des traditions. La réalisatrice évoque tout cela dans son film, évoque cet environnement qui devient de plus en plus hostile à l’épanouissement individuel, qui laisse croire que la vérité est dans ce que l’on voit qui est ce qui est érigé comme une norme pour tous, une vérité établie qui ne comporte pas d’astérique d’avertissement, de mise en garde, une mise en garde que seuls les garde-fous que sont les parents mettent en place, mais aux deux conditions que lesdits parents ne soient pas eux-mêmes en perdition et portent une véritable attention de bienveillance à leur.s enfant.s.

Mignonnes, c’est une jeune fille qui part dans un dérapage incontrôlé avec une transformation qui lui fait trop prendre la confiance et qui ‎lui donne envie de trop vite devenir non pas une grande mais une aventurière à qui il n’a pas été donné de mise en garde.
Mignonnes, c‘est aussi des innocentes qui sortent de l’enfance, qui vivent leur vie, qui font des bêtises jusqu’au moment où elles se prennent en pleine face le mur de la prise de conscience qui fait sentir la répercussion des actions et actes qu’elles commettent. Ce film est sans équivoque un reflet du lien brisé avec leurs parents d’ados qui se cherchent.
Ici, elles ont entre 11 et 14 ans et des scènes, dont une avec un truc en sillicone rose, surtout la chute de cette scène, vous le rappelle assez efficacement.
Mignonnes est comme un rappel à l’ordre destiné à tous du type : « Filles, toutes espiègles qu’elles soient, avec leur caractère bien affirmé et leurs postures qu’elles prennent… ainsi que certains vêtements qu’elles portent ne font pas d’elles des femmes. Petites elles sont et qu’il faut toujours voir comme des petites quel que soient les tenues qu’elles portent et attitudes qu’elles adoptent comme la reproduction de danses et leurs mouvements osés provenant de clip vidéo qu’elles trouvent IN, elles peuvent et ont aussi le droit de se perdre, mais pas VOUS adultes dont les jugements et réactions sont parfois improductifs ! »

Mignonnes est un film citoyen et qui sans le crier tout haut est une œuvre sociale qui agit sur son public, ce jusqu’à le mener à se poser des questions dont celle-ci :
« Qu’est-ce ou plutôt qui a changé en ce 21ème siècle !? » Le monde qui a « tranquillement » toujours utilisé la sexualisation des jeunes filles ou/et notre regard plus du tout objectif et influencé par ce nouvel ère pudibond qui a réussi à faire de sorte que l’on ne perçoit plus que cela.
Bien trop tôt regardées comme des femmes – perturbateurs endonctriniens se faisant – les pré-ados et ados d’aujourd’hui sont toujours les innocentes enfants, gamines, grands bébés d’hier. Sauf qu’à la différence d’avant, pour exemple, des ados qui portaient un petit short en jean plutôt très court n’étaient pas considérées comme des jeunes filles indécentes, mais comme des jeunes. Je peux me tromper !

Entre devoir et envie de liberté de certains de ses personnages, le film évoque aussi la transmission, la responsabilisation, les valeurs, l’éducation et le respect.
Avec ses nombreuses thématiques qui se perçoivent facilement, Mignonnes n’existe pas pour nous faire la morale. Il est un film qui parle des choses de nos jours, il le fait sans racolage, s’efforce d’être dans la justesse pour évoquer les filles, les femmes, les parents, les mères, les mamans.
Le rendu intimiste de ce récit ne donne jamais dans la caricature. Oui, il y a du cru, de la cruauté, du désolant et tout à l’écran pousse le public à se rendre compte de l’influence de certains objets comme le smartphone qui véhiculent du contenu sans filtres, qui rendent dépendants, qui font oublier les réalités de la vie, la vraie vie, celle où les personnes sont dans votre environnement, les mêmes à qui on pense que leur livrer virtuellement notre intimité sera sans conséquences.
Dans ce film où l’on s’attache aux personnages que sont les grands bébés, les pré-ados qui vivent sous les influences de notre époque et dont les bêtises – petites comme grandes – ne changent pas, ‎le plus beau et plus touchant personnage pour moi est : La mère, cette femme qui en une phrase très contextuelle ne calme pas que sa fille : « Tu sais ! Toi, tu n’est pas OBLIGÉE d’y aller ! »
Bonne séance !

 

 

« Tu feras tout pour soutenir ta maman. Tu feras tout pour faire plaisir à ta maman »

 

 


 

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