•Sortie France le : 21 juin 2023 •Synopsis et bande-annonce : il-boemo-vostfr (via Nour Films/YouTube) •Chronique :
Parle de la création musicale récitative — Parle d’une époque — Parle de la passion, la dévorante, la consumante …
Amatrices et amateurs du chant lyrique, ne vous privez pas de ce film. C’est un plaisir à vous offrir, mais, pour que celui-ci soit complet, faites l’effort de le voir en V.O, il n’en sera que plus grand !
Venise 1765, Rome 1781. La période du siècle des lumières qui a vu l’ascension et la chute de Josepf-Giuseppe-Myslivecek, un homme et un créateur, un génial compositeur tchèque venu trouver la gloire à Venise.
Il fut très encouragé pour y parvenir, à une époque où être soutenu se méritait vraiment, car la facilité de se faire connaître ou d’être diffusé en masse n’existait pas.
Réticent à aller voir ce film auquel je préférais Asteroid City, quelle bêtise j’aurais fait ! Car comme avec Jeanne du Barry, la surprise fut !
Plaisir auditif, plaisir visuel (habits, corps lors des soirées de « divertissements »), les femmes (leur visage, traits de caractère bien distincts, les différents portraits de femmes sont très éclectiques, mais leur rapport avec les hommes est montré comme toujours complexe, leur condition de l’époque qui n’a guère changé à ce jour, juste un peu évoluée), pour entendre la langue française qui en ces temps était la langue de référence au sein du milieu bourgeois, déjà à ce stade, le contenu du film : Un régal !
Mais avec les focus sur ladite bourgeoisie et leur comportement, sur le monde des mondains avec les femmes qui semblent ne jamais y trouver leur compte, les convenances et les précieux conseils pour y survivre quand il n’est pas le vôtre, découvrir des lieux d’une Venise secrète, lieux connus des initié.e.s dont seul un masque les cachait de qui elles et ils étaient…quand ces personnes en portent, focus sur une époque et un milieu où un étranger rendait plus curieux que faisait peur, Il Boemo, l’instant cultive, rend curieux, désole parfois, donne assez envie… parfois aussi.
Pas de longueur, beau récit, attractif, immersif parfois comme lors d’une représentation à la belle musique et au chant habité où soi-même du public, on pousse aussi un ouf soulagement, ou, durant une autre très profonde qui rend hommage à une amie perdue, dans l’ensemble, ce film qui est riche en sujets – comme cette rencontre avec un certain Wolfgang Amadeus Mozart qui était un grand fan – est fait pour donner du plaisir à son public sans à aucun instant lui prendre la tête.
Mais aussi comme un rappel, il montre que les succès se défont aussi vite qu’ils se font, un classique en somme.
Il Boemo est un bel hommage à un homme qui a été un grand musicien très créatif, très acclamé et réclamé après beaucoup de galères, rend un grand hommage à cet art qu’est l’opéra, rend hommage à une époque et à son élégance, et bien sûr à des femmes, à beaucoup de femmes. Ici, elles ont des traits de caractères diversifiés, elles sont sublimées, elles incarnent le fameux : « Derrière chaque grand homme se cache une femme » que je me permets d’adapter au film de la sorte : « Derrière la réussite et la grandiloquence de certains hommes, il y avait toujours une grande femme – voire plusieurs grandes femmes -, mais pas toujours une grande femme heureuse. »
« La noblesse est un leurre,… »
La tirade qui la juge est courte mais limpide.
Un entretien avec une Majesté incarne le propos, donc concentrez-vous, et bonne toile !
« Chaque jour qui passe nous apprend à vivre »
« Viser le meilleur peut conduire au pire »
- p.s : Coup de cœur pour les personnages de la cantatrice Caterina (Barbara Ronchi) et de la marquise (Elena Radonicich).
Très gros coup de cœur pour le personnage d’Anna (Lana Vlady), pour tout un ensemble qu’elle incarne.