Les Herbes Sèches, +++

•Sortie France le : 12 juillet 2023
•Synopsis et bande-annonce : lesherbesseches-vostfr (via Memento Distribution/YouTube)
•Chronique :

 

 

Ados — Adultes — Deux mondes et une frontière à ne jamais négliger, encore plus aujourd’hui …‎

Rivalité aveugle et surtout puérile – par manque de recul – d’un personnage à deux visages que l’on voudrait trouver sincère, mais dont le comportement ambigu fait passer pour un fourbe, Les Herbes Sèches dont la durée annoncée de 3h17 pour un film dramatique en refroidira plus d’un, contient des éléments qui ne m’ont pas trop fait regretter son visionnage.

Un village, isolation, entre-soi, accusation, opprobre, calomnie, dissensions, jalousie, un beau manteau blanc neigeux‎ et le fameux : « Il n y a pas de fumée sans feu » , ‎en font le succès de ce film c’est ça !
Il comporte tout un ensemble qui remémore la singularité du marquant et primé récit Le Ruban blanc. J’appuie le propos en relevant que dès son lancement, c’est ce manteau blanc neigeux qui a activé ce ressenti en moi.
‎Ajoutez à ces éléments une ‎vengeance d’ado car blessée, la montée graduelle de la tension en situation de crise, un milieu clos (une grande partie du film se déroule au sein d’un collège dans un village isolé), une intelligence dans le récit et de sa présentation, et en effet, le constat d’une forte similitude avec Le Ruban blanc ne peut qu’être établi.

Les Herbes Sèches ?
Je retiens les séquences des portraits photos. Très belles, car elles subliment le lieu et les sujets.
Je retiens la tension durant les instants de dissensions. À chaque fois, les voix qui s’élèvent relancent l’intrigue. Comme un curseur.
Je retiens le touchant portrait de femme. À travers celui-ci, sont évoqués les sujets sociétaux inhérents à la Turquie moderne, le handicap physique au féminin, leur indépendance.
Je retiens la mélancolie qui s’en dégage. Celle-ci est incarnée par deux personnages masculins, de deux générations différentes.
J’ai aimé ses paradoxes. Il y a cette force du film qui parvient à nous faire oublier la rudesse du lieu grâce au fait qu’il sublime ces mêmes lieux à travers des plans sur ses vastes paysages et étendues. Il y a cette manière d’‎évoquer des sujets graves tout en donnant l’impression que tout va bien, que c’est juste la vie des êtres humains, que ce qui est montré fait partie de tant d’autres.‎
J’ai aimé cette mise en abîme. Celle de la perte de contrôle d’une personne à l’autorité légitime contrariée, le récit de ce film dépeint très bien un comportement, oui, il décrie cel‎ui de la nature masculine blessée dans son orgueil et son estime.‎
J’ai apprécié cette perception d’équilibre faite de deux trios : Trois grands personnages et trois grands thèmes (lieux, histoire humaine, accusation).

Herbes sèches comme pour herbes insignifiantes, métaphore du temps qui passera*, bilan !
Les trois heures dix sept passent bien, car les nombreux longs échanges – dont les sujets souvent nous impliquent – créent une sorte d’ambiance nous amenant à vivre l’instant, cela, comme s’il s’agissait d’un récit qui ne passe pas sur un écran, mais qui se déroule devant nous, cela aux sens propre du terme.

Malgré toutes mes louanges, mon ressenti est faible, mais mieux que pour Le Ruban blanc. Ceci est tout simplement dû au fait que je n’ai pas ressenti une émotion particulière, pas d’émotions tout court devant ce qui m’était présenté. Bonne toile !

 

 

  •  * Je ne l’invente pas, c’est un peu le propos du personnage principal dans un instant introspectif.

 

 


 

@cineprochereviews